5 août
2022

Les règles, c'est surfait

Mino Masaki

Une raison peut-être pas, mais c'était un point de départ. C'était agréable, et son père aurait détesté ça, deux raisons de continuer. Plus on tentait de lui interdire, plus elle avait envie de le faire. Pour l'instant, sa mère n'avait rien dit à ce sujet, à supposer qu'elle soit au courant. Probablement pas, à bien y réfléchir. Elle n'avait jamais fumé devant elle.

D'un autre côté, la miss n'avait pas tort, il y avait sûrement plus efficace comme calmant, et moins dangereux. De toute façon, elle n'avait aucune intention de la forcer, ni de l'influencer dans ce sens. Les gens étaient libres de faire leurs propres choix, et elle n'était pas vraiment placée pour les influencer. Elle n'en avait pas envie non plus.

- Oh, les profs sont loin d'être les pires.

Dans un lycée, ce ne sont pas les adultes qui la débectent le plus, mais les élèves. Elle en a côtoyé assez pour tout le reste de sa vie. Malheureusement, son redoublement en a décidé autrement et elle est coincée au lycée pour une année de plus.

- Mais bon, pour décider de passer ses journées dans un lycée, il faut déjà avoir des problèmes.

Quelle idée de revenir volontairement dans un endroit comme ça. Une fois franchi les grilles du lycée avec un diplôme en poche, elle n'y remettrait jamais les pieds. Esquiver Luka pendant tout son temps à l'université serait déjà assez compliqué.

5 août
2022

Les règles, c'est surfait

Mino Masaki

- Mouais.

Vouloir aider les autres. Mouais. À ses yeux, les profs voulaient surtout pouvoir donner des ordres et disposer d'un semblant d'autorité, pas aider les élèves. Certains étaient moins insupportables que d'autres, comme la prof d'italien, mais la plupart étaient juste là pour se sentir supérieurs. Non, il y avait clairement d'autres manières d'aider les gens, et ce qu'ils faisaient n'en faisait pas partie.

- Nan, pour l'instant je veux juste me barrer d'ici. Ce qui aurait été beaucoup plus simple si j'avais pas redoublé.

Redoublement causé par beaucoup trop de dramas dans sa vie. Le retour de sa mère, son histoire avec Luka, ça avait été suffisant pour trop perturber son quotidien et lui faire rater ses cours. Mais c'est vrai qu'il faudrait qu'elle réfléchisse à tout ça avant de s'inscrire à l'université. Elle avait encore un an, elle trouverait bien quelque chose.

- Qu'est-ce que vous faites là, toutes les deux ?

Elle sursauta. Un adulte était adossé à la porte, les bras croisés, et les observait avec agacement. Ah, quand on parlait de vouloir de l'autorité et de donner des ordres. Chelsea poussa un soupir.

- La porte était ouverte.
- Ça ne vous donne pas le droit de monter sur le toit.

Elle haussa les épaules en levant les yeux au ciel. Avoir le droit ou pas, c'était un détail.

5 août
2022

Les règles, c'est surfait

Mino Masaki

Lui faire bizarre, probablement pas. Ça lui ferait du bien, surtout, de ne plus côtoyer des adolescents dans tous les couloirs et de ne plus être soumises à toutes ces stupides règles. Par contre... avoir une idée de ce qu'elle voulait faire après ?

- Je viens de te dire que non.

C'était littéralement sa réponse, qu'elle n'avait pas la moindre idée de quoi faire après et qu'elle voulait juste se barrer d'ici. Ne plus être au lycée, ne plus avoir à écouter des ordres, ne plus avoir de limites. Du genre de ce prof qui débarquait sur le toit et qui se croyait en position de donner des ordres.

- C'est interdit parce que ce n'est pas sécurisé. Et que vous n'avez de toute façon rien à faire ici.
- Eh bah sécurisez-le. Vous l'avez bien fait chez les ISS.
- C'est différent.

Elle leva les yeux au ciel. Bien sûr que c'était différent, parce qu'aucun ISS n'était supposé avoir envie de sauter dans le vie. Pas officiellement, en tout cas, parce que certains avaient clairement prouvé qu'ils n'hésiteraient pas à le faire, Damen en tête. Mais comme ce n'était pas sur leur dossier scolaire, on les laissait monter sur le toit.

- Ne joue pas l'idiote, Mino. Tu sais très bien que tu n'as pas le droit d'être là, comme tout le monde.

Oui, oui, tout le monde connaissait le règlement, nul n'est censé ignorer la loi, tout ça tout ça. Elle n'avait même pas envie d'en débattre. De toute façon, les types comme ça estimaient avoir toujours raison juste parce qu'ils étaient en position d'autorité.

- Fallait mieux fermer les portes si vous vouliez pas qu'on monte.
- Toi non plus, ne joue pas l'idiote.
- La porte était ouverte.
- Ouverte ou non vous n'avez pas à être là. Ce n'est pas une option discutable, Chelsea.
- Ouais, ouais.

5 août
2022

Les règles, c'est surfait

Mino Masaki

Jouer les imbéciles, hein. C'est tout ce qu'il trouvait à inventer pour justifier qu'on ne lui obéisse pas. Soit on est intelligent et on fait ce qu'il demande, soit on est idiot et on ne le fait pas. C'étaient donc les seules options qu'il envisageait dans une conversation ? Franchement. Et on s'étonnait qu'elle n'aime pas les figures d'autorité. Elle savait ce que devenaient les gens qui voyaient leurs ordres comme des vérités absolues, et elle avait assez donné.

- L'imbécile, c'est peut-être celui qui a décidé de laisser la porte ouverte ou qui l'a mal fermée. Si quelqu'un est responsable, c'est lui.

Après tout, c'était ça leur logique, non ? Ils étaient responsables d'elles, donc s'il leur était arrivé quelque chose, le prof qui avait "mal fermé" la porte aurait été considéré comme coupable. Ça voulait donc dire que c'était ce même prof qui était responsable de leur présence ici. Il n'avait qu'à s'assurer que la porte était complètement fermée avant de partir, et Chelsea n'aurait pas pu la retenir au dernier moment. Tout simplement.

- Je n'ai pas le temps de débattre avec toi, Chelsea. Descendez juste du toit. À moins que tu ne veuilles encore une heure de colle ?

L'autre fille semblait vouloir tenter de simplement partir en espérant peut-être échapper à quoi que ce soit. Chelsea, elle, sentir sa peau se hérisser à l'entente de la menace. Elle croisa les bras.

- Non.

L'enseignant soupira. Ce n'était probablement ni la première ni la dernière fois qu'ils avaient ce genre d'altercation, et elle refusait généralement de lâcher l'affaire dès qu'un ordre entrait dans l'équation, encore plus s'il était suivi d'une menace.

- Mino, tu peux partir. Chelsea, si tu tiens tant que ça à donner ton avis et à débattre, on n'a qu'à faire remonter tes plaintes directement à ton assistante sociale.

Ce fut elle qui soupira. Toujours les mêmes arguments et les mêmes menaces. Ils ne pouvaient pas appeler son père depuis que Mathilda avait réussi à impliquer la protection de l'enfance, et ils savaient très bien qu'elle avait rendez-vous pour déterminer son avenir dans peu de temps. Rester en Forge, passer en Potion, passer à l'ISS. C'était tout le sujet de son prochain rendez-vous avez son assistante sociale, savoir si elle avait assez purgé cette foutue peine ou s'ils devaient l'étendre d'un an. Mais elle n'était pas idiote : enfreindre un règlement d'école n'avait aucun poids face à la justice, surtout pour une règle aussi insignifiante.

- Si vous voulez.

Qu'ils en parlent s'ils y tenaient tant, elle se fichait bien de ce genre de détails. Pour eux, elle voulait forcément passer à l'ISS et avoir l'air parfaitement stable, mais elle n'était pas sûre de le vouloir. À bien y réfléchir, le côté rouge lui semblait pire. Si elle ne pouvait pas rester en Forge, autant garder au minimum son côté de la barrière.
Ouais, si ça pouvait passer pour une raison suffisante de la transférer en Potion plutôt qu'en Tradition, elle prendrait les heures de colle et les remarques.