-Ah ah ! Si avec ça je ne deviens pas miss Carrot Cake, l’univers n’a plus aucun sens.
-J'penche pour le contraire moi, tu vois ?
-Regardez qui parle.

Un rire nouveau prit Nigel. Nul doute qu’il aimait se moquer d’elle, mais lorsqu’il fallait mettre ses mains à la patte, il n’y avait plus personne pour se marrer. Pour sûr, il savait quelles étaient ses limites en cuisine comparé à elle qui n’osa jamais s'en mettre, même si par moment, elle devrait. Mais cette fois-ci, Leeann était certaine que tout était légitime. Ses Carrot Cake étaient splendides et plutôt que de souiller l’estomac de ses collègues, elle les gâterait avec du fait maison. Elle avait fini par emballer soigneusement ses mets et s’apprêta à partir quand…

Sympa la tenue. Mais oui la tenue. Quand bien même il ne fit cette réflexion que dans l’unique but de l’importuner davantage, il avait tout de même marqué un point. Bien entendu sortir en tenue d’intérieur n’aurait pas été un problème s’il ne s’agissait là que de courses au supermarché le plus proche, mais l’idée de s’afficher en chausson dès la pré-rentrée ne ferait certainement pas meilleure impression que « vivement les vacances prochaines » en compagnie de la directrice et rien ne lui garantissait que cela plairait. Un soupir malvenu à l’égard de Nigel lui vint avant qu’elle ne parte se changer. Sobre mais propre. Après avoir mis Nigel à la porte, Leeann sortit à son tour munie de son panier de Carrot Cakes en sifflotant. Un peu plus et on la prendrait pour sa mère. Molly-Kate sans mari, sans enfant, sans réelles certitudes. Tout bien réfléchi, l’idée ne l’enchantait guère. Une chose en plus à dire au Dr Lovey.

Quelque temps plus tard, elle foula le sol de l’établissement. Et parvint rapidement à la salle du secrétariat. Il y avait du monde et d’autres arrivaient après elle. Parmi eux, elle parvint à apercevoir la plupart de ses connaissances qu’elle salua dans un premier temps à distance. Il lui fallait déposer ses gâteaux qu’elle plaça près des autres. D’ici elle verra s’y quelqu’un s’intoxique. Madame Raykin était déjà là et selon toute vraisemblance accaparée par un homme. Un ancien. Le professeur de sport monsieur Untel. Elle avait déjà entendu son nom, mais la seule chose qu’elle avait retenu à son propos, c’est qu’il lui avait paru compliqué. Ça ne faisait qu’un an qu’elle était là, elle avait encore du temps. Puisque la machine à café avait l’air d’être occupée, Leeann se contenta de déballer consciente des regards pétillants déjà posés sur eux. +1. Autant faire une espèce de tournée pour s’occuper et c’est ce qu’elle fit, plateau en main en proposant avec un entrain circonspect.

Alors ça, il fallait le faire.

Une question taraudait Leeann. Comme bien des questions, certes, mais celle-ci avait quelque chose de plus que les autres : elle l’amusait. Et cette question la voici : comment Masaki pouvait-elle feindre la réserve -du moins c'est ce qu'elle croyait- quand quelque temps auparavant, cette dernière avait volontairement giflé un camarade devant toute la classe ? De quoi lui ficher la honte et lui donner l’envie de s’enfouir sous sa couette pour ne jamais en ressortir.


Lorsqu’elle demanda si elle devait se placer en face d’elle, Leeann n’avait rien dit et s’était contentée de jouer de ses doigts avec sa lèvres inférieure sans la lacher du regard, l’épiant comme une personne qui pourrait dans la minute qui suit faire un sale coup, peut-être un peu comme son frère, chose qu’elle avait toujours détesté et pourtant, qu’elle appliquait sur une pauvre élève aux cheveux dorée. Enfin, une pauvre, comprendra qui pourra.

Une fois installée, Leeann l’avait interrogée quant à sa présence dans la pièce, la réponse ne s’était pas fait longtemps attendre. Au moins, elle était consciente que son acte était répréhensible. Quelque chose de quelque peu satisfaisant pour une professeure qui ne voulait pas être là où elle était. Elle hocha la tête pour confirmer ses dires et croisa les bras.

-Effectivement. C’est bien pour cela que vous êtes là Masaki. Pour avoir giflé un élève devant la classe entière. Sachez que je ne tolère pas la violence dans ma salle de classe. Ni l’établissement. Surtout l’établissement.


Il est possible qu'elle n’aurait pas été collée si l’établissement ne la forçait pas à appliquer une telle sanction. Possible, oui, si la demoiselle avait eu une bonne excuse. Mais la réponse qu’elle aurait donnée si elle lui avait sommé de s’expliquer ne l’aurait probablement pas convaincue. Chose qu’elle saurait certainement très rapidement, sa langue la démangeant. Comme la mienne me démangeait en cet instant.


- Avant que l’on ne discute de la sanction. J’aimerais savoir mademoiselle, ce qui vous est passé par la tête. Il y avait bien une raison si ?


Jouant de son pied sans la lâcher du regard, elle penche la tête, attendant sa réponse. Même si les jeux sont faits et que ses manigances à elles sont déjà préparée, elle espérait au moins que Masaki aurait une bonne excuse à lui donner, de sorte à ne pas avoir un avis bien arrêté sur elle pour les jours, voire les années à venir.

Visiblement, la demoiselle n’était pas très à l’aise.
Tant mieux.
Il n’y avait que cela que son attitude méritait.

Leeann l’écoutait en silence, l’un des coudes sur la table et sa main soutenant sa tête lourde comme une pastèque, faute d’avoir pu se reposer suffisamment ce jour-ci. Elle hochait parfois la tête, sans que cela n’ait un réel sens, jouant avec les frontières de la rêverie et de la réalité. Toutefois, elle haussa un sourcil en décelant le petit sourire qui s’était formé sur son petit visage qui lui donnait l’air d’un nouveau-né. Comment des choses aussi mignonnes pouvaient être aussi violente avait-elle pensé. Il ne restait plus qu’à espérer qu’elle croiserait le chemin d’un Yorkshire Terrier comme tout ce qu’il y a de plus courant et je suis prête à parier qu’elle finirait par comprendre.

-C’est donc ça hein ? Ha.

Elle sort alors de son sac son téléphone qu’elle avait acheté récemment. Une acquisition qui la rendait heureuse. Assez pour qu’il ne la contente comme son compagnon passé ne l’avait jamais fais. Rien de plus insultant très certainement. Elle pianote sans regarder la détenue et reprend.

- Selon vos camarades, le garçon n’a fait que vous interroger sur votre taille. Je conçois que ce n’est pas forcément agréable, mais de là à dire qu’il vous insultait... Vous ne pensez pas pousser le bouchon un peu trop loin ?

Elle pose son téléphone et finit par s’appuyer contre son siège. Signe d’ennui que voilà.

-Et quand bien même cela avait été vrai, mademoiselle, votre derrière serait quand même campé sur la chaise que vous accablez actuellement. La seule chose qui aurait différé, c’est que vous n’auriez pas été seule, mais bien avec lui et que nous aurions discutés main dans la main histoire de vous faire oublier rancœurs et mépris de sorte à ce qu'à la fin nous ayons eu un «Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants».

Pour tout cela, elle ne lui avait pas laissé le droit d’y répondre. Simplement d’écouter. Elle se retient de soupirer et détache son regard de la bouille de la lycéenne pour couler un regard à la boîte qu’elle avait sorti précédemment. Durant le temps d’un instant, Leeann semble réfléchir comme elle savait si bien le faire lorsqu’on lui mettait sous le nez différentes saveurs de glace. Un choix rude que voilà. Ses doigts viennent effleurer la boîte. Enfin, elle la saisit et la ramène près d’elle.

- Cela étant dit. Je clos le sujet pour l’instant. Nous avons d’autres choses à faire vous et moi. Croyez-le ou non, je ne suis pas ravie d’être là. Mais il va bien falloir que l’on fasse avancer le temps tout en vous disciplinant. Alors…

Elle lui montre la boîte de son index droit.

- Savez vous ce qu’il y a dans cette boîte ?

Elle continuait de parler. Même lorsque ses réponses n’étaient pas désirées.

Bien sûr, si Leeann ne lui avait pas donné la parole, c’est qu’elle ne voulait pas l’entendre. Toutefois, elle ne s’offusqua pas quand cette dernière fit ce qu’elle ne lui avait pas autorisé à faire. Même lorsqu’elle fit preuve d’un culot démesuré pour une élève qu’elle venait de coller. Elle avait dû retenir un sourire carnassier en voyant mademoiselle se rebiffer et avait secoué la tête. Si elle se montrait un peu compréhensive, Leeann aurait supposé chez la demoiselle un certain masochisme comme on en trouve qu’à Indarë. Cependant, elle estima très rapidement qu’elle essayait simplement de l’agacer. Chose qui, malgré tout, ne fonctionnait pas et pour cause : si Mino avait réagi de manière aussi excessive, pour elle, c’est qu’il y avait bien une raison.

- Je ne vous ferai pas ce plaisir, Masaki.

Elle ouvra la boîte abritant en elle une multitude de petits bouts de papier soigneusement pliés.

-N’étant pas une grande fan des films sanglants, j’ai trouvé un moyen beaucoup moins indolore -je me comprends- et plus attrayant de vous punir.

Elle tousse pour dégager sa voix.

- Ceci, Masaki, c’est le coffret rédempteur. Comme son nom l’indique, il s’y trouve une panoplie de punitions qui s’adapte à la gravité des actions causées par le collé pour se racheter et comme vous êtes la première depuis le début de ma carrière, vous aurez l’honneur de le tester la première. Je vous remercie par ailleurs pour votre collaboration.

Elle remerciera plus tard son frère qui s’était, par le passé, déjà coltiné le prototype, beaucoup plus tortionnaire.

- Toutefois, je tiens à souligner qu’il n’y aura aucun supplice physique. Me semble-t-il.

« Me semble-t-il ». Il ne restait plus qu’à la pauvre collée d’espérer ne pas tomber sur sa séance d’Ashtanga yoga. Sa bouche se tordant en un sourire, Leeann se délectait de la frimousse de son visage. Non pas qu’elle était complètement timbrée et douée d’un sadisme préoccupant -quoique- mais les changements d’expression de la suppliciée valait le coup de s’y attarder. Peut-être que cela la dissuaderait de continuer. Mais elle en doutait, il fallait l’avouer. Indiquant de nouveau la petite boîte qu’elle songerait par la suite à parfumer, elle reprend la parole.

- Allez-y. Plongez votre main et saisissez le premier papier qui vous vient dans la main. Ensuite, vous me le passerez et je le lirai pour vous. Par ailleurs, s’il ne dure pas l’heure entière, nous serons contraints d’en prendre un deuxième, mais je vous rassure, plus court.

Comme elle s’y attendait, la demoiselle refusa dans un premier temps de se conformer à la règle qu’elle lui imposait. Il aurait fallu être un poil trop optimiste pour imaginer qu’elle aurait fait rapidement preuve de docilité. Mais qu’importe, prendre son temps avec un élève de la sorte faisait partie de son job et il lui faudrait rapidement s’y accoutumer. Après tout, elle n’était pas le cas le plus grave que l’on trouvait chez les élèves en réinsertion. Fort heureusement, le hasard la préservait pour le moment des cas spéciaux, mais cela prendrait fin. Elle le savait. Tant mieux.

Gardant le silence pour un moment, c’est de son propre chef que l’élève plonge sa main dans la petite boite et en ressort un papier. Leeann l’observe faire, à la fois étonnée et amusée. Ce qu’elle avait l’air énervé. S’en était presque à croquer.

- Hé bien voilà. Ce n’était pas si compliqué. Merci mademoiselle.

Elle vient doucement lui prendre le papier des mains et le déplie. Numéro quatre. À quoi correspondait-il déjà ? Ne se rappelant pas de l’ordre des punitions, elle sort de son sac son cahier de notes et le feuillette un peu tout en prenant la décision d’en choisir un moins rude s’il venait à l’être de trop. Il lui fallait bien remercier sa coopération. Glissant son doigt sur les pages, elle s’arrête. « Quatre ». Quelques secondes passent avant qu’elle ne ferme son calepin et sort de son sac une trousse plutôt terne. Elle la pose près de la demoiselle avant d’enfin la regarder de nouveau.

- De l’écriture créative donc.

Il lui faut un peu de temps pour trouver le thème adéquat.

- Admettons que vous êtes l’élève que vous avez giflé. Vous devez donc continuer l’histoire à partir du moment où le méfait a été commis, mais cette fois, en vous mettant dans la peau de votre camarade. Surtout pas la vôtre. Vous pouvez faire des dialogues, user de n’importe quel genre littéraire, de la narration dont vous voulez ou encore du temps. Je rajoute en revanche deux contraintes.

Elle pointe la trousse.

- Premièrement, je veux que toutes les A majuscules  soient écrits en rouge les a minuscule en vert, tous les i en orange et tous les S en rose. Le moindre oubli vous coûtera des points, tout comme les fautes trop répétitives et surtout élémentaires.

Au fond, Leeann n’avait pas prévu de noter son devoir. Mais lui donner un peu de pression ce n’était pas si mal.

- Aussi, je veux que vous illustriez votre histoire. Histoire de lui donner un peu plus de couleur. Normalement, ça devrait nous occuper pour l’heure entière. Si vous avez la moindre question, il suffit de me la poser puisque je suis toute à vous pour cette heure-ci. Le nombre de pages m’importe peu à partir du moment où le soin est au rendez-vous. Des questions ?

-Ah oui ? Vous en êtes sûre ? On s’en va demander à la directrice ?

Leeann écoutait la demoiselle qui pensait tout savoir. Pourtant, cette dernière ignorait le fait que pour punir une élève et le remettre sur le droit chemin, tous les moyens sont bons et à en croire la directrice, elle doutait fortement de sa divergence d’opinions. Alors, elle la laisserait cogiter là-dessus quitte à réellement noter son travail si elle continuait à se montrer si insolente. Non pas que cela l’agaçait réellement, en revanche, le professionnalisme priait la professeure de lui apprendre ce qu’étaient l’éducation et le respect d’autrui. Une tache quelque peu lassante par moment, surtout quand on avait affaire à ce genre de petite chipie.

Comme elle l’avait prévu, une fois encore, elle n’alla pas dans son sens, mais plutôt dans le sien. Leeann leva les yeux au ciel sans savoir si c’était d’amusement ou d’exaspération. Certainement un peu des deux vu le spécimen. Peut-être aurait-elle pu passer l’étape de l’écriture d’ordinaire, mais avec celle-là ? Impossible. Elle ne lui ferait pas ce plaisir.

- Mademoiselle souffla t-elle. Nous ne sommes pas en camp de vacance où vous choisissez ce qui vous tente le plus. C’est les deux et sans exception quant à votre idée, il va vous falloir l’étoffer un peu même si je suis persuadée qu’effectivement, il aurait également voulu vous gifler en retour, même si la violence ne résout rien.

Maintenant, qu’elle était professeure, jouer sur le pacifisme l’amusait plutôt bien. Après quoi, Leeann s’empara de sa trousse et la lui mit sur la table avant d’en faire de même avec quelques copies qu’elle avait sorti au préalable au cas où cette dernière n’aurait pas amené avec elle le nécessaire. Il y en avait toujours des individus comme cela en retenue ou même en cours et ça, elle n’arrivait pas à le comprendre et ne le comprendrait certainement jamais.

- Allez, au boulot. Si vous avez des questions plus pertinentes que le choix d’exercices, je suis toujours là.

Cette fois-ci, Leeann fouilla dans sa poche pour s’emparer de dé de six faces. Il allait falloir qu’elle s’occupe le temps que la jeune fille finisse son travail. Bien sûr, elle avait de quoi faire comme ces quelques copies traînant dans son sac à corriger. Mais voilà, elle n’avait pas envie et était plutôt tentée par tester le nouveau jeu qu’elle avait installé la veille sur son téléphone. Alors, il fallait bien trancher en attribuant trois faces à chaque choix. Elle avait donc lancé les dés qui s’arrêtèrent sur six. Merveilleux, les copies. En réprimant un soupir, elle rangea ses dés pour en sortir son classeur spécial copies qu’elle ouvrit avec l’enthousiasme qu’elle eu toujours devant les choux de Bruxelles avant d’en sortir une. De toute manière, à en croire la motivation qu’ils avaient tous eu devant le sujet, les notes promettaient d’être merveilleusement moyennes.  

Est-ce que je n’aurais pas dû… ?

Si elle ne se retenait pas de garder une image convenable, Leeann serait en cet instant bien occupée à grimacer à force de remuer ses méninges. Voilà qu’elle se demandait s’il n’aurait pas mieux valut lui donner une longueur de base, peut-être aurait-il fallu qu’elle le note la prochaine fois sur ses bouts de papiers. À quoi bon la punir si c’est pour recevoir au final un boulot conséquemment minime ? Ça lui donnait envie de soupirer une nouvelle fois, mais cette fois-ci, elle se retiendrait. Peut-importe. Elle laisserait faire la demoiselle et garderait le devoir si elle daignait tout de même faire l’effort de le faire convenablement. Il allait falloir aussi qu’elle travaille ses compétences de rigidité, Leeann se trouvant bien trop gentille même si elle crut entendre des grondements de rage dans l’esprit de l’élève peu heureuse d’être là avec elle. Quelle tristesse.

Restée fidèle à elle-même, elle continua d’insulter sans le moindre détour celui qui avait fait pour mériter une telle violence, dit qu’elle était petite. Mon Dieu, songe-t-elle en l’écoutant parler, elle n’était réellement pas prête de lui pardonner à celui-ci. Pour sûr que si elle était plus jeune, elle aussi se serait certainement pris une baffe sauf si elle ne brusquait que les garçons. Elle aussi aurait peut-être eu l’intelligence de lui faire remarquer qu’elle était petite. Mais tout ce qui est petit est mignon si ?

Maintenant, qu’elle s’était mise au travail, Leeann s’était mise elle aussi à tuer le temps et avait pris le temps d’ignorer la réponse de cette dernière. L’impression de ne pas avancer lui vint. Encore fallait-il que ce ne soit qu’une impression, mais pour rester tout à fait honnête envers elle-même, elle avait dû reconnaître que le travail de certains de ses élèves lui donna l’envie de se tirer les cheveux ou plus franchement, se tirer tout autre chose dans la tête. Mais pour plus de bienséance dans son esprit, elle ne dirait pas quoi. Il était déjà assez torturé comme cela. Leeann ne s’était pas rendue compte du temps passé, si au moins il était passé lorsqu’on lui donna enfin la copie. Elle releva la tête vers la demoiselle le temps d’un instant avant de couler un regard vers l’heure puis de nouveau vers la demoiselle. Elle récupère du bout des doigts la copie et la pose sur son bureau sans regarder son contenu. Ça ne promettait rien qui vaille.

- Hé bien, c’était du rapide, je crois ?

Pourquoi n’avait-elle pas noté l’heure à laquelle elle avait commencé ? Peu importe. Ce qui était fait était fait. Elle espérait au moins qu’elle n’aurait pas à faire une syncope sur place. Elle retourne la feuille et la consulte en essayant de s’éloigner de ses quelques à priori.

- C’est un peu court quand même.


Même beaucoup pour elle sachant qu’elles avaient encore du temps à passer ensemble, seule à seule. Mais pour le bien de son pacifisme, il fallait atténuer son mécontentement.

-M’enfin, puisque vous avez respecté le code couleur -à priori- on va passer outre. Sauf si c’est franchement catastrophique, mais je suis certaine que ça ne le sera pas, n’est-ce pas ?


Ce n’était pas une véritable question. Juste un moins de se rassurer. Survolant quelques lignes sans les lires de sa copie, elle reprit la parole.

- Avant que je ne la lise, pouvez-vous m’en parler pour savoir à quoi je dois m’attendre ?

Ça, c’était une phrase qu’elle avait reprise à l’une de ses enseignantes lorsque cette dernière craignait d’avoir de mauvaises surprises. Pourquoi partir déjà défaitiste ?