Jeudi. Son cours ne commençait pas avant 14h. Et pourtant elle était déjà là, un peu avant midi, à traîner dans le bâtiment des sports. Elle aurait dû épargner son corps étant donné qu'elle avait passé l'après-midi de la veille sur un terrain de hand, et qu'elle avait un peu forcé après la fin de son entraînement officiel, mais la fin d'année approchait et, avec elle, les derniers examens. Même si elle n'avait jamais été mauvaise en cours, la théorie sportive n'était pas spécialement son fort. Elle appréciait ce qu'elle apprenait, bien sûr, et l'avantage que ça lui donnerait une fois qu'elle aurait fini ses études et qu'elle se serait lancée dans sa carrière, mais pour ça il fallait qu'elle réussisse ses partiels. Alors elle venait un peu tous les jours, pour bosser ailleurs que dans sa petite chambre de résidence, et parfois pour assister aux entraînements des autres. Après tout, son cours consistait à étudier et améliorer les performances d'équipe, il n'y avait pas mieux qu'une démonstration pour ça.
Aujourd'hui, cependant, elle avait simplement passé son temps à plancher sur un de ses derniers exams à rendre, dans une salle de cours. C'était la soif qui l'avait conduite à descendre jusqu'au hall, chercher un distributeur fonctionnel pour se trouver une bouteille d'eau ou de n'importe quelle boisson, en vérité. Son sac en bandoulière, elle avait descendu les escaliers en courant à moitié, comme à son habitude, était passée devant les salles et terrains de sport au moment où les gens commençaient à en sortir, ce qui lui permit de savoir que midi était dépassé. Elle songea qu'il était sûrement temps qu'elle mange, mais elle chercha quand même le distributeur, en premier lieu. Elle avait la gorge sèche, et n'avoir aucune bouteille dans son sac la dérangeait, de toute manière.
Ellia venait donc d'acheter de quoi boire quand elle entendit des sons étranges pas très loin d'elle. Étranges et familiers. Elle fronça les sourcils, rangea sa boisson et avança dans la direction du bruit. Dans un couloir un peu à l'écart, elle aperçut quatre silhouettes. Trois personnes menaçantes, une qui demandait d'une voix faible à ce qu'on la laisse tranquille. Elle serra les dents, les poings. Elle détestait ce genre de personne. Trois contre un, vraiment ? A quel point pouvaient-ils être pitoyables ? Elle retira son sac, le laissa tomber à côté d'elle. "Eh, c'est quoi votre problème ? Foutez-lui la paix !" Deux des trois se tournèrent vers elle. Ils avaient l'air d'avoir un semblant de force, mais ça ne voulait pas dire qu'ils avaient de la technique. Si elle ne tombait pas sur un ancien IRS qui avait l'habitude de casser des nez pour dire bonjour, peut-être qu'elle pourrait négocier le un contre trois. Sûrement mieux que leur cible, en tout cas. Peut-être. Avec un peu de chance, elle n'était pas la seule à avoir un sens de la justice dans cette université.
Nick parle en #BD171C et en #F5634A (japonais) Ellia parle en #A73A94 et en #A98BA0 (japonais)
Avec la fin de la matinée, sonnait également la fin de l'entraînement de squash du Corbeau, et d'un beau match l'ayant opposé à un adversaire relativement solide, aujourd'hui. Le brun avait fini par remporter la partie, mais plusieurs fois, il avait eu de sérieux doutes quant à l'issue de celle ci, ce qui avait eu pour effet d'attiser et d'éveiller le compétiteur sommeillant en lui. Fatigué mais satisfait, Chris avait remis ses affaires de squash dans son sac avant de le refermer. Il avait enfilé son survêtement de sport noir orné de bandes vertes, et il avait jeté son sac de sport par dessus son épaule avant de quitter les terrains de squash.
Parcourant les couloirs, il n'avait qu'une idée en tête, aller prendre une bonne douche. Malheureusement, on n'a pas toujours ce qu'on veut. Le brun était bien placé pour le savoir ! Il fut attiré par une altercation ayant lieu un peu plus loin entre trois types, et une fille. Non, deux ! Il s'apprêtait à passer son chemin, se répétant que ce n'était pas ses affaires, mais le visage de la jeune fille qui avait attisé la colère du trio attira son attention: elle était mignonne. Suffisamment pour qu'il se sente mal à l'idée de la laisser seule face à ces trois là. Parfaitement conscient que ce genre de scène se produisait beaucoup trop souvent depuis qu'il s'était inscrit à Indarë, Chris fit claquer sa langue sous le coup de l'agacement. Il voulait passer son chemin, mais il savait qu'il était déjà trop tard ! Son pseudo complexe de chevalier noir avait pris le dessus !
Il s'approcha du troisième type qui était resté un peu en retrait par derrière, et lui saisit le poignet, qu'il plaqua contre le mur. Il le reconnut aussitôt: c'était un type de son cours de français, facile à impressionner. Encore plus facile à manipuler... - Raven... Souffla le rouquin d'une voix surprise et un peu faible. - Trois contre un sur une femme... Il te faut un nouveau passe temps, Bryan... Rétorqua Chris d'une voix mauvaise en le fixant d'un regard étrange. Aussitôt, le rouquin tenta de reculer. Seulement, à part se fondre dans le mur, il ne pouvait pas faire grand chose... Il avait beau être dans le même cours que Chris, il ne lui avait jamais adressé la parole. Il savait qu'il était un peu étrange. Il avait une réputation de solitaire un peu bizarre, mais d'athlète de haut niveau faisant de la boxe et étant dangereux dans ce sport. De son côté, Bryan avait besoin d'être à trois gars pour oser ennuyer une étudiante. Il savait même sans être une flèche que tenter quelque chose face au Corbeau serait dangereux...
Il leva timidement les yeux vers le brun, puis osa un timide: - Qu'est ce que tu veux, Raven... ? - Casse toi, et évite de l'emmerder à l'avenir... Sinon je n'aurai pas besoin d'un sac de frappe pour ma prochaine séance d'entraînement de boxe. Tu me suis ? - Pu... Putain, mais aidez moi !! Hurla Bryan à l'intention de ses camarades. Chris tourna les yeux vers les deux autres qui avaient forcément été attirés par l'appel à l'aide de leur ami, avant de se retourner à nouveau vers le rouquin: - Tu es vraiment stupide... Lui murmura t'il avec un sourire carnassier.
L'un des deux autres s'approcha de Chris, avec une démarche plus assurée, et plus agressive aussi: - Hé ! Tu fais quoi, là ?! Lâche mon pote avant que je te refasse la gueule en trois épisodes ! Il était plus grand, et plus costaud que Bryan. Le Corbeau ne l'avait jamais vu à la boxe, mais il l'avait croisé plusieurs fois autour du bâtiment de sport. Nul doute que c'était un sportif accompli. Il n'en fallut pas davantage pour attiser le traqueur sommeillant en Chris. Il eut un sourire narquois, provocateur, et lança le rouquin sur son ami qui le reçut dans ses bras. - Tu peux toujours essayer, oui ! Mais il va te falloir bien plus que ta cervelle de moineau pour y parvenir, je le crains. J'espère pour toi que vous êtes nombreux ! - Non, attends, Brad ! A mon avis, on devrait éviter... - Ta gueule, Bryan ! J'vais me le faire, ce p'tit con ! - Attends ! - J'ai dit la ferme ! Ordonna Brad en se tournant vers le rouquin. Si on t'écoutait, on ferait jamais rien, de toute façon ! Il a osé m'insulter, je vais lui péter les dents à ce merdeux ! T'es un premier année en plus, non ?!
A nouveau, Chris haussa les sourcils tout en conservant un sourire provocateur sur ses lèvres: - C'est exact ! Répondit il alors. - Et tu crois que je vais te laisser me parler comme ça, à moi ?! Un troisième année ?! - Il ne tient qu'à toi de me faire taire, pas vrai Brad ? Rétorqua à nouveau le Corbeau, provoquant encore et toujours le dénommé Brad.
Pendant ce temps, de son côté, Ellia gérait certainement le troisième individu. Si elle ne calmait pas la situation, ils se dirigeaient tout droit vers un combat...
Visiblement, sa petite espérance avait été entendue : elle n'était effectivement pas la seule à ne pas supporter les injustice et la violence gratuite. Le troisième gars, un peu éloigné de ses potes, fut soudain tiré en arrière et elle aperçut la silhouette d'un jeune homme. Un autre apprenti sauveur ? Ça l'arrangeait. Elle n'était pas mauvaise en combat mais ce n'était pas son sport de prédilection, quelle que soit sa tendance à se venger à coups de poings, et un peu d'aide ne lui ferait pas de mal. Surtout contre celui des trois qui avait l'air d'avoir le même genre de musculature que son frère ; de celles qu'elle préférait avoir en combat singulier, pas en trois contre un.
C'est d'ailleurs celui-là qui se retourna pour faire face au nouveau venu, laissant Ellia seule nez à nez avec le troisième. Un sourire sarcastique étira les lèvres de la jeune femme. "Tu vas aussi te tourner vers l'autre ou tu penses que tes copains seront suffisants ? Vu que tu fais du trois contre un avec une fille, on sait jamais, hein ?" L'autre lui lança un regard agressif qu'elle ignora royalement. Il ne lui faisait pas peur, elle avait quelqu'un à protéger. D'ailleurs, la pauvre victime du trio se faisait toute petite dans un coin, comme si elle espérait disparaître à travers le mur. Sans doute avait-elle confiance que les gens finiraient par oublier sa présence si les choses dégénéraient ; ce n'était pas plus mal, au moins elle saurait saisir le bon moment pour s'enfuir. "T'es qui toi ? Tu crois que j'ai besoin d'eux pour te casser en deux ?" Le sourire d'Ellia s'élargit. "Je ne crois pas, je le sais. Je suis Ellia Ballentine. Et si ce nom te dit rien, t'inquiète, ça va pas tarder."
C'était le genre de personne qu'on ne pouvait pas raisonner. Elle le savait et elle n'essaya même pas. Ses yeux turquoise se posèrent sur la fille repliée sur elle-même avant de se river à nouveau sur l'imbécile qui pensait "la casser en deux" alors qu'elle avait au moins le double de sa masse musculaire. D'habitude, chez les gens, le cerveau compensait l'absence de muscles ; lui semblait n'avoir ni l'un ni l'autre.
Le poing du gars se précipita vers elle et elle l'esquiva sans même cligner des yeux, et sa main se referma sur l'avant-bras qui se tenait désormais à côté de son visage. "Pitié. J'ai arrêté des ballons plus rapides que ça." Sa main se serra et elle lui jeta un regard noir. "Je n'ai pas envie de te casser le bras, c'est loin d'être agréable et ça va potentiellement ruiner ta vie. Alors soit mignon et arrête de t'en prendre à plus fort..." elle posa un regard sur la victime de l'agression. "... ou à plus faible que toi." Malgré la grimace qui signifiait très clairement qu'elle lui faisait mal, il continua de se débattre et elle était presque certaines qu'il mourait d'envie de lui cracher au visage. Elle soupira. Lui donna un coup de pied brutal dans le genoux. Pas assez pour le casser, suffisamment pour le plier en deux. "Le prochain visera plus haut," lâcha-t-elle d'une voix glaciale. Oh elle savait qu'il se relèverait, mais pas tout de suite.
Elle tourna la tête, regarda l'altercation en deux contre un qui se préparait à côté. À vrai dire, elle tendit l'oreille au moment où une phrase s'élevait, qui lui tira un rictus. "Je suis en troisième année, moi. Tu préfères te prendre mon poing dans la gueule, ou le sien ?" A choisir, elle n'aurait certainement pas préféré se faire frapper par le jeune homme qui semblait autant versé dans la provoc qu'elle dans la résolution rapide et efficace. Il n'y avait qu'à voir la manière dont il retenait le troisième gars. Une prise impeccable, sans faille. Quel que soit son niveau, il savait se battre, probablement mieux qu'elle. Et il faisait probablement plus mal.
Ellia perçut un mouvement derrière ses jambes et son pied partit de lui-même, par réflexe, s'écrasant sur le nez du gars qu'elle avait mis à terre. Elle entendit un léger craquement, l'ignora, se contenta de fixer les deux agresseurs et le gars qui les tenait en respect. "Maintenant qu'on a rééquilibré les forces. Deux contre deux avec un de tes potes plaqué contre un mur, t'es sûr de vouloir continuer de te battre, Brad ?" Oui, elle avait entendu son nom, et elle ne s'était pas privé de le prononcer sur le même ton. Elle méprisait ce genre de personne de toute son âme. Les petites frappes qui s'en prenaient aux autres uniquement quand ils étaient en position de force. Un type comme ça avait voulu lui casser le bras, au Japon. Et même si Nick avait fait de sa vie un véritable enfer, ça ne le rendait pas moins détestable, et ça n'en avait pas moins attisé la haine d'Ellia pour les mecs de son espèce.
Nick parle en #BD171C et en #F5634A (japonais) Ellia parle en #A73A94 et en #A98BA0 (japonais)
Sans même l'avoir planifié, le duo formé par Chris et Ellia se refermait peu à peu comme un étau sur le trio de gars qui s'était attaqué à l'étudiante qui s'était à présent recroquevillée dans un coin. Et quel étau ! Pendant que de son côté le brun provoquait la brute et avait intimidité le trouillard, la jeune femme s'était retrouvée face au troisième individu comme l'avait planifié le Corbeau. Le ton monta des deux côtés, en parallèle, et finalement, le troisième individu se retrouva finalement au sol. Le sourire provocateur de l'étudiant en Français ne fit que s'élargir lorsque cela se produisit, ce qui eut le don d'agacer au plus haut point le dénommé Brad. Et lorsqu'Ellia se mêla à la conversation, Chris y vit une occasion idéale de l'énerver encore davantage... Il eut un sourire silencieux et toujours plus provocateur suite aux paroles de la jeune Ballentine tout en fixant le sportif, qui se tourna vers la brune et la foudroya du regard.
Entretemps, le troisième type tenta une approche moins directe sur la brune, mais il n'eut pas plus de succès que la première fois. Une fois à terre, Ellia décrivit alors la situation, tandis que le brun haussait légèrement un sourcil. - Je ne crois pas qu'on puisse parler de rééquilibrage des forces quand on a face à nous un trouillard et un débile profond guidé uniquement par ses muscles, rétorqua Chris qui prenait un malin plaisir à rendre dingue le dénommé Brad. Bryan, de son côté, n'osa rien dire, bien que son honneur soit bafoué en continu comme une serpillère depuis plusieurs minutes. Il s'était décalé contre le mur depuis que le Corbeau l'avait relâché, et ne disait plus rien depuis que son "ami" lui avait ordonné de la boucler.
La grande brute se tourna à nouveau vers le Corbeau, rouge de colère. Cette fois ci, il atteignait ses limites, Chris le sentait. - Je vais te... - Tu vas quoi, grand chef ? Reprit le brun en se préparant à esquiver. Aussitôt, Brad s'avança et tenta d'atteindre le boxeur avec une droite puissante. Puissante, mais beaucoup trop lente pour un outfighter comme Chris, qui parvint à l'esquiver sans la moindre difficulté. Au passage, il plaça même quelques frappes au corps à Brad et le contourna, avant que ce dernier ne fasse demi tour. Un léger silence s'installa, avant que Chris ne lève un peu la tête avec un sourire narquois au possible: - Troisième année ou pas, tu n'es pas au niveau, mon grand...
L'instant d'après, Brad le chargeait comme un taureau dans une arène... Une cible idéale pour un spécialiste en contre comme le Corbeau. Il leva ses poings, et se positionna pour le réceptionner. Son poing droit fendit l'air, et le troisième année mordit le sol à pleine vitesse dans un bruit mat, et particulièrement violent. Suite à quoi, Chris ramena ses bras le long du corps et s'avança jusqu'au corps de Brad qu'il domina de toute sa hauteur. Son sourire provocateur avait disparu, cédant la place à une expression de marbre. - Cette fois, je crois qu'il a son compte... Bryan ! Héla soudain le Corbeau sans se tourner vers le rouquin. - Qu... Quoi ! Qu'est ce que tu me veux ?! - Tâches d'amener cette larve à l'infirmerie. Il encombre le couloir... A moins que tu ne veuilles le rejoindre ? Ajouta soudain le brun en tournant son regard de brume vers le rouquin. - N... Non !
Le brun s'approcha ensuite d'Ellia, et de l'étudiante agressée. - Ca va, tout le monde va bien ? Demanda t'il en approchant avec un sourire tranquille. Son regard se posa alors sur le troisième individu, encore au sol, et une lueur de mépris passa dans son regard: - Et lui... ? C'est alors que Bryan, qui essayait d'aider Brad à se relever, fut repoussé contre le mur du couloir et s'y cogna violemment la tête: - Lâche moi, bordel !! Je vais le tuer ce merdeux ! Encore grogui, Brad parvint à se mettre à genoux, puis à se redresser en se tenant au mur.
Haussant les sourcils, Chris s'adressa alors à lui: - Tiens, tiens... Tu m'as l'air d'aimer ça, on dirait ? A tel point que tu en redemandes, apparemment ! Il avait beau le provoquer, il était impressionné qu'il soit parvenu à se relever après un tel contre. Ce type avait décidément la tête dure... Il ne fallait pas le sous estimer... - Je vais te faire la peau... A ce moment là, il tira de sa poche un petit couteau. Rien de très impressionnant, mais tout de même. A la vue de cette lame, Chris plissa les yeux: - Tu serais prêt à risquer le renvoi pour me faire la peau ? Tu es donc idiot à ce point ?
Brad ne répondit rien, mais la lueur de folie qui flottait au fond de ses yeux le fit pour lui. Peut être Ellia et lui l'avaient ils poussé trop loin, après tout. Ils avaient sous estimé sa fragilité mentale et sa connerie. Mais à présent, il allait falloir le désarmer et éviter que quelqu'un ne soit blessé...
Il marquait un point : rééquilibrage des forces n'était pas franchement le terme exact, vu qu'ils en avait visiblement neutralisé deux. Le premier, à terre, tentait d'empêcher son nez de saigner et semblait reconsidérer ses choix ; le second était tout autant replié contre un mur que la pauvre fille qu'ils avaient voulu victimiser. Visiblement, ce garçon qui avait eu la même idée qu'elle était assez connu et assez intimidant pour le maîtriser et le calmer simplement avec une clef de bras. Tant mieux, d'un côté, parce que le troisième semblait aussi fort qu'hargneux.
Cela dit, la force physique ne faisait pas tout. Elle l'avait déjà constaté à ses dépends mais là, c'était le fameux Brad qui commençait à le comprendre. La carrure du brun avait beau être moins impressionnante, il avait nettement plus de technique. Inutile d'être un génie en la matière pour le constater, l'esquive et la riposte parlaient d'elles-mêmes. Ellia ne fit même pas mine d'intervenir quand elle vit l'autre charger sans avoir l'air de réfléchir un semblant de seconde. D'une certaine manière, même s'il lui était inconnu, elle savait que le fameux première année n'aurait aucun mal à s'en sortir. Ce qu'il ne tarda pas à prouver, d'ailleurs, en mettant son adversaire à terre à peu près aussi facilement qu'elle l'avait fait. "Mauvais adversaire," déclara-t-elle d'une voix blanche, avec un simple sourire sarcastique sur le visage.
Oui, elle avait beau avoir une certaine confiance en ses capacités physiques, elle aurait sûrement eu un peu plus de difficulté à mettre à terre un type pareil. Il lui manquait quelques réflexes et quelques prises, elle était plus versée dans la bagarre de rue que dans les véritables techniques de combat, même si elle avait pratiqué certains arts martiaux. En tout cas, ça ne semblait pas avoir ébranlé le brun le moins du monde, puisqu'il était toujours d'un calme olympien tandis qu'il conseillait au dernier debout d'emmener son ami à l'infirmerie. Enfin... "conseiller" était un bien grand mot.
"Ça va," répondit-elle avant de jeter un œil à la fille qui venait de se faire agresser et qui se contenta de hocher la tête, livide. Visiblement, elle avait été marquée par la situation. Qui savait depuis combien de temps ils étaient contre elle ? "Lui, il a été assez idiot pour me sous-estimer, il purge son erreur." Et encore, il s'en sortait juste avec un nez probablement cassé et une violente douleur au genou ; ça aurait pu être l'inverse. Il répliqua par un simple grognement enragé, mais il ne fit pas l'erreur d'essayer de se relever. Lui. Parce que l'autre ne s'en priva pas.
À quel point fallait-il être stupide, masochiste ou inconscient pour se relever après les coups qu'il avait pris ? Ellia fronça les sourcils, mais elle ne put réprimer un mouvement de recul et un pas en arrière en le voyant sortir un couteau. Instantanément, son cerveau passa en revue toutes les parties de sa vie qu'il pourrait ruiner si son arme atteignait ne serait-ce qu'un muscle. Ligaments, tendons, blessures à la main, au bras, à la jambe, à n'importe quel muscle porteur essentiel. La possibilité de la tuer était minime, presque nulle ; celle de détruire tout ce pour quoi elle tenait debout l'était nettement moins. En théorie, elle savait arrêter les armes blanches, dans les faits, elle avait trop peur que la lame mette un point final à sa carrière pour tenter.
Ça ne l'empêcha pas de faire une tentative de garde. Elle avait moins de chance de se faire transpercer si elle se préparait à se défendre que si elle restait les bras ballants. Et puis elle n'oubliait pas un détail important : la fille qu'ils avaient sauvé était toujours là. Elle la poussa d'une main sans détacher son regard de l'imbécile qui les pointait avec un couteau en plein milieu d'une université. "Écarte-toi. Sauve-toi, fais quelque chose, mais reste pas là." Elle s'était efforcée d'avoir un ton calme et pas trop sec, histoire qu'elle voit ça comme un conseil et pas comme une agression, mais cette fille ne pouvait pas rester là. Ils ne l'avaient pas sauvée pour qu'elle se prenne un coup de couteau. Heureusement, elle était terrifiée mais pas idiote ; elle s'enfuit au moins jusqu'à sortir du couloir.
C'était peut-être pour ça, ou peut être à cause d'un truc qu'elle avait raté, mais Ellia ne dut qu'à un réflexe d'éviter un coup de couteau qui visait son bras. La lueur meurtrière dans son regard n'avait presque rien à envier à celle qui brillait dans celui de l'abruti, folie incontrôlable en moins. "Si tu touches un seul de mes tendons je te fais bouffer ton couteau par la lame." Il semblait visiblement en vouloir autant à l'un qu'à l'autre. Mais il était passé trop près de son bras, trop près d'un élément clef de sa carrière, elle ne le laisserait pas s'en tirer comme ça. Il y avait des limites à franchir avant qu'elle commence à avoir peur, il ne les avait pas encore atteintes.
Son poing vint atterrir droit dans l'estomac de sa cible alors qu'il reculait son bras, sans doute pour frapper quelqu'un avec sa lame. Qui ? Aucune idée. Il n'avait pas lâché son arme, mais le coup l'avait plié en deux et relativement déstabilisé. C'était le plus près qu'elle irait d'un couteau qui pouvait lui arracher toute son existence en quelques secondes. Mais son compagnon d'armes ne semblait pas avoir peur des lames, de toute manière.
Nick parle en #BD171C et en #F5634A (japonais) Ellia parle en #A73A94 et en #A98BA0 (japonais)
Lorsque le brun s'approcha des deux étudiantes, il constata que la jolie brune aux cheveux longs avait fait du bon boulot avec le troisième agresseur. De toute évidence, il avait désormais son compte, ce qui fit sourire le jeune Raven. Un sourire moqueur, et narquois. Il redressa la tête, croisa le regard de la soeur Ballentine, et hocha la tête dans sa direction. Mais si le troisième attaquant avait compris qu'il valait mieux éviter de se relever, la grosse brute, elle, était un peu plus lente à la comprenelle. Brad se redressa, assoiffé de désir de revanche envers le duo, et prêt à en découdre !
Mais si au départ cette situation le fit plutôt rire, dès que Brad tira une lame de sa poche, la lueur provocatrice disparut du regard brumeux de Chris, remplacée par une étincelle prédatrice dangereuse. Cette fois ci, le Corbeau ne rigolait plus. Plus du tout, même ! Il recula d'un pas, tourna la tête vers Ellia un bref instant, et hocha la tête en direction de l'étudiante agressée pour lui signifier de la faire dégager, ce qu'elle fit aussitôt.
Chris n'était pas inquiet. Depuis qu'il était tout gosse, on lui avait inculqué comment faire face à ce genre de menace. On lui avait appris à anticiper les gestes d'une cible dotée d'une arme, et à la désarmer, à tel point que la peur était absente dans son cerveau, dans ce genre de cas. Des deux étudiants, Ellia était celle qui avait le raisonnement le plus sain, le plus logique. Chris, lui, n'avait pas peur de faire face à un couteau, puisqu'il savait comment y faire face. Et puis aussi, et surtout, on lui avait lavé le cerveau jusqu'à ce que la peur ait disparu. La seule peur qui demeurait, était pour les autres. C'est pour ça qu'il avait éloigné l'étudiante agressée. Malheureusement, il pensait qu'Ellia la suivrait ! Il n'avait pas prévu qu'elle resterait pour faire face au danger avec lui ! Aussi, quand Brad fonça à côté de lui, et non SUR lui, le Corbeau resta figé un court instant sans trop comprendre ce qui se passait.
C'est en exécutant un pas de côté et en se tournant, lorsqu'il vit et entendit Ellia, toujours présente, qu'il comprit toute l'étendue de la situation ! Il profita du coup de poing de la jeune femme qui tordit l'athlète en deux pour s'approcher: de sa main gauche, il le saisit violemment au cou tandis que de sa main droite, il s'emparait du poignet de son adversaire tenant l'arme. Il le fit reculer jusqu'au mur le plus proche, et s'offrit même le luxe de le soulever à quelques centimères du sol. Les sourcils froncés, fixant Brad les yeux dans les yeux tandis que ce dernier commençait sérieusement à suffoquer, le brun le tenait fermement et d'une main de fer. Il avait beau ne pas en imposer visuellement, il devait avoir une sacrée force, car le troisième année n'arrivait à rien du tout pour se libérer: - Tu veux vraiment jouer à ça avec moi, Brad ? Tu es sûr de vouloir rentrer là dedans ? Demanda Rock d'une voix menaçante avec une lueur assassine dans le regard.
Les secondes continuèrent à défiler, sans que Chris ne relâche sa proie, et Brad commença à paniquer. Il manquait vraiment d'air, et face à l'absence de réaction du Corbeau, il commençait véritablement à croire qu'il allait l'étouffer, aller jusqu'au bout ! - Tu aimerais bien pouvoir respirer, pas vrai Brad ? Lui susurra alors le Corbeau, profitant du fait que le couloir s'était vidé, et qu'ils étaient désormais seuls, avec ses deux amis, et Ellia. Tu aimerais pouvoir prendre de grandes inspirations, sentir la vie revenir en toi, pas vrai ? L'étudiant paniquait de plus en plus, mais il s'affaiblissait en même temps de plus en plus, car il n'avait presque plus d'oxygène en lui. - Alors lâche ton couteau ! Ordonna soudain le Corbeau d'une voix autoritaire.
Etrangement, le troisième année s'exécuta sans la moindre hésitation. Chris mit un coup de pied dans la lame pour qu'elle parte en direction d'Ellia, puis: - Bien... Et la prochaine fois que tu voudras faire chier quelqu'un, repense bien fort à ce moment, surtout... Ajouta Chris avant de relâcher son étreinte. Aussitôt, Brad retomba lourdement sur le sol et sur ses fesses en inspirant profondément et en soufflant comme un boeuf. Il posa des yeux terrifiés sur le jeune Raven, comme si c'était la première fois qu'il le voyait réellement. En retour, Chris lui servit un petit sourire narquois. - Bryan ! Tu devrais amener tes amis à l'infirmerie ! Ils n'ont pas l'air biens ! Lança t'il au rouquin pour qui il n'avait vraiment aucun respect.
Il se tourna alors vers Ellia, et s'approcha d'elle, et plus particulièrement de son bras: - Ca va, il ne t'a pas coupée ? Tout son langage corporel, sa manière d'être et de parler, changea aussitôt qu'il s'approcha d'Ellia. Il redevint plus souriant, plus "ordinaire". Cette espèce d'aura étrange et pour certains carrément flippante qu'il avait eue pendant qu'il menaçait de tuer Brad s'était volatilisée en un instant, cédant la place à Chris, l'étudiant modèle et souriant. Oui, sauf que... cet étudiant modèle venait de menacer d'étrangler Brad quelques secondes avant, et ça, Ellia l'avait vu...
Elle ne s'était pas attendue à être la cible de l'attaque. Vu comme il avait l'air remonté contre le plus jeune, Ellia l'imaginait plus se jeter sur lui que sur elle mais, heureusement, son corps avait agi par réflexe. L'esquive et la contre-attaque avaient suffi à la protéger d'un coup qui, à défaut d'être mortel, aurait pu être dévastateur pour tout ce qu'elle avait prévu dans sa vie. On avait déjà failli lui casser le bras, au Japon, et elle avait vu l'impact que ce genre de blessure avait eu sur son frère. Elle n'avait pas sa force émotionnelle.
Son coup de poing fut suffisant pour que le brun puisse mettre un terme à la rixe. La colère et l'angoisse retombant d'un coup, Ellia resta immobile un moment. Son regard alla de la main serrée sur la gorge de l'autre à celle qui retenait son poignet et elle suivit le mouvement des yeux. L'imbécile plaqué sur le mur qui commença lentement à témoigner de difficultés à respirer, mais semblait totalement incapable de se défaire de la poigne qui le retenait. Étrangement, elle ne fit pas un geste dans sa direction. Pas aussitôt, en tout cas. Des images lui revinrent à l'esprit. Le fameux gars qui avait manqué de lui casser le bras, avec ses deux potes pour la retenir. Quelqu'un était intervenu, un autre élève qui avait saisi son agresseur de la même manière, et qu'elle n'avait pas su arrêter. Ce jour-là elle était effondrée au sol, frappée par la peur qui l'avait saisi dès l'instant où elle avait senti son bras se tordre. Et aujourd'hui, quelle était son excuse ?
Elle ne connaissait pas assez le garçon qui l'avait aidée pour affirmer qu'il n'était pas capable de briser la nuque du type qui lui faisait face. Les yeux turquoises de la jeune fille restèrent figés sur la scène sans qu'elle fasse un geste en avant, ni même qu'elle ne bouge d'un millimètre. Non, ce n'était pas que ça et elle le savait. Ça n'était pas une question de pouvoir le convaincre ou non de lâcher. Dans le fond, elle n'avait aucune raison de vouloir qu'il arrête. Ce type avait sorti un couteau dans le but de les blesser ou même de les tuer. Il s'en était pris à une fille en trois contre un. Il ne méritait ni compassion, ni protection. Il avait essayé de la frapper avec une lame, alors maintenant qu'elle regardait la scène avec un stoïcisme presque effrayant, elle avait l'impression fugace d'avoir sa vengeance. Elle savait, elle espérait surtout, qu'elle réagirait s'il ne semblait à aucun moment prêt à le laisser partir. Mais pour l'instant, il le tenait toujours, et il suffit d'un ordre claqué soudainement pour que la lame tombe au sol.
Le couteau fut écarté en même temps que la main qui privait leur ennemi de son précieux oxygène. Ellia posa naturellement le pied dessus, par réflexe, comme si dans son état l'autre était encore capable d'essayer de la ramasser. Il avait déjà démontré une fois qu'il était capable de se remettre bien trop vite d'une contre-attaque violente, elle ne prendrait pas le risque. Mais cette fois, il se contenta de s'éloigner, une lueur terrifiée dans le regard, emmenant ses amis en tout aussi piteux état avec lui. Visiblement, les deux autres n'attendaient que ça ; elle n'avait jamais vu quelqu'un s'enfuir aussi vite.
C'est quand le brun s'approcha d'elle, soudainement beaucoup trop ordinaire, qu'Ellia réussit enfin à trouver ce qui l'avait perturbée. il était trop calme, comme s'il avait l'habitude de risquer sa vie, d'affronter des armes blanches. Même les experts en arts martiaux tiquaient quand on les pointait avec un couteau. Elle fronça légèrement les sourcils mais elle garda cette pensée pour elle. S'il était dangereux à ce point, mieux valait éviter de souligner des détails qui pourraient le faire tiquer et changer d'attitude. Elle ne tenait pas à troquer un risque raisonnable contre un nettement plus grand.
Alors elle se contenta de chasser ses réflexions en secouant doucement la tête, ses muscles se détendant presque imperceptiblement, et elle en profita pour vérifier son bras. Aucune marque, ni profonde ni même une éraflure. Elle laissa échapper un petit soupir. "Ça... va. Il n'a pas eu le temps de me toucher." Et heureusement, sinon il aurait eu d'autre soucis que de vainement tenter de respirer avec une poigne de fer serrée autour de la gorge. "Qui tu es ? Un... étudiant de première année, c'est ça ? Je suis..." Elle eut un léger instant d'hésitation. Est-ce que donner son identité était vraiment une bonne idée ? En soi elle n'estimait pas qu'elle risquait quoi que ce soit mais il avait peut-être des ennemis et elle ne tenait pas spécialement à y être associée. Elle baissa les yeux, remarqua la lame sous son pied et changea de sujet. "Il faudrait qu'on fasse quelque chose pour ce couteau, non ?" Avant d'être accusés de l'avoir ramené eux-mêmes.
Nick parle en #BD171C et en #F5634A (japonais) Ellia parle en #A73A94 et en #A98BA0 (japonais)
Le trio d'agresseurs quitta les lieux aussi vite qu'il était arrivé. Une fois leur confiance blessée, ils ne tentèrent plus rien. Surtout pas Brad, dont le mental venait d'être brisé... Une chose était sûre: il n'était pas près de retenter d'approcher Ellia ou Chris de sitôt. En tout cas, pas sans un solide plan et BEAUCOUP d'aide extérieure. Le Corbeau sourit à Ellia lorsqu'elle lui répondit qu'elle n'avait pas été touchée. Après quoi, il en vint à se présenter: - En effet, je suis en première année de Français ! Je m'appelle Chris ! Chris Raven ! Il ressentit alors l'étrange hésitation de son interlocutrice, et tenta alors de briser la glace: - Et tu es... ? La relança t'il avec un léger sourire.
Il baissa les yeux en même temps que la jolie brune sur le couteau, et son teint s'assombrit. Il eut alors une légère idée, et un sourire mauvais apparut sur son visage. - Oui, tu as raison... Je vais m'en occuper... Ajouta t'il en tirant un mouchoir de sa poche. Il se baissa, et ramassa le poignard en utilisant le mouchoir afin que les seules empreintes notables sur l'arme soient celles de Brad. Le brun hésita, regarda sa propre tenue, et soupira longuement. Il enleva son survêtement et le tendit à Ellia. Puis, Avec sa main droite, il tint le poignard, et s'attaqua l'épaule gauche, en déchirant au passage son tshirt. Ce n'était qu'une blessure très légère, mais suffisante pour le faire saigner abondament, et surtout, pour faire couler le sang sur le poignard.
Chris releva les yeux vers Ellia, puis: - Brad a dégainé son poignard, et il m'a attaqué et blessé. Après seulement, je l'ai désarmé. Tentative de meurtre. Je vais garder le poignard dans un coin, et s'il cherche à nous poser d'autres problèmes... Je lui rappelerai gentiment cette version de la réalité... Ca devrait le refroidir pour d'éventuelles futures représailles... Le brun tendit un mouchoir à la jeune Ballentine: - Fais moi un garrot rapide, s'il te plaît. Le temps que j'aille à mon appart', pour cacher le couteau, et faire un vrai pansement.
Dans ces moments là, le Corbeau pouvait être particulièrement inquiétant. Il avait déjà tout un plan pour contrôler Brad, et le maintenir à distance, à la fois de lui, mais aussi d'Ellia, bien qu'il ne la connaisse absolument pas. Et pour s'en assurer, il venait de s'égratigner le bras. Montrer son propre couteau avec le sang de Chris et ses seuls empreintes sur le manche serait largement suffisant pour effrayer Brad. Parce que même si la vraie version était différente de ce qu'Ellia et Chris raconteraient, les preuves jouaient en leur faveur. Et jamais un type aussi lâche et simplet que Brad n'irait chercher la petite bête simplement pour tenter d'avoir le dernier mot. Chris le savait, et comptait là dessus. Il avait parfaitement cerné le personnage...
Une nouvelle fois, il balaya le couloir des yeux, afin de vérifier que personne ne passait. Il n'avait pas envie que des témoins les voient avec le couteau en main. Heureusement, pour le moment, personne n'était là. Mais cela ne durerait peut être pas. Avec son tshirt désormais déchiré et tâché de sang, Chris était un peu trop voyant à son goût. Il récupéra sa veste, et dissimula le couteau enveloppé à l'intérieur du mouchoir au coeur de celle ci. - Ne restons pas là, allons chez moi ! Je me sens trop exposé, ici ! Admit le brun, qui commençait déjà à s'éloigner avant même qu'Ellia n'ait répondu.
Énergique, enjoué, et souriant. L'espace d'une seconde, Ellia se demanda s'il souffrait d'un dédoublement de personnalité, ou s'il était juste très doué pour faire semblant. Si elle ne venait pas juste d'assister à la scène, elle n'y aurait vu que du feu ; un étudiant normal dans une université n... presque normale. Il se présenta avant de lui retourner sa propre question et elle hésita encore un instant, mais finit par répondre. "Ellia. Je m'appelle Ellia." Elle ne réalisa même pas qu'elle n'avait pas donné son nom de famille alors que lui l'avait mentionné. Les présentations n'avaient jamais été son fort et elle était encore perturbée. Et pas très sereine. Il s'était présenté, oui, mais ça ne voulait rien dire. Un étudiant pouvait être une couverture pour n'importe qui, un nom pouvait être contrefait.
Parlant de choses suspectes et étranges... quand elle mentionna le couteau qui traînait encore à leurs pieds et aurait rapidement pu devenir un problème, il l'approuva. Mais il ne le ramassa pas pour s'en débarrasser d'une manière ou d'une autre ou le remettre entre les mains de l'administration. Au lieu de ça, il lui tendit sa veste, qu'elle prit sans trop réfléchir, et se blessa lui même. Elle cligna des yeux deux ou trois fois, rapidement, haussant les sourcils. S'il y avait bien une chose qu'elle n'aurait jamais, c'était celle-là. Elle s'imagina avec la même blessure et elle grimaça. Ce n'était pas profond, mais ça saignait assez pour avoir l'air douloureux. Moins qu'un ballon lancé à pleine puissance en plein visage, cela dit.
Le scénario qui lui exposa fit passer son expression d'une forme de surprise soudaine à un air un peu perplexe. Cette façon d'agir, de prévoir des choses... c'était presque digne de son frère, ou de son père dans une certaine mesure. À ceci près que c'était une technique de protection plus qu'une vengeance. Mais les méthodes restaient du même genre. "Tu es presque aussi machiavélique que les membres de ma famille..." souligna-t-elle à voix basse, plus impressionnée qu'effrayée. Quand on a côtoyé les Ballentine, on s'habitue à ce genre de comportement.
Et heureusement pour lui, elle avait l'habitude de soigner des blessures, même si elles étaient rarement de ce genre, quand même. Elle réprima un soupir et récupéra le sac qu'elle avait laissé un peu plus loin pour en sortir un des bandages qu'elle traînait tout le temps sur elle et arrêter l'écoulement du sang.
Silencieuse, perdue dans des pensées qu'elle n'arrivait pas à suivre elle-même, elle le laissa récupérer sa veste pour cacher son tee-shirt imbibé de sang, et elle le regarda ranger le couteau en sécurité. Effectivement, avec ça, les probabilités que ce gars ait ne serait-ce que l'envie de se venger venaient de diminuer d'un certain nombre de crans. Surtout que Chris avait été assez minutieux pour ne laisser absolument aucune trace. Pas de doute, c'était un professionnel en la matière. Et probablement pas un flic. Ce qui rendait sa phrase suivante nettement plus sujette à débat.
Oui, il était blessé. Elle l'avait soigné grossièrement et ils devaient sans doute se mettre d'accord sur une version histoire de ne pas avoir de dissonance si l'autre idiot tentait quand même de revenir leur pourrir la vie. Peut-être même qu'il aurait besoin d'un coup de main pour vraiment soigner sa blessure. Mais elle hésita un moment à le suivre. Elle finit cependant par le rattraper. Elle avait toujours été du genre à aider les gens sans réfléchir, l'idée de laisser ça de côté juste par méfiance était dérangeante. C'était renier une partie de sa personnalité par peur, et ça ne lui plaisait pas. "Tu es en résidence, ou tu habites en ville ?" Parce que mine de rien, si elle devait se trimballer à Londres avec un gars taché de sang, elle préférait le savoir à l'avance, ne serait-ce que pour lui proposer, justement, d'éviter ça.
Nick parle en #BD171C et en #F5634A (japonais) Ellia parle en #A73A94 et en #A98BA0 (japonais)
Cette jeune fille s'appelait donc Ellia. Et elle était à présent la première étudiante auprès de qui Chris s'était compromis de façon aussi profonde. Sans compter Tessa, bien sûr. Mais en ce qui la concernait, c'était beaucoup moins grave. Le piratage de son dossier scolaire avait rapidement permis au Corbeau de se rendre compte qu'elle était non seulement une membre de l'IRS, mais aussi et surtout une jeune fille qui avait de nombreux problèmes psychologiques à résoudre. Même si elle commençait à raconter des histoires sur lui, elle aurait probablement une barrière de crédibilité à briser avant de devenir une menace pour lui... En revanche, pour cette inconnue, cette Ellia, c'était une autre paire de manches...
Elle ne lui avait d'ailleurs pas fourni de nom de famille, mais cela ne le fit pas tiquer particulièrement. La plupart du temps, il faisait de même lorsqu'il se présentait. De son côté, le Corbeau se laissa emporter par l'urgence de la situation: créant un plan de toutes pièces capable de maintenir ce Brad à distance d'eux et de les protéger d'éventuelles représailles, il ne se rendit pas compte que la façon dont il se comportait n'était pas vraiment celle d'un étudiant modèle. Pas du tout, même ! Ce n'est que lorsque la brune lui fit une remarque sur sa famille que Chris répondit avec un sourire étrange en levant les yeux vers elle: - Vraiment ? Allez, viens ! 'Faut pas rester là !
Tout en courant vers la résidence Lightstorm, Chris s'immobilisa soudain, et se tourna vers la brune en se rendant comptant de tout ce qu'il avait fait devant elle. En s'étant laissé emporter par ses instincts, il avait au passage brisé sa couverture d'étudiant modèle devant la jeune Ballentine. Et impossible de revenir en arrière, à présent ! Il n'était même pas la peine d'y songer, c'était trop tard pour ça ! Il allait falloir faire avec ! Tentant de dissimuler son embarras, il fit semblant d'attendre qu'elle arrive à sa hauteur, puis en profita pour répondre à l'interrogation d'Ellia: - Non, t'en fais ! Je suis en résidence LightStorm ! C'est pas loin d'ici ! Ajouta t'il, avant de reprendre sa course.
Il s'avança jusqu'à la porte du bâtiment, puis se tourna vers la jolie brune en lui donnant les clés de son appartement: - Passe devant ! Il faut s'assurer que personne ne me voie avec ça dans les mains ! Lui dit il en désignant ce qu'il cachait sous son survêtement de sport d'un hochement de tête. Direction L11 ! Il laissa Ellia passer la première, puis tous deux arrivèrent très vite jusqu'à l'appartement du Corbeau, situé très près des sorties. Rien d'anormal, puisqu'il s'était assuré qu'il en soit ainsi lorsqu'il s'était inscrit...
Il laissa la jeune Ballentine ouvrir la porte, et entra en premier. Laisser entrer quelqu'un dans sa chambre n'était pas pour lui plaire. Ce n'était jamais arrivé, et parano comme il était, il n'avait pas l'intention que ça arrive avant un moment. Peu importe que ce soit une jolie étudiante brune ou non. En entrant, Ellia put voir sur la gauche un étendoir sur lequel séchaient des affaires, et derrière, le lit une place de Chris, qui était encore défait. Sans être quelqu'un de bordélique, il n'était pas non plus spécialement maniaque, il fallait bien le dire.
En face du lit, et dans le coin opposé de la pièce, se situait un grand bureau sur lequel étaient posés trois écrans et un PC, avec clavier et souris. Tout un matériel de geek. De toute évidence, et bien qu'il soit un grand sportif, Chris était également un micromaniaque convaincu. Il y avait pas mal de post it de toutes les couleurs et un grand tableau blanc sur lequel il écrivait visiblement souvent au feutre, mais qui ici était vide. La seule information écrite était: "Vacances le 24 juin. Penser à remplir le formulaire et à le remettre à l'administration !!!"
Dans le coin opposé droit était installé un petit coin télé avec une petite table et un canapé, ainsi qu'une console de jeu. Et sur le mur de droite un petit coin cuisine.
Mais le plus étrange, et le plus étonnant, était sans aucun doute situé à côté du coin PC, entre le bureau et la porte de la salle de bain: il y avait un second tableau blanc, d'environ 1m50 sur 1m, et ce tableau là n'était pas vide. C'était comme... un immense jeu d'énigme que Chris tenterait de résoudre depuis des mois... Des posts it partout, reliés par des flèches tracées au feutre, de différentes couleurs, tentant de lier différentes pistes les unes aux autres afin de chercher... quelque chose ? Quelque chose qu'Ellia ne pouvait pas comprendre en parcourant ça d'un simple regard. Le seul à pouvoir comprendre ces notes compliquées et difficilement lisibles, était Chris. Même s'il avait laissé du temps à Ellia pour tenter de comprendre de quoi il s'agissait, elle n'aurait pas pu. Et de toute façon, il ne lui en laissa pas !
Jetant son haut de survêtement sur son grand fauteuil de bureau au passage et sans s'arrêter, le Corbeau se dirigea directement vers la salle de bain. Il posa délicatement le couteau enveloppé dans le lavabo, avant d'appeler Ellia: - Ellia, tu peux venir, s'il te plaît ?! Tout en l'appelant, il sortit d'un placard une trousse de premier secours étonnament bien fournie pour traiter ce genre de blessure, et particulièrement bien rangée aussi. Les bandages étaient pliés soigneusement, et chaque chose était à sa place.
Sans hésiter, il enleva son tshirt et le jeta à côté du couteau, pour se retrouver torse nu, avant de regarder le garrot: il avait tenu le coup, même si la blessure avait continué à bien saigner. - Tu es prête ? On va faire le pansement, comme ça, ce sera fait ? Lui demanda t'il sans hésitation dans la voix.
Dire qu'il n'était pas ordinaire aurait été le plus gros euphémise de son existence. Parvenait-il vraiment à passer pour une personne normale dans cette école ? Sans doute, mais il semblait ne pas, ou ne plus, s'en soucier avec elle. Évidemment, elle avait vu assez de choses pour que son petit jeu d'étudiant modèle soit éventé en une seconde, mais ça restait perturbant, parce qu'elle avait entraperçu cette part de lui, ou ce rôle, avant qu'elle ne mentionne le couteau. Ensuite... ensuite il avait été digne des plans de vengeance tordue de son père ou de son frère. Et maintenant elle se retrouvait avec un inconnu blessé sur les bras.
Comme s'il avait décidé de lui rappeler encore davantage sa famille, le jeune homme quitta les lieux en courant et elle le suivit, moins rapidement parce qu'elle était légèrement moins pressée et en proie à des hésitations qu'elle finit par chasser. Elle se trouva assez vite à sa hauteur, il semble qu'il l'avait attendue. Il en profita pour répondre à sa question et elle haussa un sourcil. "On est voisin, alors..." C'était plus une réflexion pour elle que de véritables paroles destinées au jeune homme. Elle ne l'avait jamais croisé avant aujourd'hui. Est-ce qu'il était un nouvel élève ou bien leur horaires étaient-ils radicalement différents ? À moins que ce ne soit simplement parce que son comportement n'avait rien de remarquable avant aujourd'hui. Ils semblaient avoir cours dans le même bâtiment, après tout, mais s'il se comportait comme un gars normal la plupart du temps, elle n'avait peut-être juste pas noté sa présence.
Elle récupéra sa carte étudiante et la garda en main sans y jeter un œil. Elle connaissait déjà son nom et présumait de son sujet d'études et, de toute manière, s'il était vraiment dangereux, le mieux était de ne pas trop fouiner dans ses affaires. Elle ne voulait pas se voir ajoutée à sa liste d'ennemis. Elle se dirigea vers la chambre qu'il avait indiqué, passa la carte sur l'ouverture magnétique et le laissa la récupérer s'il en avait envie. Elle n'avait de toute manière aucune intention de garder quoi que ce soit qui puisse la mettre en danger.
Malgré elle et son absence naturelle de curiosité invasive, Ellia jeta quand même un œil dans la pièce autour d'elle. Sa chambre était presque mieux rangée que la sienne – ce qui en disait long sur le peu d'importance qu'elle attachait à ce genre de choses – et beaucoup plus remplie aussi ; PC, console, télé, canapé, deux tableaux blancs, bref dix fois plus de trucs que dans la sienne. Elle avait presque du mal à croire qu'il ait réussi à caser tout ça dans une résidence universitaire, alors qu'elle s'était contentée de son lit, son vivarium et beaucoup trop d'affaires de sport dispersées dans tous les coins.
Son regard ne se posa pas très longtemps sur la longues séries de post-it et de traits de feutre qui ornaient le deuxième tableau. C'était sûrement mieux comme ça, de toute manière. Elle aurait détesté voir quelque chose qui aurait dû rester secret. Ellia ne s'attarda pas, le rejoignant dans la salle d'eau.
Quand il retira son t-shirt, elle remarqua deux choses. D'abord la cicatrice au niveau du poumon dont elle détourna le regard assez rapidement, ensuite qu'elle n'était pas aussi mal à l'aise qu'elle aurait pu le penser. Peut-être que c'était parce que ces angoisses étaient portées ailleurs et que son instinct focalisait trop son attention pour qu'elle se sente gênée. Elle hocha la tête et se concentra sur la blessure qu'elle devait soigner.
Elle sortit tout ce dont elle avait besoin de la trousse de secours. Bon, elle n'avait jamais soigné de de blessures au couteau, son truc c'était plutôt les conséquences de chocs, de faux mouvements ou d'entraînements trop intenses, mais la blessure n'était pas assez profonde ni sérieuse pour qu'elle ait spécialement à s'inquiéter. C'est limite s'il n'aurait pas pu la soigner tout seul, à vrai dire, si la blessure avait été ailleurs qu'au bras. Un peu trop professionnel, comme coupure. Ça n'empêchait pas qu'elle était assez impressionnante. Il y avait de quoi la recoudre dans la trousse de soin mais Ellia hésita un peu avec une légère grimace. Elle se blessait assez souvent pour avoir appris à coudre, histoire de pas dépenser des centaines de dollars dans des fringues, mais sur une personne... Elle n'était pas sûr de s'en sortir correctement. Au moins elle était à peu près sûre qu'il n'afficherait rien si elle lui faisait mal.
Un peu anxieuse, elle prit une grande inspiration, ferma les yeux une secondes, puis elle fit appel à toute sa concentration pour refermer la blessure du mieux possible en tachant d'oublier le sang qui remontait sur ses mains. Heureusement qu'elle n'en avait jamais eu particulièrement peur ; encore moins depuis le ballon qu'elle s'était pris en plein visage et qui lui avait cassé une incisive. Elle n'aurait pas pu se permettre de trembler même si elle avait peur de mal s'y prendre mais, au pire, s'il avait autant l'habitude qu'il en avait l'air, il la corrigerait si elle faisait quelque chose mal. Quand elle eut terminé, elle récupéra un bandage pour refermer la blessure puis recula d'un pas. Parce que malgré tout, la proximité avec un homme à moitié nu maintenant qu'elle n'était plus dans "l'urgence" la mettait quand même un peu mal à l'aise. "Ça devrait suffire."
Nick parle en #BD171C et en #F5634A (japonais) Ellia parle en #A73A94 et en #A98BA0 (japonais)
En temps normal, se déshabiller devant une jeune femme, jolie de surcroît, n'aurait pas été une action si facile pour l'universitaire. Il était timide, maladroit, et peu habitué à cotoyer le sexe féminin, et cela se sentait très souvent lorsqu'il faisait face à une fille. Seulement voilà, ce n'était pas un "temps normal". Chris avait cédé la place au Corbeau, et l'élève modèle avait laissé l'assassin prendre les commandes. Il enleva son haut sans la moindre hésitation devant Ellia, conscient qu'elle allait voir la cicatrice qu'il dissimulait avec soin chaque jour depuis qu'il était ici , à Londres. Ils n'étaient plus à ça près, de toute façon. Elle savait. Elle savait qu'il n'était pas ordinaire, et elle savait que Chris n'était qu'un mirage. Il avait merdé et s'était laissé emporter devant elle. Sa première véritable erreur depuis qu'il avait crée ce personnage depuis qu'il fuyait Black Thorn. Et maintenant, il ne savait pas quoi faire pour s'assurer qu'elle ne parlerait jamais.
Il conservait son calme malgré la situation critique dans laquelle il se trouvait et malgré le maëlstrom mental dans lequel il se noyait actuellement, conservant un visage olympien. De toute façon, tant qu'elle restait près de lui, à proximité, il avait du temps pour réfléchir à la suite. Et le temps, justement, c'était la monnaie la plus précieuse dont il avait besoin actuellement ! Il aurait pu paniquer, et faire en sorte qu'elle ne parle plus jamais. Mais ce genre de plan était dangereux, et difficile à gérer sans l'avoir prévu à l'avance. Sa couverture pourrait en souffrir, auquel cas son séjour à Indarë serait terminé, quelques mois après avoir commencé...
Heureusement, quelque chose chez cette fille semblait... différent, peu ordinaire. Elle n'avait visiblement pas l'habitude du sang et des combats, mais elle semblait suffisamment raisonnable et intelligente pour être capable de conserver son secret. Etant donné la situation, c'était suffisant pour lui. Restait à présent à s'en assurer en l'interrogeant...
Même s'il aurait pu le faire lui même, recoudre son bras serait toujours fait de manière plus propre par quelqu'un d'autre. C'était une règle de base. Il s'assit donc, et attendit patiemment, à l'affût du moindre de ses gestes, observant, prêt à réagir en cas de réaction imprévue de la brune... Il observa son visage lorsqu'elle planta l'aiguille dans sa chair. Il plissa légèrement les yeux pour contenir la douleur, seule réaction à celle ci tandis que la jeune Ballentine faisait une légère grimace. Il élimina alors la possibilité qu'elle fasse des études médicales au vu de sa réaction, procédant patiemment par éliminations, tentant de comprendre qui elle était et pourquoi elle ne paniquait toujours pas au vu de la situation dans laquelle ils se trouvaient.
Les poings légèrement serrés sur sa chaise durant toute "l'opération", il demeura immobile tout en réfléchissant à la suite. Que faire d'elle ? Comment s'assurer qu'elle ne risquait pas de menacer éventuellement son identité ? Il en savait trop peu sur elle pour pouvoir prendre une décision... Lorsque finalement, elle eut terminé le bandage, il l'examina, et le trouva plutôt bien fait pour une débutante. Il leva les yeux vers elle et hocha la tête avec un très léger sourire en coin. Rien à voir avec le genre de sourire que Chris pouvait fournir habituellement quand il jouait un rôle, et cela se voyait, d'ailleurs, une fois que l'on voyait les deux en parallèle. Il se leva et bougea son bras un petit peu, avant de prendre enfin la parole après ce long mutisme: - Merci... C'est du bon travail pour une débutante, dis moi ? Tu en as déjà fait par le passé ?
Il sortit de la salle de bain, laissant Ellia se rincer et chasser le sang souillant ses mains. De son côté, il s'assura qu'elle ne pouvait pas sortir de sa chambre. Pas avant qu'ils n'aient eu une petite conversation, en tout cas... Il s'empara de sa carte étudiant posée sur son bureau, et la mit dans sa poche avant d'attraper un tshirt propre sur son étendoir, et de l'enfiler. Puis, il alla s'assoir dans le fauteuil de son bureau, et attendit qu'Ellia ait fini dans la salle de bain. Lorsque finalement elle émergea, il la jaugea quelques instants d'un oeil suspect, ne semblant plus vraiment cacher son jeu, avant de soudainement lui dire: - Parlons un peu de toi, Ellia. J'ai cru comprendre que tu loges dans la résidence aussi ? Tu fais des études dans quoi ?
Lorsqu'il faisait un interrogatoire, le Corbeau commençait toujours par une question simple. Et ensuite, il entrait dans le vif du sujet...
Au final, la seule différence entre recoudre des vêtements et recoudre une blessure, c'était l'état de ses mains à la fin. Et la possibilité non-négligeable d'entendre des cris, des grincements de dents ou au moins des gémissements, mais elle semblait avoir eu la chance de tomber sur une personne beaucoup trop stoïque.
Une fois qu'elle eut terminé de recoudre et panser la blessure, elle resta un moment immobile à fixer ses mains, comme si le sang allait disparaître en un simple coup d’œil. Elle avait encore du mal à réaliser qu'elle se retrouvait à soigner la blessure au couteau d'un mec qui se l'était infligée lui-même. Mais bon, au moins ça n'était pas trop catastrophique, comme il le souligna. Elle haussa vaguement les épaules. "Des bandages ? Assez souvent. Recoudre par contre... J'imagine que ce n'est pas si différent de recoudre des fringues..." Ellia le regarda sortir de la salle et resta un peu interdite un instant, puis elle finit par remettre ses esprits en place et rinça le sang sur ses mains. Heureusement, avec les blessures sur le terrain, elle était loin d'en avoir peur, ça aurait compliqué les choses.
Quand elle quitta la salle de bain, le jeune homme avait enfilé un tee-shirt. Ce qui l'arrangeait en fait, parce que maintenant que l'aspect "urgent" de la situation n'était plus de mise, elle aurait probablement été beaucoup trop mal à l'aise face à un garçon à moitié nu. Ça, pour le coup, c'était quelque chose dont elle avait nettement moins l'habitude. Plus accoutumée au sang et à la violence qu'à la nudité ? Eh bien au moins, elle correspondait bien aux clichés des États-Unis. Comme il était assis et qu'il la regardait, elle n'eut pas vraiment de mal à comprendre qu'elle ne sortirait pas de cette pièce tout de suite. Elle se crispa légèrement, gardant ses mains dans les poches de sa veste pour cacher son réflexe de serrer un peu les poings – comme si ça allait lui servir à quelque chose contre lui.
"Je suis une sportive. Handballeuse professionnelle, les études sont juste une pause." En partie. C'était surtout parce qu'elle n'aurait pas eu mille manières de vivre au Japon à 18 ans si elle ne s'était pas inscrite à l'université et qu'il était hors de question qu'elle laisse son frère y aller seul quand il était parti rejoindre son gamin. Et maintenant qu'elle était là... autant finir ce qu'elle avait commencé. Au mieux, elle ferait de la pub à l'université. "Même si ça reste des études en sport. Une demi-pause, disons." Elle était même prête à lui donner la liste de ses cours si c'était vraiment ce qui l'inquiétait, quoiqu'elle s'assurerait sûrement qu'il n'ait pas les horaires. L'idée qu'un gars comme lui puisse la suivre à la trace ne la tentait pas franchement.
Nick parle en #BD171C et en #F5634A (japonais) Ellia parle en #A73A94 et en #A98BA0 (japonais)
Ainsi, Ellia était une sportive professionnelle de haut niveau qui faisait une pause dans sa (future ?) carrière à travers ces études. Dans quel but ? Elle ne tenait pas à lui dire, de toute évidence, et le Corbeau sentit bien qu'elle filtrait les infos qu'elle voulait bien lui donner. D'un côté, il ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, elle était en territoire hostile, et sans défense si elle ne connaissait rien aux techniques de combat au corps à corps. Enfermée seule avec Chris dans sa chambre, s'il se mettait soudainement en tête de l'agresser, elle ne pourrait pas y faire grand chose. Le fait qu'elle se montre prudente démontrait aux yeux de l'assassin un minimum d'intelligence. Mais de l'autre... Il se devait de s'assurer que ce qu'elle avait vu et désormais compris à son propos ne se répandrait pas, et que les informations qu'elle possédait à présent sur lui ne se retourneraient pas contre lui.
Chris n'était pas quelqu'un de méchant. Il était même d'une nature plutôt gentille, en fait. Sinon, Black Thorn ne l'aurait jamais trahi, et il n'aurait jamais dû changer précipitamment de vie et s'en fabriquer une nouvelle du jour au lendemain. Il n'éprouvait aucun plaisir à se comporter comme il le faisait avec Tessa, ou avec Ellia. Mais avec les gens qui n'étaient pas habitués à fréquenter les gens de l'ombre, la coercition était une arme puissante ! La peur scellait facilement les actions, tout autant que la parole. C'était une alliée de choix pour le Corbeau. Certainement sa meilleure, en fait.
Tandis que la belle sportive répondait à ses questions, le brun réfléchit à ses options, et à sa manière de gérer la jeune femme. Il n'était pas idiot. Il avait bien senti que quelque chose clochait chez elle. Pourtant, il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Elle semblait relativement normale. Peut être devenait il parano, en fin de compte ? Elle n'avait certes pas été choquée par la vue du sang, et elle dissimulait certaines informations avec soin, sans pour autant perdre confiance face à son interlocuteur. Et malgré ça, elle avait eu du mal à supporter la vision de l'aiguille s'enfonçant dans la chair lorsqu'elle l'avait recousu. Les données se contredisaient dans sa tête, et il était confus tandis que ses yeux de brume fixaient la soeur Ballentine en tentant de la jauger.
Finalement, il se mit à pianoter de manière un peu distraite sur son ordinateur, qui s'alluma aussitôt, sans pour autant quitter son invitée des yeux. - Alors nous avons un point en commun, je vois, lui dit il avec un léger sourire pour meubler un peu l'attente. Je suis moi aussi un sportif. Je ne compte pas devenir professionnel contrairement à toi, mais je passe énormément de temps à faire du sport. Il pianota à nouveau tandis qu'il lui parlait, sur l'écran de gauche, celui qu'Ellia ne pouvait pas voir d'où elle était. Finalement, l'expression sur son visage s'éclaira légèrement. Il fixa l'écran, puis le visage d'Ellia, et à nouveau son écran, avant de sourire étrangement. Un sourire carnassier, qui s'évanouit presqu'aussitôt.
Il se désintéressa alors de l'écran et se tourna alors à nouveau complètement vers la jeune femme: - Bon, assez plaisanté... Nous savons tous les deux que tu as compris que je ne suis pas un élève ordinaire, pas vrai Ellia ? A ces mots, il se leva de son fauteuil, mais au lieu d'aller vers elle, il se dirigea vers le coin cuisine, et ouvrit son petit frigo pour attraper une petite bouteille d'eau. Il se tourna, et s'appuya contre le plan de travail, avant de poursuivre: - Peu m'importe de savoir pourquoi tu es effrayée, et les raisons de tes peurs. Je te propose un deal: tu ne t'occupes pas de mes affaires, et j'en ferai autant en ce qui concerne les tiennes. Les Ballentines sont peut être machiavéliques, mais ça ne m'intéresse pas de savoir dans quels cas ils le deviennent. Qu'est ce que tu en dis ? Là dessus, il but au goulot de sa bouteille, et la reboucha avant de lui faire un léger sourire.
Si la jeune femme s'avançait vers lui elle serait alors capable de voir l'écran sur lequel il avait pianoté et de comprendre qu'il avait hacké la base de données de l'université d'Indarë. A partir de là, il avait remonté la liste des "Ellia", et comparé à l'aide des photos des différentes cartes d'étudiants afin de trouver la bonne Ellia. Mais il ne s'était pas arrêté là... Il tourna la tête vers l'écran de son PC pour y regarder l'heure, avant d'ajouter avec un sourire narquois: - Mais nous ne devrions peut être pas avoir cette conversation maintenant. Après tout, ton cours de coaching commence bientôt et je suis sûr que tu ne voudrais pas arriver en retard. N'est ce pas... ? Ajouta t'il en se tournant vers elle, avec un léger sourire affiché sur le visage.
Contrôler, manipuler, effrayer. Chris était doué dans ces domaines lorsqu'il s'y collait. Non pas qu'il aime ça. Mais il devait être sûr qu'Ellia ne serait pas un danger pour lui. Et dans ce cas précis, les règles étaient ce qu'elles étaient...
Un autre sportif ? Ou une simple couverture ? Les deux étaient plausible. Mais peut-être qu'il aimait juste honnêtement faire du sport. Tout ça la rendait paranoïaque. Ça ne lui ressemblait pas, de se méfier autant de quelqu'un. Certes, il lui fallait toujours un certain temps avant d'accorder sa confiance à quelqu'un et de croire qu'il y avait un fond de vérité dans ses mots, mais jamais elle ne mettait autant en doute la parole de quelqu'un.
Presque naturellement, elle hocha la tête à sa question. Elle n'était pas idiote, ni imprudente. On ne ment pas dans ce genre de situation. L'honnêteté, face à quelqu'un comme lui, restait la meilleure des assurances vie. Quand il se leva, elle eut malgré tout un petit mouvement de recul, un simple pas en arrière ; mais il ne s'avança pas vers elle. C'est le frigo qu'il rejoignit, pour prendre quelque chose à boire.
Ellia fronça quand même les sourcils à mesure qu'il continuait de parler. Elle n'aimait pas qu'il sache qui elle était. Qu'il connaisse son nom. C'était sûrement ça qu'il avait fait sur son ordinateur avant de se lever, elle en était consciente. Mais même s'il n'était pas après elle, ça la mettait mal à l'aise.
"Je n'ai aucune intention de me retrouver avec des problèmes." Était-ce vraiment la peine de chercher plus loin ? Elle était persuadée que non, mais elle savait aussi que les gens qui se sentent traqués ont besoin d'être rassurés sur la nature de ceux qu'ils croisent. Et celui qui se tenait en face d'elle était soit un traqueur, soit une proie. Elle n'était pas sûre de savoir lequel serait le plus dangereux.
Cela dit, elle avait beau être relativement calme, elle tiqua quand même à sa dernière phrase. Il connaissait même ses horaires - mais pas le sujet de ses cours, visiblement, vu qu'il était persuadé que c'était du coaching. Logique, s'il avait fouillé dans l'université, mais elle n'aimait pas son intonation. Ni idiote, ni imprudente, mais un peu trop fière, peut-être. Le sang des Ballentine supportait mal l'intimidation. "Tu n'as pas besoin de me menacer, ni de me dire tout ce que tu sais sur moi. Je n'ai pas envie de venir fouiller ta vie, crois-moi." Elle avait contenu au maximum la note d'irritation dans sa voix, qui s'était quand même un peu invitée dans sa phrase. Puis elle soupira."Si tu tiens vraiment à avoir une conversation, on peut, après. Tu connais mes horaires, après tout." Bon, ce n'était pas bien malin. il était clairement plus froid qu'elle, ce qui tenait pour beaucoup du record, et elle venait de faire un pied-de-nez à toutes ses mesures de prudence jusque là, mais elle n'aimait pas se sentir menacée. C'était de famille.
Nick parle en #BD171C et en #F5634A (japonais) Ellia parle en #A73A94 et en #A98BA0 (japonais)