Damen Irridval

Lycée |:| En vacances

Qu'y a-t-il de plus ennuyeux que les cours ? Les vacances d'été, bien sûr. Rien à faire, plus d'occasion quotidienne de croiser des personnes intéressantes, sans compter qu'il doit passer la majeure partie de son temps chez lui - en théorie, en tout cas, mais il faudra s'accrocher pour l'y forcer. Heureusement, entre ses "amis" et son travail, il a de plus en plus d'endroits où aller pour ne pas avoir à supporter la présence de son père et de l'autre, qui a hérité du rang de secrétaire maintenant que la campagne est finie. Parce que se débarrasser purement et simplement d'elle aurait été trop simple. Enfin, pour l'instant, son père est dans son bureau, c'est le moment parfait pour se barrer. Et un jour, il reconsidérera la possibilité de partir pour de bon. Mais tant que sa mère est là...

Il y pensera plus tard. Pour l'instant, il quitte la villa familiale pour aller faire un tour en ville. En temps normal, il traîne plutôt dans des quartiers peu fréquentables, pour se donner un frissons ou pour contacter des personnes tout aussi peu fréquentables, mais même ça commence à l'ennuyer ces derniers temps. À partir de quel moment la débauche devient répétitive ? Ou est-ce qu'il a déjà tout fait dans ce monde pour ressentir toujours cette profonde lassitude ? Blasé, il décide pour changer de se diriger vers une région de Londres qui est techniquement plus adaptée à sa classe sociale. Des grandes boutiques de luxe où son père achète des chemises au prix du contenu entier d'un bar aux boîtes huppées où les incidents sont cachés sous le tapis au lieu de finir dans les faits divers, c'est typiquement le genre d'endroit qu'il déteste en temps normal, mais au moins ça lui change.

Peut-être que c'est ça qu'il lui faut. Du changement. Quelque chose qu'il n'a jamais fait. Le problème, c'est qu'il commence à arriver à court d'idées. C'est dangereux. Déambulant tout en cherchant quelque chose d'intéressant à faire, il finit par entrer dans une boutique un peu moins huppée que les autres. Moins d'agent de sécurité, parce qu'il n'est pas spécialement partant pour se faire casser une côte en essayant de s'enfuir. Mais il a envie de tenter un truc. Voler quelque chose. S'il y a bien une chose qu'il n'a jamais vraiment fait - les cartes d'accès des Castel ne compte pas - c'est voler quelque chose en risquant de vraies conséquences. Parce que piquer des trucs dans son lycée, c'est une chose, généralement il en récolte des heures de colle auxquelles il ne va pas, ou alors on se contente de reprendre la chose piquée en question. Mais dans un magasin... c'est un défi différent.

Après s'être assuré qu'aucun employé ne regarde dans sa direction, il s'avance vers un rayon. Il lui faut quelque chose qu'on n'irait jamais chercher sur lui, quelque chose dont il n'a pas besoin et qu'il n'irait jamais acheter en temps normal. Ça réduit grandement les choix. Mais vu qu'il a la dalle, et qu'il a des employés plutôt mignons ce soir, il finit par opter pour quelques tablettes de chocolat. Pas trop son truc, de base, mais ça fera plaisir aux autres. Parfois, il faut savoir acheter les gens avec autre chose que des trucs illégaux.
Bon, c'est un truc légal obtenu illégalement, mais l'idée est là.

Il glisse trois paquets dans la poche intérieure de sa veste puis farfouille encore un moment dans le magasin comme s'il avait vraiment l'intention d'acheter quelque chose. À chaque rayon, il enlève un emballage carton, pour ne garder que l'aluminium et le chocolat. En prime, ça fera goût surprise, mais c'est surtout pour ne pas avoir le code barre. Une fois ses trois paquets rendus anonyme, il sort les mains dans les poches, l'expression la plus innocente du monde sur les traits. Qui l'arrêterait ? La plupart des gens qui le connaissent savent qu'il est riche, donc ne l'imaginent pas voler quoi que ce soit. Les autres se font facilement avoir par sa bouille angélique. Il est insoupçonnable.

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L'impunité est tout un art, assez difficile à mettre en place. Étrangement, même dans une ville où son visage finit en couverture des magazines à scandale, les gens ne le soupçonnent pas de choses aussi banales que de voler du chocolat. On l'imagine dans les ruelles sombres à échanger beaucoup trop d'argent pour un gars de son âge contre des produits qui ne devraient même pas circuler de main en main. On l'imagine boire jusqu'à se rendre malade pour tomber dans les pommes au coin d'une rue. On l'imagine secouer les conventions et envoyer balader tout ce qui a permis à son père de devenir riche, ironiquement, tout ce qui lui permet de mener ce train de vie. Ceux qui connaissent un tant soit peu son visage voient en lui l'image de la débauche et du gamin incontrôlable et perdu pour de bon, mais voler du chocolat dans un magasin ? Non. C'est trop banal pour lui, voyons.
En attendant, c'est quand même amusant.

C'est un petit défi qu'il ne s'est finalement jamais vraiment lancé. Il a tellement toujours fait dans l'excès qu'il en oublie les petits plaisirs de la vie. Les petites réussites comme celle-ci, de passer au nez et à la barbe des vigiles avec ses tablettes de chocolat dans la poche, insoupçonné et insoupçonnable. Un jeu d'acteur basique, mais si le monde est une scène de théâtre, il a toujours été bon acteur. Comment expliquer, sinon, que les gens continuent de graviter autour de lui et de s'attacher à lui alors que toute personne disposant d'un semblant de bon sens se tiendrait à l'écart ?

» Eh, dis-moi. T'aurais pas du chocolat, par hasard ?

Il s'arrête. La coïncidence est trop troublante. Une petite frappe lui aurait demandé de l'argent, surtout qu'il suffit d'un coup d’œil à ses vêtements faussement simples pour savoir qu'il ne les a pas eu à la friperie du coin. Et du chocolat, c'est trop gros pour être un coup de chance. Il se tourne donc, lève la tête, grimace. Comment est-ce possible d'être aussi grand. Ce mec mesure quoi, deux mètres ? Ou pas loin. Urgh. Il n'aime pas avoir à lever la tête pour regarder quelqu'un dans les yeux.

» Ça dépend. T'as une raison particulière pour me le demander au lieu d'aller l'acheter comme un grand ?

Bien sûr qu'il a une raison particulière, mais ce que Damen cherche à savoir, avant tout, c'est l'attitude à adopter. Est-ce que ce type essaye de lui faire la morale ? Il n'a pas l'air tenté de le dénoncer, sinon il se serait placé plus près des caisses pour que les vigiles puissent l'entendre. Son petit sourire en coin veut tout et rien dire. Soit il se moque de lui parce qu'il s'est fait repérer facilement - il faut dire qu'il a cherché à être discret pour les agents de sécurité, pas pour les clients – soit il s'attend à ce que Damen démente complètement cette histoire de chocolat, soit il espère lui faire peur pour le récupérer mais ça serait un peu étrange, soit… ouais, beaucoup de possibilités. Pour l'instant, il va retenir que c'est sûrement un test, donc il met ses mains dans ses poches, désinvoltes.

» C'est quand même louche d'aborder les gens à la sortie des magasins comme ça.

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Bon, d'accord, il est totalement grillé. Ce mec l'a suivi pour lui parler du fait qu'il a volé du chocolat, c'est certain. Reste à savoir ce qu'il veut de plus. Il n'a pas l'air de vouloir le dénoncer, alors quoi ? Jouer un peu ? C'est son truc à lui, ça, d'aller titiller les gens sans raison autre que l'ennui. Quant au gars en face de lui… en dehors de sa taille, il n'a rien de spécialement remarquable. Cheveux blonds, yeux marrons, style passe-partout, capuche vissée sur le crâne. Un piercing à la lèvre, déjà, ça sort un peu de l'ordinaire mais sans plus. Mais à bien y réfléchir, ce sont souvent les types qui ont l'air le plus "presque normaux" qui le sont le moins. Quelque chose ne colle pas dans cette image.

» Au pire, il fondra. Un peu de chocolat dans une poche n'a jamais tué personne.

Et puisqu'il est parti pour penser que ce gars ne va pas le dénoncer, il sort une des tablettes de sa poche pour casser une ligne et la tendre au blond trop grand qui lui fait face.

» Tiens, ton chocolat.

C'est lui qui a demandé, non ? Lui n'a jamais été très fan du chocolat, mais c'est un grignoterie comme une autre et tant que ça lui occupe la bouche et l'esprit, il s'en contentera. Il croque dans un carré en observant l'autre. Visiblement, son interlocuteur a l'air de réfléchir à un question très important ; question qui finit par franchir ses lèvres et tirer un petit rire à Damen. Le type l'avait sondé un peu trop facilement. Ou reconnu ? Peut-être un peu des deux.

» Qu'est-ce qui aurait pu me pousser à le faire ? C'est tellement simple.

Le moteur principal de toutes ses actions : pourquoi pas ? Pourquoi ne pas voler dans un magasin, pourquoi ne pas se percher sur le toit pour boire une bière, pourquoi ne pas organiser une fête, pourquoi ne pas fumer, pourquoi ne pas porter une robe de mariée au bal de fin d'année… Les possibilités sont infinies.

» Tu as l'air quand même bien curieux. Et tu as aussi l'air de me connaître, est-ce que je peux avoir un peu plus d'infos où tu préfères garder ton privilège ?

Peut-être que ce type l'intrigue un peu. Ou peut-être que, dans son ennui, il cherche juste autre chose pour s'occuper.

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Ce mec est étrange. Il l'arrête sans raison valable, alors qu'il semble se soucier des règles comme de sa dernière cuite, et il n'a ni l'intention de le dénoncer, ni de le faire chanter, ni de récupérer le chocolat, en dehors des quelques carrés qu'il vient de gagner avec sa demande. Il a le regard vide, tellement inexpressif que Damen a l'impression de faire face à des yeux de verre. D'accord, c'est rare. C'est même un peu flippant selon le point de vue. En plus de ça, il a l'air juste vraiment curieux de savoir pourquoi il a volé ce chocolat, et le "pourquoi pas" qu'il a obtenu en réponse ne semble pas le satisfaire. Difficile, pourtant, de faire mieux. Les gens ont tendance à lui attribuer des projets et des plans qu'il n'a pas. D'accord, parfois il planifie à l'avance, comme pour l'élection de son père ou l'ouverture de son club, mais la plupart du temps, il respecte à la lettre la réputation qui lui colle à la peau : le chaos.

Alix, donc. Un ancien d'Indarë. Un ancien d'Indarë qui passait assez de temps sur les réseaux sociaux pour avoir une idée de qui il était, et savoir qu'il allait dans la même école. A-t-il reconnu l'uniforme sur certaines photos ? Ou le décor ? Ou peut-être Damen a-t-il déjà dit quelque part qu'il était à Indarë. À vrai dire, il poste tellement de choses pour tout et n'importe quoi - surtout n'importe quoi - que ça ne l'étonnerait qu'à moitié d'avoir lâché le nom de son école sur internet. Pas comme s'il se souciait vraiment de la réputation de son lycée, ni du risque que quelqu'un lui mette la main dessus là-bas. Il aimait bien ses groupies, c'était des passe-temps facile quand il s'ennuyait le soir.

» Un échange d'informations, hein. T'es pas banal, comme type.

À quoi bon apprendre autant de choses sur un inconnu. Mais, d'un autre côté : pourquoi pas ? Encore une fois, il s'ennuie, et discuter a toujours ça de pris que ça accélère un peu le temps.

» D'accord, si tu veux, je peux jouer à ton petit jeu. Mais la réponse risque d'être un peu décevante si tu t'attendais à une grande révélation. Je m'ennuie, tout simplement.

Il s'ennuie même à mourir, dans son monde un peu trop répétitif. Il commence à trouver de moins en moins de manières de s'amuser, ou de raisons de s'amuser. Il reprend le lycée en septembre, d'accord, mais c'est une année de sursis. Et c'est sans Emily. Bien sûr qu'elle a réussi ses examens, c'est déjà incroyable qu'elle n'ait pas sauté de classe plus tôt. Une preuve supplémentaire que le monde est corrompu : elle est capable d'énormément de choses, mais elle n'a pas l'argent pour se les permettre. Et il n'a pas le courage de risquer de l'insulter en lui proposant le sien.

» J'ai donc droit à une question, hein... Le souci, c'est que je ne sais vraiment pas qui tu es. Hm. Ah, oui. Tu as dit que tu étais à Indarë, avant. Quel côté ? Bleu ou rouge ?

Sales gosses ou gosses de riches ? C'est une question comme une autre pour essayer de cerner le type en face de lui.

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Question piège ? Tiens, là il l'intrigue. Ce n'est pourtant pas la question la plus difficile qu'il aurait pu lui poser. Un ancien IRS qui n'avait pas envie de l'admettre, ou quelque chose de plus compliqué que ça ? L'explication arrive cependant bien vite. Les deux. Ah, ça c'est intéressant.

» Les deux ? Tu avais envie de collectionner les uniformes ?

Il doit admettre que l'uniforme d'Indarë n'a rien à envier à celui de beaucoup d'écoles. Il est assez classe, et le bleu des IRS est plutôt joli. Probablement pas la véritable raison de ce changement d'école. Potion, Gifted puis Forge, hein ? Sacré palmarès. De quoi véritablement titiller sa curiosité. Il semble avoir fait tous les programmes sauf la Tradition, donc tous ceux qui nécessitent une véritable raison pour y entrer. Petit regard à son visage. Rien de bien marquant. Un piercing à la lèvre, des yeux plutôt inexpressifs mais il a une allure plutôt sage. Damen est cependant bien placé pour savoir que les apparences sont loin d'être significatives pour juger quelqu'un. En tout cas, il sait quelle sera sa prochaine question. Une fois qu'il aura répondu à la sienne.

» ... Ouais, enfin pour l'instant c'est surtout ton repas, pas le mien.

Il a l'air si maigre que ça ? Peut-être qu'il devrait songer à monter d'une taille sa garde-robe pour que les gens le remarquent moins. Mais les tenues proches du corps lui vont si bien, ça serait dommage de ne pas laisser les gens profiter de ses courbes. Courbes qui disparaissent un peu avec la maigreur, d'accord, mais au pire ils profiteront de ses côtes, ça fait l'affaire, non ? Probablement pas.

» Alors, dis-moi. Quel déglingue du cerveau t'a traîné en Potion ?

Autant commencer par le premier. Si ce gars a l'intention de lui tenir la jambe un bon moment, il aura tout le temps de poser d'autres questions plus tard pour les autres programmes. Le Gifted ne l'intéresse pas tant que ça. Le talent est une notion relative, un jugement subjectif. Techniquement parlant, avec un peu d'efforts et un peu de temps, tout le monde peut se trouver une place en Gifted. Comme Emily. Lui aussi aurait sûrement pu, mais ça ne l'intéresse pas. L'image de premier de la classe ne lui va pas. Déjà qu'il se coltine des bonnes notes avec une facilité frustrante pour les profs, être en plus dans leur petite troupe d'élite l'aurait fatigué. Les Gifted ont déjà la réputation d'être des gosses de riche, ils n'ont pas besoin de lui pour faire encore plus pencher la balance dans ce sens.

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Mauvais pour la santé, oui. Dans le fond, il le sait, mais il s'en fiche. La nourriture ne l'attire pas, et manger lui donne mal au ventre. Parfois, rarement, il mange quelque chose. En soirée surtout, parce qu'il y a toujours des trucs à grignoter ou des gens pour faire des pâtes. Étrange habitude, ça, d'ailleurs, mais c'est probablement la seule chose qui lui remplit l'estomac. Les pâtes et les biscuits apéro. C'est toujours mieux que rien et quand il a de l'alcool dans le sang, la nourriture passe plus facilement.

Donc le type en face de lui est un addict aux jeux d'agent. Il n'a pas l'air ruiné, mais il n'a pas l'air riche non plus. Embarqué en Potion pour si peu, alors que Damen est toujours à l'ISS malgré tout ce qui passe dans les magazines et les réseaux sociaux. Sans doute parce qu'il faut l'avis d'un psy pour traîner un enfant du côté IRS de la barrière et que son père n'a jamais cru bon de chercher de ce côté. Et que les psys qui ont cherché à prendre contact après son petit tour du discours d'investiture n'ont jamais pu franchir les grilles. Sinon, il aurait probablement lui aussi changé de couleur d'uniforme. Enfin, à supposer que son père accepte d'entacher ainsi sa réputation.

Parlant de ça... c'est justement la question qui succède à la précédente. Tentative de suicide ou moyen d'attirer l'attention. Hm. Question piège, comme il a dit tout à l'heure. Il ne voulait pas mourir. Mais il avait déjà l'attention avec sa chanson et son entrée en scène. C'était une conclusion, une manière de finir en beauté.

» Ni l'un ni l'autre. Il me fallait un point final, et puis c'était dans le thème de ma chanson.

Reste avec moi où je risque de tomber. Il ne sait même pas à qui cette phrase s'adressait. Emily ? Eri ? Quand il avait demandé à la petite pomme de l'écrire, c'était avec Emily en tête. Et elle est toujours ce qui l'empêche le plus de tomber, surtout maintenant qu'Eri est partie.

» Je ne cherchais pas à mourir, si c'est ta question.

Sinon il aurait sauté avant d'arriver sur scène, directement depuis le balcon où il était perché. Bon, maintenant, sa propre question... Que peut-il bien demander à ce gars ? C'est un peu étrange de devoir trouver des points de curiosité envers un inconnu.

» Hmmm... Bon, tu es un ancien Potion qui a été transféré à l'ISS. Dis-moi... hm... une connerie que tu as faites quand tu étais en Gifted.

Autant chercher un peu d'inspiration.

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Lister ses conneries quand il était encore en Gifted. Pourquoi pas, après tout. C'est une manière comme une autre de trouver de l'inspiration, une manière comme une autre de cerner la personnalité de celui qui se tient en face de lui, aussi. C'est dans ses infractions que l'on apprend vraiment à connaître quelqu'un, raison principale pour laquelle les gens qui n'en commettent aucune sont ennuyeux à mourir. Leur seul côté intéressant, c'est de savoir jusqu'à quel point ils sont capables de se lâcher quand on leur retire enfin leurs chaînes. Pour certains, comme le Prez', c'est très peu. Pour d'autre, ça peut être assez extrême. Les meilleurs restent quand même ceux qui le font d'eux-mêmes.

Pour le coup, il dit vrai : c'est classique. Mais ça reste une idée amusante. Réunir les Gifted – ou dans son cas, les ISS, du coup ? – pour créer un peu de chaos dans la vie trop bien rangée du côté rouge. Attirer un peu d'ennuis à ceux qui les évitent souvent comme la peste. S'il décidait de refaire une chose pareille, qui le suivrait ? Certainement pas la petite clique du conseil, mais les autres ? Ça vaut peut-être le coup de passer une annonce, par curiosité... et peut-être pour marcher, ne serait-ce qu'une fois, dans les pas de quelqu'un. Les mauvais exemples sont les plus amusants à suivre.

» L'ISS est donc toujours aussi ennuyeuse qu'à ton époque.

Ce n'est quasiment que de l'autre côté qu'il trouve des gens qui lui ressemblent ou qui lui plaisent, ce qui devrait en soi déjà être un signal d'alarme. Bien sûr, il y a des exceptions, comme partout. Mais le rouge est l'uniforme des enfants sages, des talentueux, de ceux qui ont suivi bien gentiment la voie qu'on a tracé pour eux. Et de temps en temps, un esprit un peu plus libre qui se détache des carcans. Rare, intriguant, digne d'intérêt.

» Tu sais quoi, tu m'as inspiré, je ferai peut-être un version 2.0 de ta révolution, qui sait. Quant à ta dernière question...

Une dernière chose à lui demander, hein... Difficile à dire. Il s'est lancé dans ce jeu parce que l'autre a eu le don de titiller son intérêt avec son idée, mais de là à ressentir un excédent de curiosité à son encontre...

» Je te la poserai si on se revoit.

Ça lui laisse le temps de réfléchir à une question. En attendant, cette rencontre aura eu un intérêt majeur : lui donner une nouvelle idée. Peut-être une manière de commencer le deuxième semestre en beauté. Peut-être une manière de finir l'année scolaire avec une dernière action mémorable. À voir.

» Tu as l'intention de me dénoncer pour le chocolat ou je peux partir ?

Demander la permission... étrange concept. Mais il faut bien casser un peu ses habitudes de temps en temps pour rester imprévisible, non ?