[ En raison des évènements qui ont suivis, pour la profondeur de ce rp solo, il sera écrit à la première personne du singulier, merci de votre compréhension :)]



Le monde est artificiel, si gris, si terne ! Où sont les couleurs promises ?
J'ai beau regarder dans ce ciel je ne les vois pas. Il pleut. Depuis combien de temps ? Je ne sais plus pour être honnête. Il ne fait que pleuvoir...ou bien est-ce les larmes sur mon visage qui ne cesse de couler ? Je lève les yeux pour tenter de chercher un signe quelconque, mais rien...L'arc en ciel est là, mais je ne vois aucune de ses tonalités scintillantes. Ma main glisse sur la vitre de la fenêtre, mes cheveux recouvrent mon visage.

Encore un mensonge


25 Avril 2020

J'ai arrêté de compter les jours où j'ai regardé cette porte, où j'ai espéré qu'il revienne, qu'il franchisse cette chambre en me disant que tout va bien. Mais tout ce que je voyais défiler, c'était les différentes infirmières qui s'occupaient de moi ou qui venaient me chercher pour la rééducation. Je me relevais difficilement de mon lit, avec son aide, pour regagner le fauteuil roulant de substitution. Je le détestais beaucoup, tout comme je détestais le fait d'être faible. Depuis les récents évènements qui avaient fait le tour des médias et des journaux, j'étais dans cet état léthargique où mes jambes ne me répondaient plus. Je pensais même que jamais plus je n'allais les récupérer. Mais les médecins ont été cléments avec moi, ils m'ont dit que mon corps est encore sous le choc, et que j'allais bientôt retrouver ma mobilité. J'ai très envie de croire à leur paroles, mais je ne fais plus confiance à personne. J'ai l'impression encore une fois que de leur bouche sortent des mensonges montés de toute pièce pour me faire croire à un idylle. Alors j'étais partie du principe que je ne les récupèrerais pas. Et de toute façon à quoi me serviraient-elles ? Mon monde a arrêté de tourner le 19 avril 2020. L'aiguille s'est figée, et mon temps avec. Je n'ai plus la force de me battre, ni même d'essayer de me relever. Peut être au fond ce que j'espère, c'est en finir vite, être jetable comme Chris m'a jetée ?

Comme tout les autres jours, pas de changement, un refrain, une répétition incessante de reproches à mon encontre. Je me braque silencieusement, je n'aime pas ce médecin...il me rappelle mon père à toujours me dire que je ne fais pas d'efforts ! Ce jour là j'ai implosé, je lui ai jeté le pot de fleurs que j'ai trouvé sur la table au visage en lui hurlant qu'il n'était pas mon père. Non personne ne peut comprendre mon désarroi...on ne fait que me dire ce que je dois faire sans même comprendre pourquoi je ne veux pas faire un essai. Je déteste cet hôpital. On m'a très vite ramenée dans la chambre, puis on m'a laissée seule...Oui c'est ce que je préfère à présent, le silence, le calme, la solitude. Encore une fois je ne fais que pleurer, que ça en devient piètre, lamentable, mais je n'ai plus que cela pour moi.


2 Mai 2020


Aujourd'hui ma mère est venue me rendre visite, elle est peut être la seule chose qui me reste, la seule corde qui me fait vibrer. Elle la connait cette peine sur mon visage, elle ne peut qu'imaginer ce que j'endure. Je vois bien qu'elle tente de faire son rôle maternel, mais je n'en ai nullement envie. Je n'avais envie de voir personne, pas même elle. Me tendant les cours que mes camarades lui ont apportés à la maison, je sens mon cœur saigner à l'intérieur de moi même. Je ne veux plus retourner à l'école. J'ai peur de le revoir, peur de me mettre à pleurer devant lui. Il me trouvera pitoyable je le sais, et il a raison je le suis ! Mais qu'y puis-je si on a passé sa vie à me mentir ? Mon père m'a menti, Ethan m'a menti, et maintenant que je retombe amoureuse, lui aussi m'a menti...

Il n'y a que des mensonges qui se tissent, et dont les liens ne se brisent pas facilement.

J'adresse la parole à ma mère, ma voix ternie, sombre, affaiblie

▬ Tu sais maman, j'ai bien réfléchi...c'était une très mauvaise idée de partir de l'Irlande...ici il n'y a que ténèbres et souffrance...Je veux rentrer là bas.

Sans doute n'allais-je pas comprendre tout de suite combien mes mots allaient blesser ma mère, elle qui a voulu fuir ce pays pour oublier l'homme qui l'a abandonné, je l'ai sans doute compris quand j'ai vu ses larmes sur son visage. Je n'aspire qu'à ça...détruire tout ce qui est autour de moi, qu'on me mente, qu'on se joue de moi, de l'affreuse farce que je suis. C'est égoïste de ma part de demander cela, alors que j'ai moi même voulu m'échapper de mes propres démons.
Je n'ai pas toute ma tête, je ne sais plus ce que je dis, je n'arrive plus à réfléchir, j'ai si sommeil. Je sens toute l'inquiétude qu'elle a pour moi dans son étreinte. Quel parent ne serait pas dans tout ses états en apprenant que son enfant est ainsi dans cet état meurtri ? Mais je pense avoir oublié le sens de l'amour.

Pourtant....je ne veux pas qu'elle ait à souffrir tout autant que je souffre ou que j'ai souffert. C'est pourquoi après la visite, quand elle dû me quitter en me demandant de prendre soin de moi, une nouvelle lueur a brillé dans mon regard. Avant Chris, j'avais ma mère, la seule personne qui a su recueillir toutes les parcelles de moi...Ne serait-ce pas une façon de lui dire merci que de faire des efforts pour me ressaisir ? J'aimerais tellement...mais ma force me manque, chaque fois que je regarde ce mur, je le revois lui, comme un fantôme, une ombre menaçante...Meunier.
Comme si son âme est venu pour hanter mes nuits.

Ce soir là avant le souper, je suis allée à ma rééducation, on m'a assigné un nouveau docteur, plus aimable, plus chaleureux, et pour la première fois depuis des semaines, je me suis juste sentie bien. L'espace d'une demi-heure avant que tout ne s'efface de nouveau.

15 Mai 2020

Quel jour sommes-nous à présent ? Je ne vois pas vraiment le temps défiler, j'ai l'impression que pour moi tout s'est arrêté. J'ai continué malgré mes envies d'abandonner la rééducation pour au final arriver à des résultats un peu plus prometteurs. Toutefois, comme mon corps n'a pas encaissé suffisamment les dégâts, il me faut redoubler d'efforts. A force de rester muette, ma mère s'est lassée de venir me rendre visite. Je suis de nouveau seule, abandonnée, même ma famille, mes proches ne veulent plus de moi...Cette amertume d'exister n'a jamais été aussi pesante. Et puis un beau jour, alors que je lisais un dixième livre aujourd'hui, quelqu'un frappa à la porte de ma chambre. Encore une infirmière ? Non d'habitude, elle ne prenne pas vraiment cette peine. C'est alors que je le vis. Un rire léger mais nerveux sortie de mes lippes. Non bien sûr que ce n'était pas lui, où ais-je la tête ? Combien de temps vais-je encore espérer ses excuses telle l'enfant capricieuse que je suis ? Il ne reviendra pas Lily...mets toi ça dans le crâne.

▬ Tiens tiens...tu te rappelles que j'existe quand je vais au plus mal toi aussi ?

Oui ce sont des paroles douloureuses, mais il est vrai que j'avais besoin de déverser toute la rancoeur que j'avais à l'égard de ceux qui se disent "m'aimer" car à présent je ne crois plus en rien, pas même aux sentiments. Mon cœur saigne suffisamment pour que la plaie soit trop difficile à panser. Il ne me répond pas, comme à son habitude. Il me regarde sévèrement. Ouais ça va pas la peine de jouer les grand-frères maintenant. Je regarde fixement le mur en face de moi, lui suppliant de sortir et de me laisse tranquille, mais il n'y fit rien. Il s'approcha et me serra dans ses bras en s'excusant. Il se sont donnés le mot avec ma mère on dirait bien....Mais c'est trop tard pour accepter leur clémence. Pourtant dans cette étreinte, je ressens sa chaleur. Quand nous étions petits, j'étais celle qui était le plus habituée à être triste, finalement je vois que rien n'a changé entre nous, si ce n'est peut être le temps de nouveau. Il est bien trop occupé à passer du temps avec elle, mais je ne peux pas lui en tenir rigueur. Délaisser sa petite soeur n'est qu'un de ses actes parmi tant d'autres. Nous n'avons pas le même sang, alors il n'a vraiment rien à me donner de plus qu'un silence.

Finalement j'ai fini par accepter et faire preuve d'indulgence, parce que je sais que j'aurais toujours du mal à lui refuser quoi que ce soit...et ce n'est pas une ancienne affection qui parle. Nous avons eu une conversation très sérieuse tout les deux. Je crois que la dernière fois qu'on en a eu une, c'est quand il m'a dit qu'il partait en Angleterre. Ridicule. A ce moment là j'ai le vague souvenir de l'avoir supplié à genoux de rester...mais bien entendu qui suis-je pour sa personne, si ce n'est qu'une étrangère parmi tant. Il n'a jamais répondu à mon souhait, me laissant dans une quelconque peine supplémentaire. Et ce bien entendu après que j'avais encore tout perdu, comme aujourd'hui. Il est trop tard pour regretter. Je sais parfaitement que depuis ce jour, nos vis ont convergées vers des lieux lointains, que tout s'est brisé. Notre complicité, notre amitié. Oui il est trop tard pour retrouver l'amour comme l'amitié.

▬ Peut importe ce que tu voudras me dire...c'est dérisoire

Pourtant la conversation a tourné autour de lui, alors que je ne le voulais pas, que je voulais définitivement le sortir de mon coeur une bonne fois pour toutes, je pourrais hurler et lui demander de se taire, mais je n'ai pas envie de devenir hystérique. Je veux juste...retrouver le sourire....est-ce trop demandé ? Ne me parlez pas de Chris, arrêtez de me faire tous souffrir ainsi. Vous ne la voyez pas cette affliction muette ? Je devrais peut être juste arrêter de croire et de tomber amoureuse. D'abord Ethan...puis ensuite Chris. Certes non pas pour le même motif, mais cela reste tout de même la même finalité : L'abandon

Lui aussi alors que la visite été terminée me dit qu'il reviendra. J'aimerais pouvoir déceler de la vérité dans ses paroles, mais je n'y vois que le goût affreux du mensonge. Je ne fais plus confiance à personne. Je redeviens celle que j'étais autrefois. Reculer pour mieux se détruire.


05 Juin


Psychologiquement je n'étais plus moi même, mais physiquement j'avais retrouvé la forme, suffisamment pour enfin pouvoir sortir de l'hôpital. L'odeur médicamenteuse en était devenu mon parfum secondaire, tellement il était imprégné dans mes habits. Comme promis, l'école m'a assigné quelqu'un qui est censé s'occuper de moi. Il m'attendait devant, carrure de sportif, Un sourire inatteignable. J'ai bien entendu tenté de passer à côté de l'ignorer, mais sa détermination était-elle que mes jambes ne supportaient pas assez ma course pour le fuir. Fait chier.
Plutôt que de s'énerver, il se mit à rire comme un idiot et me dire qu'il avait pourtant pris une douche et mis de l'eau de cologne...Drôle de personnage, mais bon j'imagine que si l’institut à voulu me le coller aux pattes ce ne sera que temporaire, juste pour pouvoir reprendre mon rythme de cours, ma vie en générale. En ais-je vraiment la possibilité ? En ais-je vraiment envie ? Non mais je n'ai pas le choix. Je dois aller de l'avant, me ressaisir, effacer ce qui doit être.

▬ Qu'on soit bien d'accord ! Je ne t'apprécie déjà pas et ce sera réciproque, alors il vaut mieux pour toi que tu gardes tes distances et que tu t'en tiennes à ton boulot !

Il a bien compris le fond de mes paroles, il me dit juste un "Roger Chef" comme si c'était un ordre. Et sinon combien de temps il allait devoir rester avec moi cet énergumène ? Non parce que s'ils veulent me renvoyer à l'hôpital, je crois que c'est le meilleur moyen. J'ai déjà la migraine avec ce ressort sur pattes. Je me contente d'avancer dans le rue, lui restant silencieux à mes côtés. Je connais même pas son nom...mais franchement est-ce que ça a une importance ? Non.
Je pense que le mieux pour évacuer toute ma colère ce serait d'en faire un punching-ball, mais je dois pas être assez à vif pour rester si froide. Toute façon ma priorité c'est mes études, mon avenir que ça soit avec ou sans celui qui m'a abandonnée. Jamais je ne lui pardonnerais ! S'il se pointe devant moi...je lui cracherais toute ma rage. Mais je pense que le mieux à faire ce serait de ne pas le revoir. Surtout si je veux guérir de cette blessure inapaisable.

Faire comme si toute notre histoire qui n'en a jamais été, n'a d'aventure existé.

23 Juin 2020


▬ Combien de fois il faudra que je te le dise ! Lâche moi un peu la grappe ! T'es toujours là à me suivre c'est d'un agaçant.

Il m'exaspère, mais bon malgré le fait que je ne sois pas tendre avec lui, il reste toujours là à mes côtés même quand je commence à faire de nouvelles chutes. Le mensonge c'est que n'importe quelle fille aurait pu tomber amoureuse d'un garçon pareil : attentionné, protecteur, toujours au petit soin, et très agréable à regarder physiquement. La vérité c'est que j'ai arrêté de croire en ce sentiment, tout comme j'ai arrêté de penser que l'amour est quelque chose de merveilleux. D'abord il y a eu Ethan, ce garçon, mon premier amour pour qui j'aurais donné une part entière de moi, qui m'a trompée plusieurs fois, et avec des filles différentes. Et puis il y a eu Chris. Un garçon étrange, dont je me suis entichée à force de le côtoyer, de passer du temps avec lui, il avait aussi ce même côté à protéger ses proches. Et mois comme une bonne poire, je me suis laissée avoir...Sauf que ce n'est pas si simple d'oublier quelqu'un même quand il t'a brisée. Les gens vont passer que je suis complètement masochiste. Ils ont qu'à croire ce qu'ils veulent, mais même le temps n'arrive pas à m'éloigner de lui...

Perdue dans mes méandres habituelles, je sens les larmes me monter aux yeux, quand je viens à me rappeler de notre conversation à l'hôpital. Pourquoi je n'arrive pas à le détester ? Pourquoi est-ce que c'est aussi compliqué alors qu'auparavant j'aurais pu fermer mon coeur à n'importe qui ? Peut être que "Mirio" a raison, peut être que ce dont j'ai besoin c'est juste de temps ? de le laisser m'amener à la bonne personne comme si le vent seul décidait vers qui mon souffle de vie irait ? Non je n'ai pas envie ! Je ne veux plus jamais tomber amoureuse...L'amour est un fléau qui blesse constamment et qui te fait souffrir. Ce message là par contre je l'ai bien assimilé. Mon regard se tourne vers Mirio, oui c'est son prénom car bon après avoir passé autant de temps ensemble,j'ai finalement finie par lui demander...Je cherche toujours des réponses à mes questions, et même s'il peut être parfois exaspérant, il est aussi de très bons conseils. Il me demande s'il a un truc sur le visage et je soupire.

▬ Laisse tomber tu es toujours aussi idiot !

Et le pire c'est qu'il aime la façon que je lui parle. Ou alors peut être qu'il s'y est tout simplement habitué ? Je me renfrogne avant de me refermer sur moi même pour de nouveau contempler mon désespoir dans mes pensées. Peut être que c'est ça dont j'ai vraiment besoin...juste de temps ? Il parait que plus vite, il passe et plus les affres sont faciles à oublier. C'est un peu comme la mort d'un proche...il reste toujours dans nos coeurs, mais le deuil arrive à se faire avec les jours, les mois, les années qui passent. Donc ce dont j'ai besoin c'est la même chose pour oublier l'amour ineffable que j'ai pour Chris ? J'arrive toujours pas à réaliser comment après m'avoir parlée ainsi, et m'avoir abandonnée j'arrive encore à l'aimer....Pfff quelle connerie ce sentiment franchement. C'est tellement plus facile de détester....enfin je crois ? Je n'en suis pas certaine, car quand je m'y résous...je me rappelle qu'il m'a sauvée la vie plus d'une fois...

Est-ce alors parce que je lui suis redevable que je me refuse de l'oublier ?


12 Juillet


Les vacances d'été sont arrivées bien vite...trop à mon goût, et je ne suis pas suffisamment réparée pour pouvoir aller profiter du sable fin, des écumes de l'eau, des bienfaits de la plage, déjà par crainte, mais surtout parce que je n'ai pas la tête à tout ça ! Pourtant Mirio m'y a poussée plusieurs fois en me disant que cela me ferait un bien incommensurable. Et plutôt que d'aller s'amuser avec ses potes là bas, il a décidé de vivre le calvaire de la chaleur de Londres avec moi. Mais je pouvais très bien me passer de sa présence ! Pourquoi est-ce qu'il fait autant de sacrifices comme s'il s'y sentait obligé ! Rah ce qu'il m'agace ! Et en plus encore combien de temps il va devoir me filer le train comme ça et m'assister ? Je sais qu'on me l'a assigné pour ma sortie de l'hôpital pour que je me puisse me reconstruire, mais là ça commence à faire long. Après ce n'est pas que je l’apprécie pas...c'est juste que je garde à présent mes réserves, moi qui ait plus de tendances à avoir des amis masculins que féminins....histoire que ça ne me porte pas de nouveau préjudice. Il pourrait très bien m'abandonner lui aussi après tout ? Son boulot ne consiste qu'à m'aider en cours. Dans ce cas pourquoi il va au delà alors que je lui avais expressément demandé de ne s'en tenir qu'à ça ?

▬ Tu sais Mirio, on est en juillet, tu peux aller t'amuser et me laisser si tu veux ? Je pense que pour les cours d'été j'arriverais bien à me débrouiller.
▬ C'est vrai que je pourrais faire ça...mais si tu te mets de nouveau à pleurer, sur quelle épaule tu te consoleras hein...je ne veux pas que tu sois malheureuse...quitte à ce que je ne passe pas des vacances comme il se doit...au moins tu ne seras pas toute seule...

Abruti...
On est pas dans la même année, il est d'un an mon aîné à l'université, il a plein de choses à faire, plein de projets mais il reste à faire ce boulot ennuyant et emmerdant que de rester avec l'affreux démon que je suis. C'est vrai que je ne suis pas tendre avec lui alors qu'il est si gentil. D'ailleurs plein de filles m'en ont fait le reproche ! Mais je les ai envoyées paître en leur disant que je fais ce que je veux de ma vie....
Est-ce que malgré tout ça me laisse le droit d'être aussi acide avec les autres ? N'est-ce pas une nouvelle façon de me protéger de leur affections pour ne plus avoir à souffrir davantage...? Je pense que c'est la raison principale. Car je n'oublierais jamais. L'abandon est la pire des tortures...
Si Mirio m'abandonne lui aussi ?
Qu'est-ce que je deviendrais ?

▬Hé Lily fais pas cette tête, allez souris...je suis là...je suis comme un héros qui est censé donné le sourire aux femmes ! Alors sèche moi ses larmes d'accord...

Je ne m'en suis même pas rendue compte que je pleure...c'est quand même incroyable l'état dans lequel je suis. J'en viens à oublier ce que c'est de réellement sourire, de goûter à chaque petites choses qu'apporte le lendemain. je m’effondre de nouveau tandis que le blond me prend dans ses bras.

▬ Si tu veux être méchante avec moi pour te soulager, alors sois-le...mais arrête d'être triste...souris...ou alors si tu as besoin d'aide...repose toi sur moi...je suis peut être un idiot, mais je suis capable d'aider ceux dans le besoin...

Finalement, après des mois d'acharnement je finis par céder, et m'extirpant de ses bras, je lui raconte alors mon histoire en espérant peut être l'effacer rien qu'en la citant.

28 Juillet 2020


La chaleur étouffante d'un été sans fin. Un soleil de plomb comme on en voit jamais. Ici à Londres la canicule n'a jamais été aussi pesante. Regardant par la fenêtre les enfants jouer ou bien au loin les plages de sable fin. Mon coeur n'était pas à l'envie exquise d'y goûter, ni même de quoi que ce soit d'ailleurs. Aujourd'hui ma journée était comme une pluie fine invisible. Torturée, déchirée par les évènements récents. Je le revois encore ce moment il y a une semaine, et cela pèse fort dans mon cœur, comme si on voulait me rappeler l'évidence. Mais sans doute faut-il revenir dans le passé pour comprendre pourquoi ma conscience se meurt dans l'envie d'un oubli dévastateur.

C'était un jeudi, alors que j'étudiais avec Mirio dans la cour, car même si je n'avais pas eu la foi de m'inscrire aux cours d'été par peur de mes camarades, il était tout de même important que je garde le niveau, surtout pour mes projets. Enfin j'essaye de me le persuader mais c'est encore bien compliqué. Il y a bien longtemps que je n'aspire plus à rien, pas même d'avancer sur mon propre chemin. Alors la présence de Mirio m'aide à ne pas me morfondre, ni perdre de vue mon objectif. Des nouvelles rumeurs circulent dans l'école comme quoi on serait en couple tout ça ! Les gens ne veulent que croire ce qu'ils voient sans même aller y chercher le principal fondement. De toute façon je n'en avais que faire ! Qu'ils aillent croire ce qu'ils souhaitent tant que je suis convaincue de la vérité. Sauf qu'aujourd'hui....tout a été chamboulé. La sensations chaude sur mes lèvres alors que j'avais tourné la tête vers lui parce qu'il ne répondait pas à mes questions. Oui vous l'avez bien compris. Un baiser volé. Et ma réaction n'a pas été des plus tendres. Je me suis écartée, lui ait mis une gifle et il s'est excusé avant de partir silencieusement. Depuis ce jour....je n'ai plus aucune nouvelles de lui...et nous y voilà à aujourd'hui.

Parfois je me dis que j'ai peut être été trop dure avec lui, que je devrais lui envoyer un message, le contacter de moi même, mais mon coeur a ses raisons...Je refuse de retomber dans tout cela, de m'attacher à quelqu'un de nouveau, par crainte sans doute d'être de nouveau abandonnée. Mais n'y at-il vraiment que cette excuse ? Non en réalité...c'est que même après tout ce temps...Je n'ai pas oublié Chris. Autant avec Ethan cela a pu faire son travail, mais avec lui...je n'arrive pas à me défaire de mes sentiments, quand bien même je pourrais m'en briser le coeur ! Pourquoi je n'arrive pas à lui en vouloir ? Pourquoi suis-je encore amoureuse de lui...? C'est trop dur à supporter...
De nouveau je me perds dans des lacrymales incontrôlables. Je me sens de nouveau seule, et personne sur qui compter.
Et si....je laissais une chance à Mirio ? Est-ce qu'il pourrait me rendre heureuse ?
Voilà sur quoi je me martyrise depuis plus d'une semaine.

Mes pensées me ramènent à l'hôpital. Je sais que rien ne sera plus comme avant, et que je ne le reverrais sans doute plus jamais. Alors....pourquoi pas ?
Je sais que ce n'est pas ce que je souhaite, mais si cela m'aide à sourire de nouveau et l'oublier, alors je suis prête à prendre le risque. Ma mère m'indique qu'il y a quelqu'un pour moi en bas qui voudrait me voir. Mon âme commence à se sentir angoissée. Si ça avait été Chris, elle ne l'aurait peut être pas laissé rentrer, donc j'imagine que je peux m'enlever l'illusion que ce soit lui. Je n'ai pas envie de sortir et de voir qui c'est, car je sais que la réponse me décevra dans tout les cas. Finalement je devrais quand même me confronter à la réalité puisque quelqu'un tape à la porte et l'ouvre sans même ma permission.

Je ne veux pas qu'on me voit en larmes, alors j'essaye de me cacher dans un coin du mieux que je le peux. Lorsque j'entends le timbre de sa voix, je ne peux m'empêcher de relever le visage qui est enfoui dans le creux de mes jambes. Il me prend alors dans ses bras mettant à l'épreuve tout mes incertitudes. Comparé à Chris, lui il est revenu vers moi, il ne m'a pas laissée tombée, malgré que je l'ai humilié, que je lui ai crié dessus, que je l'ai frappé. C'est moi en faites qui suit une personne horrible. C'est sûrement pour cette raison que Chris m'a abandonnée.

▬ Je n'aime pas te voir si triste...je veux que tu souris....je te demande pardon pour la fois dernière...je n'arrive plus à cacher ce que j'éprouve pour toi....j'en suis désolé...

Finalement, laissant tomber les dernières barrière, je réponds à son étreinte lui faisant peut être comprendre qu'il y a un espoir, mais j'imagine qu'il souhaite du concret.

▬ J'ai peur tu sais...tout les hommes que j'ai aimé m'ont abandonnée...m'ont fait du mal...je ne veux pas retomber amoureuse...

Mensonge, tu l'es déjà mais ça n'est pas Mirio l'heureux élu. Et malgré tout...tu vas quand même t'empêtrer dans une histoire impossible, peut être par acquis de conscience, peut être pour finalement pensé aux autres et te sacrifier toi même ?

▬ Je ne te dis pas que ce sera tout les jours facile...mais je veux bien faire un effort...et essayer...

Et c'est ainsi qu'en ce jour de chaleur condensée, j'ai arrêté de chercher les multiples réponses à mes questions dans les embrassades et la tendresse d'un homme que je n'aimerais jamais.  


14 Août


Cela fait un peu moins de deux semaines que j'ai accepté de sortir avec Mirio. En étais-je plus heureuse aujourd'hui ? Malheureusement ce qui devait arriver, arriva. Lorsqu'il m'embrasse, je n'arrête pas de penser à Chris. Lorsqu'il me prend dans ses bras, je me rappelle du parfum du brun et de sa tendresse à mon égard. Je suis une fille vraiment abominable. Je sors avec Mirio, alors que mes remembrances se tournent vers un autre. Le pire dans tout ça, c'est que je suis convaincue qu'il s'en est rendu compte...et malgré tout il continue d'espérer, de se dire que ce n'est qu'un passage, et qu'un jour je serais à lui. En vain.
Le fait de sortir avec un garçon, me ramène automatiquement à mes propres sentiments. J'en ai des regrets d'avoir accepté de faire l'essai pour l'oublier. Alors j'essaye de me consoler en me disant que je dois juste laisser le temps agir, et que sans doute un jour je serais libérée des entraves que le brun a posé sur moi. La vie que mène Mirio n'est pas la mienne. Je n'arrive pas à considérer ses amis comme les miens malgré toute leur gentillesse et leur volonté. Non ce que je veux....c'est retrouver ma vie d'avant, où je n'avais pas à me soucier de qui que ce soit, si ce n'est de savoir si Chris va bien. Je veux remonter le temps, n'avoir jamais rencontrée Meunier, n'avoir jamais découvert le secret de Chris, que tout ce qui a engendré notre éloignement ne soit qu'une mensonge, tout comme il m'a menti sur tant d'aspect. Et même avec ça encore....je n'arrive pas à l'oublier ou lui en vouloir.

▬ Tout va bien Lily chérie ?
▬ Je...excuse moi je suis perdue dans mes pensées...

Quelle idiote je fais...je suis en rendez-vous avec mon "petit ami" et je continue pourtant de penser à lui même dans ces moments. Aucun baisers du blond n'arrive à me réveiller de mes angoisses naissantes.
Dans peu de temps, ce serait la rentrée, et ma dernière année ici avant que je ne doive décider du tournant de ma vie. Mirio lui, a plein de projets, il veut partir à l'étranger, et m'emmener avec lui, qu'on s'installe ensemble même si on serait pas vraiment un vrai couple. Il me veux heureuse, mais est-ce qu'un jour ce sera possible ? Je n'arrive plus à me projeter autre part que dans les ténèbres les plus absolues. Comme si la noirceur, le côté sombre de celui qui est encore dans mon cœur avait emprise sur mon existence.
Je dois y réfléchir, j'ai besoin de temps et de ne pas me hâter de peur de faire le mauvais choix. Car jusqu'à maintenant je ne pense pas en avoir fait un seul de juste.

▬ Je t'attendrais autant de temps qu'il le faut

Cette phrase exerce une certaine pression pour moi.
Mais dans mon esprit résonne un écho qui ne s'efface pas.

Si seulement j'avais rencontré Mirio, avant de rencontrer Chris...