Le monde a l'allure d'une bouillie grise et informe. Même les quelques flocons de neige qui s'invitent à sa fenêtre ne parviennent pas à lui remonter le moral. Perchée sur sa table de nuit à défaut de pouvoir l'être sur le rebord de sa fenêtre, Tessa regarde le paysage de Londres qui s'étend devant elle. Il y a deux ans, elle regardait la neige tomber sur la cour de l'école, une lettre solitaire posée près d'elle, le cœur déchiré par l'année qu'elle venait de vivre. Et maintenant...? Une nouvelle année s'achève et le monde n'a pas plus de sens. Il en a même beaucoup moins. Son ventre lui fait mal, son esprit aussi. On ne la laissera pas sortir tant qu'elle aura toujours aussi mal.
Après le bal, ils ont essayé de la soigner. Dès qu'ils ont découvert la raison pour laquelle elle était aussi incohérente, ils la lui ont retiré. Elle a quand même recréé son club, renoué avec Becky. Elle a fait tous les efforts pour tenir ce pacte qu'elle n'aurait probablement pas dû accepter. Essayer autant que possible pour gagner le droit de mourir... mais elle n'est même pas sûre d'avoir fait le bon choix. Le peu de fierté qu'elle avait en a pris un coup. Et puis il y a eu l'ouragan. Elle a craqué.
Est-ce parce qu'elle a enfin eu l'occasion de sortir, de céder à la sensation qui lui creusait les entrailles ? Est-ce parce que la peur a repris le dessus ? Ou est-ce que c'est simplement parce qu'elle n'avait plus la force de faire semblant ? Elle y a risqué sa vie, à travers la tempête, a passé des heures réfugiée dans un bar malgré le vent, malgré la verrière qui s'écroulait à l'extérieur, jusqu'à se blesser, jusqu'à ce qu'une inondation la surprenne et la force à se cacher à l'étage, avec quelqu'un d'autre. Une gamine dont elle a senti le jugement. Et... Tessa desserre ses doigts pour regarder le collier qu'elle a gardé dans sa poche depuis la fin de la tempête, et avec lequel elle joue de temps en temps. Pourquoi était-il là, ce soir-là ?
Elle ferme son poing sur le pendentif. Il lui a dit qu'il l'observerait. Qu'il l'empêcherait de tricher et que, si elle essayait, elle le regretterait. C'est sans doute pour ça qu'il s'était retrouvé près d'elle le soir de l'ouragan. Mais... Elle ne peut s'empêcher de se poser des questions. Il a refusé de la laisser mourir, a essayé plusieurs fois de la sauver, lui a même offert une échappatoire si elle promettait d'essayer d'aller mieux, et maintenant ça. Ses doigts se crispent quand l'image de son visage proche du sien s'impose à son esprit, et elle projette le collier dans un mur.
» Non. Non non non NON !!
Elle frappe de toutes ses forces sur la table comme si avoir mal allait changer quoi que ce soit, puis elle se replie sur elle-même. Ne pas croire ce que lui dit son cerveau. Surtout pas. Elle se laisse glisser au sol, sentant la moquette sous ses pieds. Table ronde, sol doux, minimum de meubles... pour éviter les risques de blessure. Elle préfère sa chambre à Indarë. Elle veut y retourner, rentrer. Elle veut qu'on lui dise que son cerveau lui joue encore des tours, que tout ça n'est que dans sa tête. On l'a emmenée dans cet hôpital dès le soir de l'ouragan. Et ils se sont rendus compte qu'elle avait bu, et l'école a renoncé à l'aider. Non. Renoncé à l'aider sans assistance. Ils l'ont laissée ici, dans la section psychiatrique de l'hôpital.
Un mois et demi, déjà. Elle est ici depuis le 13 novembre, et l'année touche à sa fin. Et elle a toujours soif. Terriblement soif, comme si l'alcool allait l'empêcher de penser à toutes les autres choses qui se bousculent dans sa tête. On lui a dit qu'elle ne sortirait d'ici que quand elle irait mieux. Mais ira-t-elle mieux un jour ? Alors même qu'elle ne fait pas confiance à son propre cerveau ? À ses yeux, ses émotions, ses pensées ?
» Tu voulais que j'essaye d'aller mieux... J'ai essayé. J'ai essayé... Qu'est-ce que ça m'a apporté, hein ? À part d'avoir encore plus mal ?!
Elle a envie de hurler. Elle a envie de mettre ses pensées sur pause, de ne plus jamais rien savoir, ou rien imaginer. Ils sont proches, non ? Ou bien c'est une invention de son esprit, comme Campbell ? Et Becky ? Est-ce que son amitié avec elle n'est aussi qu'une invention de son esprit ? Non... Non, elle n'a pas pu imaginer tout ça... Elle n'a pas pu imaginer les bras de Becky autour d'elle, ses larmes, les paroles qu'elle a prononcées. Mais elle n'a pas non plus pu imaginer le reste. Tu n'as pas besoin de savoir pourquoi je tiens à t'aider. Si. Si, au contraire, elle aurait sans doute eu besoin de savoir. Ça lui aurait permis de faire le tri dans sa tête. Vraiment ? Comme elle a fait le tri quand elle s'est tiré une balle à cause de Cam, pour replonger dans son délire à peine réveillée ?
La moquette lui agresse la plante des pieds. Elle préfère le parquet froid que le sol rêche. Elle déglutit avant de s'effondrer sur le lit, seul meuble qu'on lui laisse en dehors de cette petite table. Peut-être qu'elle devrait rester ici. Peut-être qu'ils comprendront que quoi qu'elle fasse, elle ne mérite pas d'en sortir. Peut-être qu'on l'enfermera pour de bon et qu'on l'éloignera des autres. C'est aussi bien que de mourir, non ? On ne la laisse pas avoir de couverture, sans doute par peur qu'elle se tue. Mais elle ne choisirait pas une mort aussi banale, aussi vulgaire. La seule qui lui ressemble, c'est d'avoir une arme dans les mains. C'est comme ça qu'elle a fait la première fois. C'est comme ça qu'elle aurait fait la seconde, s'il ne lui avait pas donné une arme vide.
» Je te hais... lâche-t-elle d'une voix glaciale.
Le pendentif trône toujours au milieu de la moquette, incapable de rouler. Ce sol emprisonne tout. Étouffe tout. Ça doit être pour ça qu'ils l'ont installé ici. Pour étouffer les douleurs et les illusions. Donnez-moi un verre. Donnez-moi n'importe quoi pour effacer ma mémoire. Je sais que j'ai dit que j'arrêterai de boire. Je l'ai dit à tout le monde. Mais juste une fois. Une dernière fois... Elle aurait aimé pouvoir s'étrangler avec son dernier verre. Mourir subitement et ne plus avoir à ouvrir les yeux. Mais elle ne peut pas faire semblant. Si elle fait semblant d'essayer, il ne la tuera pas. Et si elle essaye vraiment et qu'elle échoue ? Osera-t-il ? Même après tout ce qu'il a essayé de faire pour elle ? Même alors qu'il risque d'entraîner cette... fille avec lui ? Et pourquoi penser à cette fille l'opresse, exactement ?
» Tout est dans ta tête, souffle-t-elle. Tout est dans ta tête, tout est dans ta tête, tout est dans ta tête...
Elle a décidé qu'elle ne ferait plus jamais confiance à ses émotions dès qu'elles concernent autre chose que son amie. C'est la meilleure solution, non ? Ne pas faire confiance à la sensation qu'on l'abandonne. Ne pas faire confiance à la sensation qu'on l'aime, non plus. Surtout pas celle-là. Laisser les maladies de côté. Si elle veut vraiment exister derrière ce foutu miroir, il faut qu'elle oublie les autres pour ne penser qu'à elle. Ironique alors que l'égocentrisme est son principal défaut.
»♪ Dis-moi qui je suis censée être...
Elle chantonne, se redressant pour se mettre debout sur matelas.
»♪ … Peut-on me guérir ou suis-je allée trop loin ? Je n'ai jamais essayé d'aller mieux. Prête ? Je ne sais pas, mais je veux aller de l'avant. Et c'est la première fois que je prononce ces mots... Je ne veux pas être coincée, je ne veux pas être folle, c'est la peine qui m'a rendue ainsi. Viens vite... viens vite me sauver.
Elle soupire, saute à terre et sent à peine l'impact du sol sous ses pieds. Sa blessure à la jambe, presque soignée mais encore récente, lui rappelle cependant qu'elle ne devrait pas faire ce genre de geste. Un sourire pâle étire ses lèvres.
»♪ J'ai peur qu'il ne reste plus rien de moi. Si on enlève la maladie... qui suis-je censée être ? Je suis assez proche pour sentir l'espoir, mais la peur...
Ses doigts se referment sur le collier qu'elle soulève du sol, fait rouler entre ses doigts avant d'ouvrir le fermoir.
»♪ La peur est toujours là...
Un dernier souffle, une dernière note, et le silence s'installe, à peine interrompu par le clic de la chaîne qui se referme autour de son cou. Elle n'y croira plus. Elle ne peut pas boire pour persuader son cerveau de rester sur les rails, mais elle n'y croira plus.
» Seule Becky tient vraiment à moi. Mon amie. Les autres ne sont que des illusions.
Elle sourit du mieux qu'elle peut. Si elle a pu convaincre les autres qu'elle est quelqu'un de bien, si elle a pu se convaincre que Becky ne l'a pas abandonnée, alors elle pourra se convaincre qu'elle est guérie. Elle pourra croire qu'aucune maladie ne pulse sous son crâne pour la faire douter de ses émotions. C'est dans ta tête, Tessa. Cette fois comme la précédente et comme toutes les prochaines.
Silencieux et immobile, réfugié derrière un épais manteau noir doté d'un haut col, le Corbeau fixait la fenêtre de l'hôpital du quartier. Dissimulé dans les ombres, le bras en écharpe, il n'était que faiblement dévoilé par ses inhalations régulières de fumées, lorsqu'il tirait sur sa cigarette. Et à chaque inspiration, les traits de son visage étaient éclairés par la lueur des cendres. Celles ci révélaient un visage marqué, blessé, fatigué. Usé, en un mot... Quoi qu'il lui soit arrivé ces dernières semaines, Chris ne s'était pas amusé, c'était une certitude...
Il savait. Il savait qu'elle était là haut. Il savait ce qui lui était arrivé ces dernières semaines et depuis l'ouragan. Oh, il ne savait pas tout, bien sûr, mais les dossiers médicaux des patients étaient faciles à pirater dans cet hôpital. Malheureusement, l'état pitoyable de son bras l'empêchait de lui rendre visite en passant par sa fenêtre, il n'en retrouverait pas l'usage avant plusieurs semaines, encore. Quant à son téléphone, il lui avait été confisqué. Rien de surprenant en psychiatrie... Pourquoi avait il fallu qu'elle craque à nouveau le soir de l'ouragan ? Mais plus exactement... Pourquoi avait il fallu qu'elle croie qu'il exigeait d'elle qu'elle arrête de boire ?! Ils ne s'étaient pas compris, ce soir là, au bal... Ils ne s'étaient pas bien compris, de toute évidence... Il ne voulait pas qu'elle essaie de faire des miracles pour contrôler sa maladie... Il voulait qu'elle essaie de progresser dans ses relationnels avec les autres !
Qu'elle cesse de mentir, qu'elle arrête de jouer les miroirs, qu'elle cesse de se cantonner à un uniforme neutre et sans saveur pour pouvoir renvoyer plus facilement de faux sentiments et de fausses réactions devant les autres... Si elle était capable d'avoir peur devant lui, alors elle devait bien être capable d'autres choses devant les autres ? Il en était intimement convaincu... Mais il ne pouvait pas lui en dire trop, lui même. C'était à elle de chercher les réponses en elle même. Le problème se trouvait en elle, et les réponses aussi. Et le voyage pour trouver ces réponses était peut être tout aussi important que ces dernières...
Malgré tout, la voir enfermée dans cet hôpital psychiatrique, en manque d'alcool, internée depuis des semaines... Cela lui fit mal, et il s'en voulut... Pourquoi n'avait elle pas bien compris ses mots ? Il n'avait jamais voulu qu'elle arrête de boire... Certes, l'alcool n'était pas bon pour elle, mais... Chris n'était pas un idéaliste. Si cela l'aidait à tenir, alors ainsi soit il... Ils s'en inquièteraient plus tard... Un problème à la fois ! Chercher à tout gérer d'un coup risquait surtout de la détruire. Et il ne pouvait rien faire pour elle. Il ne pouvait rien faire du tout. A part prouver qu'il tenait sa part du contrat, comme promis...
Il resta là longtemps à enchaîner les cigarettes et perdit bien vite toute notion du temps... Jusqu'à ce que finalement, le visage tant convoîté n'apparaisse à la fenêtre. Une nouvelle inspiration de cigarette, et il fit quelques pas pour s'avancer sous un lampadaire proche. Il chercha un contact visuel, les yeux dans les yeux. Le regard grave, il lui sourit timidement. Un sourire sincère, un sourire de compassion, un sourire d'encouragement, voué à lui prêter sa force, à faire ce qu'il pouvait pour elle, même s'il se sentait impuissant. Finalement, il tira sa seule main valide de sa poche, et la leva pour saluer timidement la jeune femme, puis hocha doucement la tête.
Il se sentait tellement inutile dans cette situation. Mais il n'y a rien de plus qu'il pouvait faire pour elle. Du moins, pas dans l'immédiat. Pour l'instant, il avait les mains liées. Mais il ne serait jamais loin...
Pourquoi t'es-tu approchée de cette fenêtre ? Comme si la liberté t'était accessible. Le collier passé autour de son cou aurait sûrement alerté beaucoup de monde, si sa chambre n'était pas si vide et solitaire à l'instant. Oui... Becky se serait inquiétée de la voir dans cette état. Peut-être qu'elle aurait pu remettre de l'ordre dans sa tête et qu'elle lui aurait répété les mêmes mots que les médecins. Que tout est dans sa tête. Mais Becky n'est pas là pour l'empêcher de refermer la chaîne derrière sa nuque, pas là non plus pour l'empêcher de s'approcher de la fenêtre. Les doigts de Tessa se serrent autour du pendentif, si fort qu'elle sent ses ongles s'enfoncer dans sa paume.
» Pourquoi tu es là...
Sa voix est froide. Alors qu'il semble chercher son regard, elle recule d'un pas. Pourquoi est-il venu ? Comment a-t-il su qu'elle était là ? Même d'ici, elle le voit sourire. Peut-être qu'elle l'imagine. On lui a dit qu'elle était capable de se faire des illusions très réalistes, non ? Mais non. Elle sait qu'il est venu. Et qu'il est là pour elle. Mais elle n'a pas envie qu'il soit là pour elle. Son esprit est déjà assez embrouillé comme ça. Qu'et-ce qui est vrai, dans tout ça ? Peut-être qu'elle ne se fait pas d'illusions, en fin de compte. Elle a voulu mettre ça sur le dos de la maladie qu'on lui répète qu'elle a, mais peut-être que cette fois... Non. Non elle ne doit pas y croire. on lui a répété de ne pas y croire, qu'elle interpréterait toujours mal des choses qui devraient être banales aux yeux de personnes normales. Et peu importe si leur lien n'est pas si banal que ça. Elle doit s'en persuader. Elle n'a pas le droit de croire qu'il tient à elle. Elle ferme les yeux, se forçant à fixer sous ses paupières la silhouette aux cheveux roux qu'elle a vue s'éloigner le jour du bal. Voilà, elle. C'est elle qui est importante. C'était quoi son nom, déjà ? L... Lily ? Oui. Lily compte. Lily est une fille bien. C'est forcément elle qu'il aime. Il suffit de s'en souvenir... de s'en souvenir assez fort. Lily est avec lui. Et elle...
» Et moi... je ne veux pas te voir... Arrête de me courir après...
Ses mots ont changé sans même qu'elle s'en aperçoive. Elle a beau lutter de toutes ses forces contre l'impression sinueuse qui s'infiltre sous son crâne, elle n'arrive plus à se souvenir de pourquoi il est ici. C'est pour la voir, non ? Qu'est-ce qu'il lui a dit, la dernière fois ? Qu'il tiendrait parole, qu'il serait là au prochain bal... Mais il y avait autre chose... Autre chose, non ? Elle ne se souvient plus de ses mots exacts...
Sa main se pose sur le rebord de la fenêtre. Il n'y a pas de poignée, elle ne pourra pas l'ouvrir. Pas lui dire de rester avec Lily et de ne pas s'approcher d'elle. Ne peut-il pas juste arrêter de chercher à la voir, arrêter d'essayer de la retrouver ? Au lieu de ça, il vient la voir dans cet endroit où on cherche à l'isoler. Est-ce qu'il serait venu directement à sa porte s'il avait pu ? Sûrement. Mais elle ne veut pas. Elle ne mérite pas son attention. Ni son affection. Ni quoi que ce soit. Elle recule encore pour s'éloigner de la fenêtre. Pour ne plus voir l'extérieur, ni la silhouette qui s'y trouve. Non, quand elle le verra, elle lui dira. Elle lui dira qu'il doit s'éloigner d'elle. Même si elle doit lui briser le cœur pour ça.
Dès que le contact visuel se fut établi avec la jeune Buchanan, l'assassin sentit un drôle de sentiment étreindre sa poitrine. Quelque chose n'allait pas, quelque chose n'était pas normal entre eux... Encore plus anormal que d'habitude, s'entend... Attentif, le brun fixa Tessa avec la plus grande attention, et la drôle de lueur qu'il put lire au fond de son regard étrécit le sien: c'était comme si... comme si elle ne voulait pas qu'il soit là ? Non, c'était impossible... Elle pouvait avoir peur de lui, ça oui. Elle avait toujours eu peur de lui. Mais depuis leur pacte, elle n'avait pas de raison d'avoir peur de lui. Au contraire, même. Alors pourquoi cette drôle de lueur flottait elle au fond de ses yeux ?!
Il la vit murmurer quelque chose avec ses lèvres, quelque chose qu'il ne comprit pas, bien évidemment. De plus en plus étrange, la jeune femme ferma les yeux, comme si elle luttait contre quelque chose. Comme si elle avait l'impression d'avoir des visions, et qu'elle tentait de les chasser, peut être ? A nouveau, ses lèvres bredouillèrent quelque chose qu'il ne put déterminer. Mais une lueur de peur sembla passer dans les yeux de la jeune femme juste après. Elle avait l'air confuse. De plus en plus confuse...
Le brun fronça les sourcils en la voyant poser sa main sur la fenêtre. Une main si petite, si fragile... Et pourtant assaillie par un mal si puissant... Le regard du Corbeau fixa les doigts de Tessa avant qu'ils ne disparaissent, et il observa une dernière fois son visage avant qu'il ne s'évanouisse, lui aussi. Ce court face à face lui donne une seule et unique impression: elle ne voulait pas le voir. Elle ne voulait pas qu'il vienne. Chris se demanda pourquoi jusqu'à ce que, brusquement, la réponse lui apparaisse dans un flash. Et si, après avoir arrêté l'alcool, sa maladie s'était aggravée ? Et si elle avait commencé à faire une fixation sur lui ? Oh non... Pas ça...
Effrayé à une telle idée, et à l'idée que tout ça puisse être sa faute, Chris sentit soudain sa main droite trembler. Terrifié, il la leva au niveau de son visage, avant de refermer son poing, et de le resserrer, aussi fort qu'il le pouvait, dans le but de calmer les tremblements. Au bout quelques dizaines de secondes, il inspira profondément, et tenta de poser un peu les choses dans son esprit: après tout, il ne faisait que supposer. Rien ne garantissait que tout cela était vrai. Inutile de paniquer tant que rien n'est confirmé. Mais une chose était sûre: il allait devoir pirater en urgenre les dossiers psys récents de Tessa, et voir ce qui s'était passé pendant qu'il se remettait de ses blessures suite à l'ouragan... Sur cette décision, le brun leva une dernière fois la tête vers la fenêtre de la jeune Buchanan, et expira profondément. Il hocha la tête, et fit demi tour, avant que sa silhouette ne soit avalée par les ténèbres Londoniennes...