Des rires surgissent.
A peine audibles. Mais ils sont bien là.

Remuant les yeux derrière ses paupières encore closes, elle avait mis un certain temps avant d’émerger du sommeil à force de sentir près d’elle du mouvement. Des secousses indésirées. A peine éveillée qu’elle craignait le pire. Et le plus dur dans cette affaire était de se rendre compte qu’elle n’avait pas eu tort de s’en faire.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, la voilà qui se préparait en silence, ennuyée, sans savoir si cela venait du fait qu’on l’avait prise en photo pendant qu’elle dormait ou bien le fait qu’elle n’avait tout simplement pas l’envie de sortir aujourd’hui mais qu’elle n’en aurait pas le choix Très vite, elle en vint à choisir la première supposition, ne comprenant pas pourquoi des demoiselles qu’elle connaissait depuis une dizaine d’heures se permettaient de faire de telles choses. Au moins, cela ne partait pas d’une mauvaise intention, mais il avait simplement suffi de cela pour la déconcerter. Bien heureusement, le petit déjeuner lui permit de passer à autre chose. Mangeant avec quelques connaissances, il ne lui avait pas fallu longtemps pour étouffer ce qu’il paraissait être de la contrariété, ou peut-être de l'incommodité. En plus de ses bienfaits nutritifs, le petit déjeuner avait de quoi en réconforter plus d’un. Ce, pour son plus grand bonheur.

Après ce moment de consolation qui lui avait offert un teint plus frais, c’est en compagnie de la petite bavarde qu’elle quitte l’hôtel, mais cette fois-ci avec un peu plus d’intérêt que la veille, hochant la tête à la moindre de ses paroles ce que l'interlocutrice donna l’impression d’apprécier pendant qu'elle gardait Ken entre ses mains, ce dernier demandant encore de l'attention. N’était-il pas un peu trop demandeur ces derniers temps ? Penser de la sorte eut le mérite de l’amuser. Il n’était pas vivant, ni humain et pourtant, elle avait bien l’impression de s’en faire plus pour lui que pour la plupart de ses congénères depuis quelques jours. L’appel de l'enseignante coupe court à leur échange et s’attire toute l’attention de la porteuse de ruban qui range son Tamagotchi pour qu’il passe inaperçu, dorénavant désireuse de voir le théâtre de Dionysos. Elle s’avance près du groupe et laisse sa camarade là à ses amies lorsqu’elle aperçoit une tête assimilée et la demoiselle -une certaine Ashley d’après une rumeur dont elle avait eu vent- qui aurait pu correspondre à la description de la jeune fille à qui était destinée sa lettre, comme tant d’autres en réalité. Elle attend un moment avant de se glisser près du duo, leur laissant le temps de parler pour ne pas s’introduire dans leur conversation avant de se glisser non loin du blond, de l’autre côté, mains dans le dos.

-Qui aurait cru que la Belle au bois dormant existait bel et bien?

Cela suffirait comme salutation matinale. Blond, air endormi, décidément il ne manquait plus qu’une aiguille et le tout serait joué. Son attention se concentre ensuite sur la jeune fille qui avait, à première vue, l’air d’être proche de lui et la salua.

-Bonjour Ashley, c’est ça ?

Bien sûr, il restait fidèle à lui-même. Ce, même s’il exprimait son épuisement à s’en décrocher la mâchoire, ce qui s’avérait quelque peu comique à mieux s’y attarder là-dessus. Plutôt que de le plaindre avec bonté et une miséricorde qui n'avait tout bonnement pas sa place à l'heure actuelle, elle secoua la tête et esquissa un sourire en entendant sa remarque.

-Tout dépends de ce que j’y gagne.

En prenant connaissance de la question qui suivit et la réponse d’Ashley qui la devança d’une fraction de seconde, elle ajouta après avoir offert un petit coup d'oeil complaisant à la demoiselle pour lui faire comprendre qu’il n’y avait pas de raison pour elle de présenter ses excuses. Toutefois, être interloquée par une personne qui connaît l’identité d'autrui sans connaître la sienne était un motif légitime. Alors, il lui fallut prendre la décision d’éclaircir la chose.

-Non en effet. J’ai connu son nom au moyen d’une rumeur qui provenait d’une photo.

Elle n’avait aucun doute sur la connaissance de cette photo dans l’esprit d’Ashley et estima qu’elle n’avait pas besoin d’y décrire ce qu’il y avait sur cette dernière même si les spéculations et la compassion lui intimaient l’ordre de supposer que ce n’était qu’une banale falsification pleine de montage et de mensonge et qu’importe. De toute manière, sa vie professionnelle ne la concernait pas, ni le décolleté plongeant qu’on avait pu y voir d’ailleurs.

-Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes partenaires oui mais pas de cette manière. On s’est rencontrés à la plage, pour les châteaux de sable. Si ma mémoire visuelle ne me trompe pas, il me semble que tu y étais et que tu avais fait un château.

Il restait fort à parier qu’elle n’aurait pas été si cordiale si Damen et elle étaient bien en couple. Mais s’il fallait philosopher sur une relation, Niko restait persuadée que cela devrait plutôt être sur la leur. Après tout, dans sa vision des choses, si elle ignorait le comportement qu’elle pouvait bien à avoir dans ce type de relation intime, elle demeurait certaine que tenir la main d’un genre opposé au sien ne découlerait pas d’amitié. Du moins, s’il y avait du contact. Mais elle n’émettrait aucune remarque.

Maintenant qu’elle y pensait, elles s’étaient déjà croisées de loin sans se parler. Heureusement qu’elle avait une bonne mémoire.

-Je ne suis pas certaine. Il y a quelqu’un que vous voulez croiser ?

La seule chose qu’elle désirait véritablement, c’était prendre place dans le théâtre du dieu du vin et pourquoi pas avec lui ? Encore fallait il qu’il y soit mais peu de chance. Cela faisait un moment qu’il avait pris ses congés. Elle pencha légèrement la tête pour essayer d’apercevoir le chef de file les emmener près des navettes. Lorsque le groupe s’y trouverait, elle irait questionner l’enseignant pour savoir s’ils seraient les premiers à visiter le théâtre.