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Ruri Macarevich

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30.11.22 2:29
Fiche validée
Ancien membre
Genre : Femme
Âge : 25 ans
Taille / Poids : 1m68 / 52kg
Métier : Prof de théâtre, russe et japonais


Ruri
Macarevich

25 ans
Né.e le 03/02/1997

Sexe F
Femme/Fille

Homosexuel/le
Résidence Castel

Origine : Japon
Nat. : Japonaise

Castel
Prof de théâtre, russe et japonais

À Indarë (tous)
Depuis Septembre 2022

Droitière
Atteinte d'une maladie orpheline

CaractèreRuri, c’est une fille souriante. Si vous espériez la faire pleurer ou la mettre en colère avec vos remarques glaciales et vos regards mauvais, c’est raté. On croirait qu’elle ne sort jamais de ses gonds, avec sa bonne humeur qui semble à tout épreuve. Et si c’était vrai, après tout ? Ruri, elle a enfermé ses mauvaises émotions derrière une porte blindée, un portail bardé de fer loin, très loin au fond de son esprit. Colère, peine, solitude, la clef qui lui permettait de les atteindre, ça fait longtemps qu’elle l’a jetée. Tu dois profiter, Ruri, profiter de la vie, pour te venger de ce monde qui ne voulait pas de toi. Elle est nerveuse, aussi. Elle a peur que son corps ne tienne pas la distance, que ses espoirs et ses rêves ne soient que des chimères, que ses jambes ne se dérobent à nouveau et que tout recommence, encore une fois...

Ruri s’habitue à tout. Elle s’habitue vite, autant aux compliments qu’aux critiques, aux regards en coin qu’au mépris, à la nouveauté qu’au danger. Ruri, c’est quelqu’un qu’on peut surprendre une fois, mais pas deux. Très vite, elle se replonge dans l’indifférence. Non, ce n’est pas que ce que vous dites ou faites n’a pas d’importance ou qu’elle vous prend de haut c’est... que ça lui semble normal. La fille jalouse qui lui fait des crasses ? Facile à vivre. Le regard moqueur de ceux qui l’entourent quand elle rate quelque chose ? On s’y habitue. L’admiration, l’affection qu’on peut lui porter ? Ça aussi, elle s’y est habituée. A dire vrai, elle s’y est habituée au point de la dépendance, au point que ça lui manquera si ça disparaît. Non, les filles qui l’évitent et se moquent d’elle ne lui manqueraient pas. Mais votre regard compatissant, plein d’amour, ça, ça lui manquera. Et puis elle s’habituera aussi à votre nouveau comportement, avec le temps.

Ruri est gentille, généreuse. C’est elle qui va ramener un paquet de bonbons géant pour toute la classe ou apporter un jeu pour occuper tout le monde. Ruri, elle veut que vous l’aimiez, elle veut que vous l’adoriez, que vous la regardiez, au minimum. Elle veut obnubiler vos pensées parce que c’est pour elle la seule façon de vivre. Elle fera tout pour que vous pensiez à elle, même si c’est pour la haïr en silence, même si vous rêvez de l’étrangler. Quelle importance ? Ce qui importe, c’est que vos souvenirs soient remplis d’elle, elle et encore elle, partout cette petite tête blonde qui se détache de la masse avec ses yeux bleus pétillants de malice. Ruri, elle est parfois dangereuse, aussi. Si vous ne la regardez pas, elle peut changer de technique. Si vous ne la regardez pas, elle risque de vous y forcer. Oh, elle n’est pas méchante, ni colérique, mais elle attirera votre attention. Quitte à casser toutes les vitres autour d’elle ou à se mettre nue dans un couloir. Pas par colère ou par exhibitionnisme, non. Juste pour qu’on la voie. Après tout "c’est la fille qui s’est mise à poil devant tout le monde" c’est toujours mieux que "qui ça ?"

Ruri est spontanée, elle ne réfléchit jamais avant d’agir. Elle est aussi sans gênes. Ses tabous sont en nombre très limité et même si elle a des notions de base de politesse, il lui arrive souvent de ne pas les respecter. Ruri c’est aussi une éternelle retardataire, une fille qui profite du temps qui lui est offert et qu’elle estime avoir durement gagné et mérité. C’est celle qui va arriver systématiquement avec 15 minutes de retard sans prendre la peine d’avoir une excuse, à moins que ça ait une importance capitale à ses yeux, mais qui va aussi partir 15 minutes en retard pour compenser. Ruri est comme ça, irrespectueuse et individualiste, mais tellement attachante...

Elle vous coûtera cher, Ruri, si vous décidez de lui offrir quelque chose. C’est une enfant qui a toujours eu tout le monde près d’elle, pour s’occuper d’elle et prendre soin d’elle, qui s’est habituée à la compassion des autres et qui en profite comme elle peut. Si elle rechigne à admettre ses faiblesses, purement par orgueil, ça lui pose peu de problèmes d’en abuser quand ça l’arrange. Elle joue des rôles, Ruri, et celui de l’enfant mal en point est celui dans lequel elle s’immerge le mieux, question d’expérience. Elle sait mentir comme personne et, si ça lui apporte quelque chose, elle ne s’en privera pas. Son mensonge préféré ? "Je peux pas monter autant de marches, c’est mauvais pour moi... vous pouvez me donner les clefs de l’ascenseur ?" Pas qu’elle soit fainéante, non, elle sait simplement profiter de ce qu’on lui offre. Elle aime marcher, se promener, profiter du monde, mais elle préfère de loin le faire dans un parc que dans une cage d’escalier, surtout si l’ascenseur lui fournit à la fois une excuse et des heures de sommeil supplémentaire.


Qui es-tu, Ruri ? Comment lire dans ta tête alors que tu as toi-même verrouillé la moitié de tes émotions ? Pourquoi ne fais-tu pas un effort pour être compréhensible ? Pour qu’on puisse te cerner plus facilement ? Ça te plaît, n’est-ce pas ? D’intriguer, d’agacer, de faire sourire parfois – le plus souvent. Mais tu risques de te perdre, entre tes rôles et tes mensonges, tes histoires et tes sourires. Ton rire sonne faux, tes mots aussi. Dis-moi, Ruri, quand as-tu pleuré pour la dernière fois ?
PhysiqueYeux : Bleus
Cheveux : Blonds
Couleur de peau : Blanche
Taille : 1m68
Poids/Morphologie : 52kg
Traits du visage : Typée asiatique, tâches de rousseur sur la lèvre supérieure
Marques visibles : Rien à part quelques cernes
Vêtements/style : Tout ce qui lui passe sous la main

On dit souvent qu’elle est belle. Et il faut l’admettre, pour une fille aussi fragile, elle a eu la chance de naître avec un joli minois. Ruri, c’est la petite blonde au sourire à faire fondre, celle qui ne fait la tête qu’une fois tous les six mois et qui s’efforcera toujours, malgré tout, de relever la commissure de ses lèvres si on le lui demande gentiment. Souris, ma fille, c’est ta meilleure chance de profiter de la vie. Ses cheveux la rendaient un peu exotique au Japon et c’est sûrement pour ça qu’elle a commencé à les teindre quand ils se sont mis à foncer, comme si sa blondeur était un trait trop caractéristique pour qu’on la laisse partir si facilement.

Et pourtant, des traits caractéristiques, elle en a d’autres, à commencer par ses yeux. Ils sont bleus, d’un beau bleu vif qui a failli motiver ses parents à lui donner un nom de pierre précieuse, d’un bleu qui devient étrangement gris dans l’ombre. La couronne brune qui entoure sa pupille rend son regard envoûtant, multicolore, et elle joue souvent de ses grands yeux innocents pour s’attirer des faveurs. Mais surtout, ce sont des yeux qui la différenciaient de ses camarades et qui la rendaient assez reconnaissable. Tant mieux, c'est également ce qu'elle cherche dans la vie.

Ruri est fragile et pâle, les pommettes parsemées de discrètes tâches de rousseur. Si le temps a creusé d'indésirables cernes violacées sous ses yeux et ne fait qu'accentuer l'air de vulnérabilité qu'elle donne, son regard tendre souligne merveilleusement la forme de ses lèvres, pulpeuses bien que boudeuses. Il est impossible que son sourire éclatant et rêveur laisse qui que ce soit de marbre. Des tâches de rousseur couvrent sa lèvre supérieure au point qu'elle semble incomplète. Sa peau est pâle, à cause de sa vie entière passée enfermée, mais uniforme, comme le masque blanc d'une poupée de porcelaine. Pas de rougeurs, pas de veines en transparence, rien qu'une peau lisse et blanche et une myriade de tâches de rousseur qui n'apparaissent qu'en plein été, sous un soleil éclatant. Ses bras peu musclés laissent croire, eux, que Ruri est inoffensive. Détrompez-vous. Ses jambes allongées et maigrichonnes sont rapides, et niveau souplesse, elle peut se faufiler n'importe où. Elle ne vous cassera pas le nez avec un coup de poing (elle cassera plutôt son poing, en fait), mais elle peut vous faire un croche-pied dont vous vous souviendrez longtemps.

Elle fait très peu de sport, mais comme elle mange peu ça ne se ressent pas sur son physique, elle est même plutôt maigrelette. Elle est mignonne, Ruri, malgré son style vestimentaire aléatoire. Tout ce qui trouve grâce à ses yeux a une chance de finir dans sa garde robe. Elle veut profiter de la vie, ne pas s’embarrasser de convenances ou de principes, alors au diable la mode et les règles. Elle porte tout : des jeans délavés ou troués, des petits hauts adorables ou des sweats, des robes qui éclipsent toutes ses rivales. La seule chose qu’elle évite, ce sont les talons de plus d’un centimètre : du haut de son mètre 68, elle se trouve déjà bien trop grande comme ça.  

Histoire
"Je m’appelle Nikolaï Macarevich, et j’ai besoin d’aide. Mon adresse ? Euh... je ne suis pas chez moi, je suis à un café... oui, voilà, celui-là ! Il y a des hommes louches qui me suivent... J’ai peur qu’ils soient dangereux, j’ai cru voir des armes. Dix minutes ? D’accord, je vais faire de mon mieux pour rester discret et essayer de les semer."
Aleksei Ivankov raccrocha avec un soupir. Il n’aurait jamais cru avoir besoin d’appeler la police un jour, surtout comme ça. Il se faisait l’effet d’une fille apeurée dans une ruelle sombre, et l’arme inutilisable à sa ceinture semblait se moquer de lui. Peu importe. Il ne pouvait plus risquer sa vie, il avait un fils à charge, maintenant, et ses anciens "amis" devenaient trop insistants. Il jeta son pistolet dans le fossé et entra dans le café. Ceux qui le poursuivaient n’auraient pas l’audace du lui tirer dessus devant tout le monde... du moins il l’espérait. Les méthodes avaient changé, dernièrement.

La police mit bel et bien dix minutes à arriver. Les types qui le poursuivaient le surveillaient du coin de l’œil depuis une table lointaine : il était coincé, et il espérait vraiment que les flics allaient faire quelque chose pour l’aider. Il s’était rangé, maintenant, et il ne voulait pas que ça lui coûte la vie. La réaction de ses anciens amis à la vue de l’uniforme fut instantanée : ils se levèrent et sortirent leurs armes, et il ne dut sa survie qu’au prodigieux réflexe qui lui intima de se cacher sous la table. La femme à sa droite n’eut pas cette chance, et il la vit s’écrouler près de lui. Serre les dents et attends que ça se tasse, qu’ils s’en aillent. La scène se transforma en fusillade, et il vit les hommes tomber les uns après les autres sous les coups de la police. Un flic fut touché, Alek l’entendit crier. Puis tout s’arrêta. Le silence était assourdissant. Il ne devait pas rester là. Il avait appelé la polie en donnant un faux nom, mais il ne pouvait pas risquer qu’ils le reconnaissent. Ils n’avaient jamais été en bons termes, et il ne voulait pas finir en taule pour les avoir utilisés dans un règlement de comptes. Le plus discrètement possible, il quitta le café.

Quand il rentra chez lui, ce fut pour trouver son fils seul. Anders n’avait que deux ans, et jamais Elena n’aurait... La panique s’insinua dans ses veines et il courut dans toute la maison en hurlant son nom. Ils n’avaient pas pu... Si, c’était tout à fait possible. Tuer sa femme, le tuer lui, garder son fils. Il serra les dents et récupéra le revolver qu’il gardait dans la commode de l’entrée. S’ils voulaient vraiment mettre la main sur son enfant, ils étaient encore là. Il les repéra vite. Trois hommes, dans sa chambre et dans la chambre d’Anders. Il passa devant le corps de sa femme en ravalant sa rage et ses larmes. Il devait protéger son fils. À tout prix. Le premier tir résonna comme un coup de tonnerre.

"Où on va ?" "Loin. Maintenant donne ta valise au monsieur, qu’on puisse monter dans cet avion". Il devait fuir. Là où on ne le chercherait pas. Pas en Europe, pas dans un pays où ils risquaient d’avoir des relations. Au Japon. Ils ne s’étaient jamais entendu avec les yakuzas, le Japon était terre proscrite pour eux. Ils seraient en sécurité, là-bas. Mais il changea de nom, pour être sûr. Nikolaï Macarevich, c’était un nom avec lequel ils ne le retrouveraient pas. Pas tout de suite, en tout cas.

Anders avait du mal à apprendre le japonais. C’était une constatation désagréable qu’il voyait un peu partout dans ses dossiers scolaires. Oui, il avait du mal, il n’avait entendu que du russe pendant deux ans et il lui faudrait plus que deux ans pour s’adapter à un nouveau langage. Nikolaï faisait des efforts pour parler japonais chez lui, mais ce n’était pas évident pour lui non plus. Il devait s’adapter. La jolie fille avec qui il dînait en tête à tête l’y aiderait sûrement. Mariko Aiwara. Elle avait sept ans de moins que lui, et il l’avait rencontrée devant l’école de son fils ; c’était apparemment la tante d’un des enfants, qui venait le récupérer de temps en temps. Célibataire, jamais mariée, sans enfants. Ravissante et extrêmement gentille. Elle lui rappelait un peu sa défunte femme, avec ses sourires soudains et ses regards enamourés. Voilà qu’il retombait amoureux. Était-ce juste ? Était-ce correct ? Il n’avait quitté son pays que depuis deux ans. Sa femme...

Mariko, enceinte. Ils étaient ensemble depuis deux ans et demi, Anders avait bientôt sept ans. Il parlait japonais couramment, aidé par la présence de cette nouvelle maman japonaise, mais Nikolaï avait tenu à ce qu’il n’oublie pas sa langue maternelle. Un enfant bilingue, promis à un brillant avenir. Bientôt, il ne serait plus enfant unique, mais il semblait apprécier la nouvelle. Un petit frère, ou une petite sœur. Tout ce qu’il espérait, c’était que leurs sept ans d’écart n’allaient pas les séparer, que ses ennemis en Russie n’allaient pas retrouver sa trace, que Mariko allait rester à ses côtés pour l’éternité... Il s’écroula sur sa table, épuisé mais souriant.

Une fille. Ruri Macarevich, un adorable petit ange aux yeux bleus et aux cheveux d’un blond éclatant. Anders semblait l’adorer, et Mariko et Nikolaï filaient le parfait amour. Tout allait bien. Mais Ruri était... différente. Fragile. Malade. A ses trois ans, leur bonheur trembla. Nikolaï dut fouiller dans ses économies illégales, dans l’argent qu’il avait réussi à transférer de Russie, de l’argent qu’il aurait préféré ne jamais avoir à réutiliser. De l’argent sale pour la vie de sa fille, pour les recherches, pour les hôpitaux, les centaines de médecins qui cherchèrent à la soigner. Il ne recula devant aucune dépense, et Mariko ne posa pas de questions. Pour Ruri, mieux valait ne rien savoir.

Il fallut des années pour stabiliser son état, des années et des milliards de yen. Mais à neuf ans, Ruri put rentrer chez elle. Branchée à des installations mobiles, des intraveineuses et des câbles de soin dans le nez, mais vivante. Mais sa vie était toujours en danger. Ses parents ne cherchèrent pas à l’inscrire dans une école. Depuis son plus jeune âge, c’est Anders qui s’occupait d’elle à l’hôpital, qui lui apprit à lire, à compter, à parler, qui lui enseignait ce qu’elle avait besoin de savoir, pour entretenir l’espoir qu’un jour, elle allait s’en sortir et pouvoir apprendre à l’école, comme tout le monde, avec d’autres enfants de son âge. Qu’elle pourrait quitter son lit d’hôpital, ses médicaments, ses soins intensifs. Quand elle mit les pieds dans la maison de ses parents pour la première fois en six ans, ce fut pour eux deux le signe qu’elle allait s’en sortir, vivre, rire et être heureuse dans ce monde qui n’avait pas voulu d’elle.

Sa survie n’était pas garantie. Elle était toujours malade et fragile. Mais plutôt que d’être alitée à l’hôpital, elle pouvait rester chez elle, à attendre que son frère rentre de l’école. Elle passa son enfance sous le joug de la solitude, mais il ne lui fallait qu’un regard, un sourire de son frère pour l’oublier. Elle en devint dépendante. Quand son frère tomba amoureux d’une fille de son lycée, elle se sentit terriblement abandonnée. Elle avait besoin qu’on lui parle, qu’on la regarde, qu’on lui accorde de l’importance. Et son frère n’était plus assez présent, son père se perdait dans ses comptes pour retrouver encore plus de l’argent qu’il avait caché un peu partout pendant ses années en Russie, sa mère faisait de son mieux mais Ruri pouvait voir la peine dans ses yeux à chaque fois qu’elle la regardait. Elle ne voulait pas de ça. Alors elle se battit.

À onze ans, elle insista pour entrer au collège. Malgré la réticence de ses parents, elle fut acceptée dans une école adaptée à son état. Ce fut plus facile pour elle que ses parents l’avaient cru. Elle était souriante, courageuse. Sa joie de vivre et sa force de caractère l’aidèrent à se faire accepter malgré les installations qu’elle était forcée d’avoir autour d’elle et qui la rendaient si différente des autres. Elle se fit des amis, nombreux, et à nouveau elle ressentit le bonheur d’être aimée en permanence. Elle enferma sa solitude et sa mauvaise humeur derrière une lourde porte blindée au fond de son esprit avant d’en jeter la clef loin, très loin dans son inconscient.

Au collège, elle rencontra Misaki Honoka. Misaki était son rayon de soleil, la parfaite remplaçante pour son frère moins présent. Amatrice de théâtre, elle embarqua Ruri dans les coulisses puis sur scène, lui appris à jouer un rôle, puis un autre, puis un autre encore jusqu’à ce que ces connaissances soient ancrées dans ses veines. Elle l’aimait. Trop, peut-être. A douze ans, elle commença à croire que quelque chose ne tournait pas rond chez elle. Misaki était jolie, oui, mais c’était une fille. Une fille, comme elle. Elle se promit de ne rien dire, jamais, regarda les garçons qui tournaient autour de son amie comme autant de chances de se taire et accepta sans broncher que rien de plus ne brille jamais dans son regard qu’une amitié sincère. C’était suffisant. Ça lui suffisait.

Ou pas tant que ça. L’année suivante, elle assista à une soirée pyjama avec un groupe de filles de sa classe, dont Misaki. Et comme ce genre d’événement dérape parfois, elle en vinrent à jouer à un jeu, un jeu qui la fit embrasser Misaki, "pour rire", et qui fit trembler ses certitudes. Elle fit l’erreur d’avouer la vérité à son amie. Une mauvaise idée, qui lui coûta si cher... "Ruri aime les femmes". Ce n’était que quelques mots, une tirade qui la toucha aussi sûrement qu’une flèche en plein cœur. Ruri aime les femmes. Ruri m’a avoué ses sentiments. Ruri a voulu m’embrasser. Misaki... Pourquoi?

Qu’as-tu perdu, Ruri ? Les sourires, les regards compatissants, te manquent-ils vraiment ? Ça n’a pas d’importance. Sa trahison... Sa trahison m’a détruite. J’aurais accepté un refus, j’aurais même accepté un rejet, du mépris... Mais ça... Oh Ruri, tu t’habitues à tout. Tu le sais, n’est-ce pas ? Oui, elle s’habituait à tout. Elle s’habitua aux regards de ses camarades, au jugement de ceux qui la trouvaient bizarre, au filles qui l’évitaient. Elle s’habitua. Après tout, l’important était qu’on la regarde, qu’on parle d’elle, qu’on pense à elle. Elle devait vivre à travers les autres, parce qu’elle y serait éternelle, là, bien au fond de leur esprit. Qu’ils l’aiment ou la détestent, ça n’avait plus d’importance. L’important, c’était qu’ils la connaissent.

Elle n’avait plus peur de leur avis. Elle passa l’année de ses treize ans à vivre à travers le regard des autres. Réussit à convaincre ses parents de lui faire poser un appareil dentaire pour aligner son sourire et la rendre encore plus belle, plus parfaite, pour obnubiler leurs pensées, pour qu’un jour ils la voient et la complimentent et qu’elle puisse répondre : "Combien de fois as-tu pensé que j’étais anormale ?". Ne pas laisser ses cheveux perdre leur couleur, se détacher de la masse, marquer les esprits. Comment marquer les esprits ? Sa chute et la perte de connaissance qui s’en suivit en cours de sport eurent un effet certain.

Quand elle rouvrit les yeux, elle était de retour à l’hôpital, avec Anders penché sur elle, sa mère en larmes, son père scotché à son téléphone. Pendant un instant, elle se crut revenue des années en arrière. Elle put quitter l’hôpital, mais il était hors de question pour son père que cela se reproduise. Alors il recommença. Il vola sur les comptes de ses ennemis et sur les siens tout ce qui était nécessaire. Cela prit un an. Un an de solitude pendant lequel la porte derrière laquelle Ruri avait barricadé ses émotions menaça de céder. Et un jour, plus rien. Tu n’es pas guérie, Ruri, mais tu ne vas pas mourir. C’étaient des mots... étranges à entendre. Si elle allait vivre, vraiment vivre, avait-elle toujours besoin qu’on la connaisse ? Qu’on se souvienne d’elle ? Elle avait voulu survivre dans leur mémoire, mais elle allait survivre dans ce monde, le vrai. Je veux changer d’école.

Mais une année sans suivre le moindre cours n’aide pas à entrer où que ce soit. Tu ne peux pas, Ruri, tu as été refusée. Ils n’ont pas l’équipement adapté. Si jamais il t’arrive quelque chose, on sera trop loin. Et puis Anders a décidé de faire un geste pour elle, le premier depuis longtemps. Il lui tendit les prospectus d’une école, une école prestigieuse, dans la ville où il s’était installé. Si tu passes les examens d’entrée, je te loge chez moi. Ça coûtera cher, mais tout l’argent que papa avait mis de côté pour te soigner est toujours là. Il acceptera et je serais là. Si tu décides d’aller vivre dans ton école, plus tard, je te laisserais mais, pour l’instant, je veux que tu restes avec moi.

Elle avait eu un an. Une longue année pour lire, apprendre, comprendre. Le cœur serré, elle entra dans la salle. Vous avez quatre heures. Premier examen d’une longue série. Respire, réponds aux questions, passe les tous avec succès, laisse ton père agiter son argent sous leur nez et, bientôt, tu seras acceptée. Tu pourras vivre dans cette ville, rencontrer de nouvelles personnes, vivre avec ton frère, loin de Misaki et de sa bande. Libre. Ses notes battirent tous ses records, et elle fut acceptée. Pour la première fois, elle entra dans une école sans traîner derrière elle des perfusions et des tubes. Juste en étant elle.

Ses années de lycée furent... chaotique. À son image. Elle se lia rapidement d'amitié avec le dirigeant de son club de natation, au point de peiner à imaginer la vie sans lui. Ce fut lui qu'elle vint voir le jour où son coeur s'enticha à nouveau d'une fille, dans ses bras qu'elle pleura alors qu'elle rejetait cette part d'elle de tout son coeur. Elle avait tenté de lutter, pourtant. Dragué un inconnu dans une soirée pour se convaincre que les garçons aussi pouvaient faire naître une étincelle, en vain.

Son cœur n'avait pas le droit de lui refaire un coup pareil. Il n'avait pas le droit de se remettre à battre follement en croisant le regard d'une fille. Oui, elle avait des yeux verts magnifiques, et un sourire contagieux, et un rire qui résonnait encore dans ses entrailles mais... mais non. L'image de Misaki, son regard méprisant, étaient encore trop brûlants dans sa mémoire pour qu'elle puisse penser à autre chose. Toutes ces filles qui l'avaient évitée après la grande révélation de Misaki. Tous ces regards en coin, ce jugement au bord des lèvres, cette impression, pour la première fois, d'être anormale. Alors elle l'a enfermée. Pas de sentiments, pas de problèmes, rien à assumer. Jusqu'au jour où sa vie a volé en éclat pour ne se reformer que maladroitement.

Décidée à avoir plus d'une personne à qui se confier lorsque son dirigeant de club commença à s'éloigner d'elle pour passer plus de temps avec son petit ami, elle se lia d'amitié avec un membre de son club de théâtre à qui elle confia certaines parties de sa vie, de ses pensées. Une part d'elle voulait tenter d'assumer. Part d'elle qui mourut en même temps que son ami lorsqu'une réception de l'université fut interrompue par des représailles de yakuza sur leur école, qu'ils avaient apparemment financée sans obtenir réparation. Elle n'était pas là ce jour-là. Son ami, si. Il n'en revint jamais.

L'esprit de Ruri mit un moment à se reconstruire, à se réparer. Elle enchaîna les mauvaises décisions, enferma autant que possible les émotions qui se bousculaient à la surface et qu'elle ne parvenait plus à enterrer. Elle prit des risques, avec sa santé, avec son entourage, avec sa vie. Ce fut son frère qui, difficilement, parvint à la faire revenir sur le droit chemin. Mais les extrêmes de son comportement ne sont jamais bien loin, flottant à la frontière de son esprit. Pendant sa dernière année de lycée. Pendant ses années d'université. Pendant son année dans une troupe de théâtre.

Elle a quitté le Japon en même temps que son meilleur ami, mais pas dans la même direction. Lui partit en Corée s'installer avec son petit ami, elle en Angleterre pour commencer une nouvelle vie. Une vraie vie, en espérant de tout son coeur que les dix ans sans sa maladie en deviendraient vingt, puis trente, qu'elle pourrait vivre. Même si une pièce du puzzle n'a toujours pas trouvé sa place.

Je ne veux pas que ça recommence... Je ne veux pas qu'on me regarde encore comme ça.

Pseudo : Martel
Âge : 28 ans
Lecture 18+ : Non

Commentaires/précisions : Ca manque de profs, par ici :eyes:
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