Tout en fumant sa cigarette, un type grand et mystérieux apparut soudainement dans une ruelle. Visiblement de mauvaise humeur, et enveloppé d'un immense imperméable gris foncé, il pénétra dans un entrepot apparemment déserté pour se mettre à l'abri de la tempête imminente avec ses quatre hommes, qui le suivaient au pas. D'un geste agacé, il chassa l'eau qui coulait de ses cheveux et le long de son visage, avant de poser un doigt sur son oreillette: - Team Gamma, vous avez repéré la cible ?
Durant quelques instants, tout ce qu'il obtint en retour ne furent que des crachotis mêlés de silence. De plus en plus agacé, l'inconnu renouvella sa question: - Gamma, avez vous oui ou non rattrapé Corbeau ?! Répondez, bordel ! - Eh bien... Pas exactement, monsieur... répondit enfin une voix dans son oreillette. - Vous avez trois minutes pour le neutraliser ! Et coordonnez vous avec Bêta et Delta pour l'encercler s'il s'agit bien de lui ! Ils se dirigent vers vous en ce moment même ! Rattrapez le immédiatement ! On n'a pas le droit à l'erreur ! Insista t'il alors en pesant bien chacun de ses mots.
Pendant ce temps-là, à quelques rues d'ici...
Un jeune homme brun surgit brusquement et en courant à toute vitesse d'une ruelle, la pluie de plus en plus forte lui fouettant le visage. Quelques secondes plus tard, trois hommes vêtus de costumes noirs surgirent à leur tour de la même ruelle. Ils s'immobilisèrent le temps de repérer le jeune Raven, et reprirent leur course éffrénée à travers la capitale Anglaise de plus en plus désertée à mesure que la tempête se levait.
Soudain, tandis qu'il sprintait en direction d'un arrêt de bus, le verre dont celui ci était fait se brisa brutalement, et Chris exécuta une roulade avant, plus par réflexe qu'autre chose, car il n'avait entendu coup de feu. Il tourna la tête en direction de ses poursuivants après s'être relevé et avoir repris sa course et nota que l'un d'entre eux disposait d'un silencieux sur le canon de son arme, ce qui expliquait les choses. Durant un instant, le brun regretta d'avoir pris la décision un peu plus tôt d'avoir quitté la cour de l'université dans le but de se rendre en ville. Mais comment aurait il pu deviner qu'il allait croiser des tueurs qui lui en voulaient de toute évidence personnellement ?! Et comment aurait il pu savoir qu'un ouragan allait s'abattre sur la ville alors qu'il était supposé passer au sud ?! En France ! Rien ne se passait comme ça aurait dû...
C'est alors qu'à l'horizon, il aperçut un autre groupe d'ennemis se dirigeant droit vers lui. Bon sang, mais... Combien étaient ils ?! Sans se faire prier, il accéléra sa vitesse de course, et bifurqua brusquement avant de se retrouver dans une impasse sale et sombre. Dès qu'il comprit qu'il s'était piégé lui même, il prit une nouvelle décision: il défonça la porte condamnée d'un vieil immeuble, visiblement déserté, avant de dégainer son gloc, et de s'enfoncer dans les couloirs obscurs du vieux bâtiment à l'abandon. S'ils le voulaient vraiment, ils allaient devoir venir le chercher, et le chasser sur le terrain qu'il aurait choisi lui même... Et non l'inverse...
Sans perdre davantage de temps et après avoir encerclé l'entrée, la première escouade de tueurs pénétra à son tour dans le bâtiment plongé dans la pénombre. Nerveux, le trio laissa passer l'homme parmi eux qui disposait d'un fusil d'assaut avec lumière éclairante, et ses deux acolytes s'emparèrent d'une lampe de poche pour progresser lentement dans les ténèbres. Jusqu'ici, aucun signe de leur cible, et ils ne pouvaient pas se fier à d'éventuels bruits. Plus maintenant... La pluie tombait à présent si fort dehors qu'elle martelait le toit et les parois du vieux bâtiment, provoquant un bruit de fond gênant. Quant au vent, il commençait à se transformer en mugissement, en complainte presque, depuis l'intérieur de cet immeuble abandonné.
Les assassins s'immobilisèrent un instant et échangèrent un regard, tout en soupirant pour contrôler leur respiration, dans le but de garder leur calme, et de ne pas céder à la panique. Ils savaient à qui ils avaient à faire: ils savaient qu'il était là, quelque part... Ils savaient qu'il observait, qu'il guettait, tel le traqueur qu'il avait toujours été. S'ils commettaient la moindre erreur, il les abattraient comme des chiens, ils en avaient parfaitement conscience... Les autres équipes encerclaient actuellement le bâtiment afin d'empêcher Chris de s'enfuir par une autre entrée éventuelle, encore inconnue de leurs services. Mais cela signifiait aussi que pour l'instant, ils n'étaient que trois face à lui...
Le leader de l'équipe tenta de contacter à nouveau les autres équipes tandis qu'ils s'enfonçaient lentement dans l'immeuble, sans quitter des yeux la sortie, et il se rendit soudain compte que la tempête redoublant de fureur, le contact radio fonctionnait de moins en moins bien. Et puis soudain, il le vit. Ou plutôt, il ne le vit plus... Leur troisième homme, celui qui couvrait leurs arrières, avait purement et simplement disparu.
Pas le moindre bruit, pas la moindre trace, rien. Il resta interloqué plusieurs secondes, balayant la zone où il se situait encore quelques secondes plus tôt avec son arme de poing entrecroisée de sa lampe de poche, mais rien. Il n'était plus là. - Jake ! Murmura t'il alors en direction de son partenaire au fusil à pompe. Celui ci ne répondit rien. - Jake, par ici... Je crois que Blake a disparu... Lorsqu'il n'obtint à nouveau aucun réponse au bout de plusieurs secondes, il fit volte face et écarquilla alors les yeux de terreur: le dénommé Blake avait disparu, lui aussi. Sans laisser la moindre trace.
De plus en plus apeuré, l'homme tenta d'appeler ses alliés via la radio, et c'est avec horreur qu'il n'obtint en retour que des grésillements. - Il est trop tard ! S'exclama alors une voix provenant des ténèbres. Paniqué, le leader de la team Gamma voulut pointer son arme en direction de la voix mais il n'en eût pas le temps: un coup de feu amorti par un silencieux l'atteignit au bras droit, et dans un cri mêlé de douleur et de surprise, il lâcha son arme et s'effondra au sol.
C'est alors qu'en relevant la tête, la lumière accrochée à son plastron éclaira une silhouette, dissimulée dans les ténèbres. D'abord trop loin pour une lumière de cette puissance, mais l'ombre s'approcha de quelques pas, et soudain, son visage à l'expression de marbre fut illuminé, et l'homme sut qu'il s'agissait bien de Corbeau. Il sut qu'il s'agissait bien de Chris ! Ce dernier posa son pied sur la blessure qu'il venait de provoquer à son épaule, et appuya, doucement d'abord: - Je vais te tuer, de toute façon ! Seule la manière dont je le ferai dépendra de ta capacité à coopérer, ou non... Qui êtes-vous ? Lança l'assassin d'un ton froid.
Souffrant, l'homme hésita, mais une seconde balle tirée dans son genou gauche, cette fois, lui donna amplement de quoi réfléchir. - Arrête, bordel !! - Réponds à ma question ! - Tu n'es pas foutu de reconnaître ceux qui t'on crée, espèce de sale merde ?! Cracha alors le mercenaire avec un ton et un visage déformés par la haine. Chris eût alors un léger mouvement de recul: - Non... C'est impossible... Comment...
Soudain, la radio de l'homme se mit crachoter moins fort et une voix se manifesta: - Wedge ? Wedge ?! Vous êtes là, les gars ?! Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose: ils avaient pénétré dans le bâtiment, ils n'étaient pas loin. L'interrogatoire du dénommé Wedge s'arrêtait donc là ! Sans hésiter, Chris leva son arme et lui tira une balle en pleine tête avant de récupérer le matériel qui pouvait lui être utile, et de disparaître dans les ténèbres...
Déja plusieurs longues minutes que le jeune assassin patientait dans le noir, sans bouger, en attendant que ses poursuivants survivants pénètrent dans le bâtiment pour tenter de l'éliminer à leur tour, avec pour seuls bruits de fond un toit insalubre gouttant non loin de lui, et l'orage de l'ouragan, faisant des ravages dans la ville, tout autour de lui.
Lentement, le stress commençait à grimper en Chris... Comme s'il savait qu'ils auraient déjà dû entrer. Comme s'il savait que ce retard était anormal...
A nouveau, avec un geste plus nerveux que d'habitude, il alluma sa montre afin de consulter l'heure, prenant ainsi le risque de révéler sa position dans le noir absolu de cette pièce, bien qu'il soit convaincu d'être tout à fait seul en cet instant: 18:02. Et toujours personne... Ses yeux se plissèrent encore davantage tandis que de sa main droite, ses doigts se ressérèrent avec encore plus de fermeté autour de la crosse de son gloc 40. Un nouvel éclair déchira le ciel, attirant brièvement l'attention du Corbeau tandis que le tonnerre explosait aussitôt, très proche. Celui ci n'était vraiment pas passé loin... De toute évidence, la tempête était sur eux, et au vu de la puissance du vent, elle redoublait encore et toujours de violence...
Tout en se forçant à conserver son calme, le brun se mit à faire des exercices de respiration, dans le but, justement, d'éviter de paniquer. Mais quelques minutes plus tard, il eût subitement comme une révélation: ils n'entreraient pas ! En tout cas, pas par cet escalier ! Pas par cette pièce dans laquelle il venait d'abattre trois de leurs alliés ! Comment avait il pu être aussi stupide ?! Persuadé qu'il était en train de se faire piéger, il se redressa brusquement, et se mit à courir à travers le vieil immeuble à l'abandon, dans la direction opposée à la zone où il avait combattu un peu plus tôt, dans le but de s'en éloigner.
Mais soudain, un nouvel éclair déchira le ciel, l'aveuglant à moitié à travers une fenêtre, et il se prit les pieds dans une vieille chaise, renversée au sol, et s'étala de tout son long avant de rouler sur plusieurs mètres. Chute providentielle, car l'instant d'après, toutes les vitres autour de lui volèrent en éclats sous l'effet de coups de feu avant que ses poursuivants ne s'engouffrent dans le bâtiment par les fenêtres, tout autour du pauvre Chris, qui était non seulement à terre, mais qui en plus avait laissé tomber son arme un peu plus loin. Autant dire que le match était joué avant même d'avoir commencé...
Six hommes armés lourdement et vêtus intégralement de noir pointèrent leur fusil d'assaut sur le jeune assassin qui se contenta de se tourner vers eux, et de lever les mains. L'un d'eux hôta alors sa cagoule, un blond aux yeux verts, visiblement satisfait de la situation, au vu du sourire narquois qui ornait son visage. Le Corbeau ne le connaissait pas. En tout cas, pas qu'il sache... - Eh bien... On ne peut pas dire que tu aies beaucoup de chance, n'est ce pas Corbeau ? Relevez le ! Ordonna l'homme à ses hommes d'un signe de tête.
Deux de ses hommes s'approchèrent alors et relevèrent l'universitaire sans ménagement avant de le plaquer dos à un mur en le tenant chacun par un bras. Un troisième type ramassa et ramena le gloc de Chris, avec le reste du matériel volé aux hommes décédés du blond. Mais seul le gloc sembla attirer son attention. Il se saisit de l'arme et la manipula lentement tandis que Chris l'observait avec un visage de marbre. Puis il leva les yeux vers le jeune homme et esquissa un large sourire: - Pas de doute... Tu ES celui que nous cherchons ! N'est ce pas ?
Raven se contenta de fixer l'hommes dans les yeux, sans ciller. Il n'avait rien à lui dire. Mais cela ne sembla pas déranger le blond. Il semblait même s'en amuser, en fait, et s'attendre à ça. Il s'approcha doucement de Chris, et lui dit alors: - Parmi les 24 tueurs, un seul maniait un gloc 40. Et un seul s'est enfui. Et il se trouve qu'il s'agissait du même enfant ! Et nous savons tous les deux que ce n'était pas une coïncidence, n'est ce pas, numéro 3 ?
A l'instant où l'étranger le nomma ainsi, les traits du visage de Chris perdirent leur calme apparent, et une profonde haine se dessina. La seconde suivante, un crachat atterrissait sur le visage du type aux yeux verts, pile entre les deux yeux. - Vas te faire foutre ! Rétorqua alors le brun en le fixant droit dans les yeux. Dans un premier temps, le leader des hommes en noir demeura figé par ce crachat reçu en pleine figure. Et puis... peu à peu, ses traits se déformèrent sous l'effet de la colère: - Comment... Oses tu ! Il frappa aussitôt l'universitaire à plusieurs reprises, en plein visage, d'abord, puis à l'estomac, plusieurs fois.
Finalement, les hommes le lachèrent et le jeune assassin tomba à terre, recroquevillé sous l'effet de la douleur. Et ce qui devait arriver arriva: le blond pointa le gloc de Raven vers lui et il ajouta alors d'une voix tremblante de haine: - Personne ne viendra te sauver cette fois ! Je vais te tuer, espèce de petite merde ! C'est alors que brusquement, sa radio crachota, et une voix se fit entendre: - Krain ? Krain ? Un voile de peur apparut aussitôt dans les yeux du blond, visiblement nommé Krain, qui hésita quelques instants entre sa volonté d'éliminer Chris et la peur que pouvait lui instiller le mystérieur inconnu à l'autre bout du fil à la radio.
Ce dernier eût malgré tout le dernier mot... Krain baissa son arme en serrant les mâchoires, puis: - Oui ? Je suis là... - Vous l'avez ? - Oui. Pour tout dire, je m'apprêtais à en finir avec lui... La radio demeura silencieuse quelques instants, puis soudain: - Non, attends... amènes le à la planque... Je veux être sûr qu'il ne sait rien, et qu'il n'a rien vu... - A vos ordres...
Le blond se tourna vers Chris, qui s'était déjà mis en position du lotus, au sol, et affichait un sourire narquois particulièrement agaçant aux yeux de Krain: - On dirait bien que quelque chose m'a sauvé, finalement... Ajouta t'il avec un ton railleur. Aussitôt, Krain fit volte face et donna un coup de crosse dans la tempe au Corbeau, qui s'effondra au sol, assommé. - Attachez lui les mains, et préparez le pour le transport ! On va devoir traverser une bonne partie de Londres jusqu'à la planque et même s'il n'y aura pas grand monde dehors par ce temps... Je préfère être prudent...
Après lui avoir menotté les poignets et couvert le visage avec une cagoule noire, les hommes en noir firent descendre le Corbeau et le jetèrent sans ménagement à l'arrière d'un van foncé. Le jeune homme ne semblait pas particulièrement désarçonné par l'avancée des évènements. De toute évidence, ce genre de chose lui était déjà arrivé par le passé... Deux hommes montèrent avec lui à l'arrière, deux autres à l'avant, et les deux derniers prirent un autre véhicule pour couvrir les arrières du Van.
Ils ne traînèrent pas. La tempête redoublait toujours plus de violence, et la visibilité pour conduire était elle aussi particulièrement faible. Chris comptait là dessus. Et déjà, allongé à l'arrière, il avait tiré une épingle d'une cachette, dans ses vêtements, et travaillait lentement mais sûrement à forcer ses menottes. Même aveuglé, il savait parfaitement comment faire. Il connaissait la marche à suivre. Après tout, il avait été entraîné pour ça. Il avait même été frappé dans le but d'améliorer ses performances dans ce domaine lorsqu'il était encore enfant... Finalement, le cliquetis faible mais libérateur lui arracha un grand sourire, étirant ses lèvres en un sourire vicieux, mais invisible, grâce à la cagoule. Un cliquetis qu'il fut le seul à entendre...
Et soudain, l'événement salvateur qu'il espérait et attendait eût lieu ! Le Van percuta un véhicule qui traversait la rue devant lui et une violente collision stoppa immédiatement le véhicule. Sonné, mais parfaitement conscient de la situation dans laquelle il se trouvait, Chris ôta la cagoule et vit alors l'un des hommes près de lui se redresser, le front en sang, visiblement amoché par l'accident. Leurs regards se croisèrent, et il tenta alors de dégainer, mais le Corbeau fut le plus rapide: il le plaqua à la paroi du Van en lui enfonçant son pied dans la gorge. Puis, afin d'achever son travail, il lui donna un nouveau coup de pied au même endroit, tel un marteau piqueur. L'homme s'effondra alors, assommé. Sans lui donner le temps de reprendre ses esprits, Chris grimpa sur son dos, et lui brisa le cou avec une expertise palpable. Il se tourna vers le second type qui était complètement assommé à cause de l'accident et lui brisa à son tour le cou sans la moindre pitié, par sécurité, avant de ramasser une arme, et d'ouvrir la porte arrière du Van d'un coup de pied sec.
Il vit alors la pluie tomber à verse et la tempête se déchaîner, et s'immobilisa un instant: s'il voulait s'en sortir, ce n'était pas le moment de prendre peur à cause de cette tempête ! Il n'avait pas le choix ! Il sauta du véhicule et entendit soudain un coup de feu, puis deux, et se figea sur place: - Lâche ton arme, Raven ! MAINTENANT ! Hurla Krain, visiblement de très mauvaise humeur. Ce dernier s'exécuta tandis que le second véhicule se garait non loin d'eux, devant la vitrine d'un bar probablement fermé, nommé le Yard Bar. - Tu commences vraiment à me faire chier !! Ajouta l'homme tout en maintenant son arme pointée sur l'étudiant qui se tourna lentement vers lui, pendant que ses deux hommes sortaient de voiture. Tu ne pouvais pas avoir la bonté de rester attaché sans faire d'histoires ?!! Bon, foutez le moi dans le coffre, et vite ! La tempête redouble ! On se casse d'ici ! - Et pour le van ? - Il est mort, de toute façon... Le démarreur est foutu... - Un peu comme le civil qui nous est rentré dedans, ajouta le conducteur du Van, légèrement amusé, malgré la situation. - Bon allez, on bouge ! Et remettez lui sa cagoule ! Jveux plus voir sa gueule avant le Bunker !
Deux hommes plaquèrent Chris sur le capot de la voiture et l'un d'eux lui enfila la cagoule pendant que le second le fouillait et lui mettait une nouvelle paire de menottes. A cet instant, personne ne le remarqua, mais une petite chaîe autour du cou de Chris se cassa, et son pendentif tomba sur le goudron. C'était le cadeau que lui avait fait Lily lors de leur première séance de Squash. Ce talisman protecteur supposé le protéger. Eh bien, il venait de le perdre... - Allez l'artiste, on y retourne... souffla un des hommes avant de l'arracher au capot et de l'entraîner jusqu'à l'arrière de la voiture. Là dessus, ils ouvrirent le coffre, et l'assommèrent avant de le jeter dedans, et refermèrent le compartiment. - En route ! On a perdu assez de temps ! ordonna Krain avant que les quatre hommes ne montent à bord et que la voiture ne démarre.
Heureusement, le Corbeau avait la tête dure. Encore sonné, il émergea peu à peu lorsque le véhicule démarra, tentant tant bien que mal de garder une trace du temps et de l'espace, dans le but de comprendre où l'emmenaient ses ravisseurs.
Peine perdue...
A part le bruit de la pluie tombant de façon drue et ininterrompue en martelant la voiture, le vent mugissant de plus en plus fort, et le tonnerre grondant avec toujours plus de puissance, l'assassin ne percevait rien du tout depuis la pénombre de son coffre. Mais de toute façon, il n'eût pas à s'essayer à cet exercice très longtemps... Sans crier gare, une mini tornade entra de plein fouet en contact avec leur voiture. Le Corbeau entendit les hommes paniquer et tenter d'échapper comme ils le pouvaient au phénomène naturel en essayant de faire bifurquer le véhicule, mais c'était inutile, puisque ce dernier ne touchait déjà plus terre.
Le phénomène météo souleva la voiture et lui fit faire de multiples roulades avant de brusquement s'immobiliser sur le toit. Le coffre, quant à lui, s'ouvrit brutalement, et Chris tomba sur le béton sans ménagement en poussant un hurlement de douleur.
Très vite, il comprit en inspectant son bras gauche d'où venait son mal: durant les multiples loopings du véhicule, l'os de son bras gauche était légèrement sorti de son bras, et désormais, ce dernier était cassé, ce qui lui provoquait une douleur atroce. Au sol, sous la pluie, le brun n'eût pourtant qu'un réflexe: se redresser et neutraliser ses ravisseurs ! Il se saisit d'un cric, tombé à ses côtés , se releva en grognant sous l'effet de la douleur en s'appuyant à la voiture à l'aide de son bras valide,et fit le tour de la voiture pour constater que ses trois ennemis étaient morts, et en fût soulagé. Il lâcha alors son arme de fortune, récupéra son gloc sur le corps de celui qui l'avait désarmé et se laissa glisser contre le véhicule, désormais bon pour la casse, le temps que la douleur diminue un peu, et que ses idées se reforment un peu.
Sa vision se floutait un peu, et il avait mal, terriblement mal. Il avait également diverses blessures superficielles au visage, à l'épaule droite, à la jambe droite et un peu partout sur le corps. Mais il ne pouvait pas se laisser aller avant d'être en lieu sûr... Que faire maintenant ? Ils étaient tous morts, et il ne savait pas où ils comptaient l'emmener. De toute façon, avec son bras cassé, il était désormais hors course. Il fallait qu'il se trouve un abri jusqu'à la fin de la tempête. Il avait eu de la chance, cette fois. Mais la prochaine fois ?
Il observa son bras gauche ramené contre son torse, et pensa à Lily: elle devait sans doute se trouver à Indarë, en ce moment. C'était trop dangereux d'aller là bas pour lui, maintenant. Il devait faire en sorte de ne pas foutre en l'air sa couverture. Ces types avaient été chanceux. Ils l'avaient croisé par hasard en plein centre ville juste avant le début de l'ouragan. Mais on dirait bien que la chance avait réclamé un retour sur investissement, et qu'ils avaient épuisé toute leur monnaie lorsqu'ils l'avaient croisé.
Mais il lui fallait un endroit sécurisé où patienter et se soigner jusqu'à la fin de l'ouragan. Il pensa à Brook, mais elle devait elle aussi être à Indarë... C'est alors qu'une autre idée lui vint. Lentement, il prit à nouveau appui sur la voiture en grimaçant de douleur et fouilla à nouveau le cadavre du type qui l'avait dépouillé pour en tirer son téléphone portable. Coup de chance, il n'était pas cassé ! Oui, mais... Tenter de téléphoner dans cette tempête... Il n'y avait aucun réseau, naturellement... Le brun parcourut ses contacts et vit alors le nom de Cassy s'afficher sur l'écran: elle aussi lui devait un service, et pas des moindres !
Son appartement n'était pas tout prêt, et rien ne lui disait qu'elle y serait, mais au pire, il le forcerait pour s'y mettre à l'abri jusqu'à ce que la tempête se calme. Elle ne lui en voudrait pas... Satisfait, le brun éteignit son téléphone pour économiser sa batterie, et le rangea, avant de se mettre en route en claudiquant légèrement en direction de l'appartement de la jeune Andrews...
La tempête empirait de minute en minute. Chris le sentait. Le vent l'empêchait de marcher droit à sa guise tandis qu'il courait à travers les rues désertées de Londres, en direction de l'appartement de Cassy. Il était de plus en plus fort, et hurlait de plus en plus violemment. Quant à l'orage, il grondait toujours plus fort, lui aussi. Une chose était sûre: la tempête était loin de se calmer... Le bras gauche collé à sa poitrine, l'assassin fonçait en serrant les dents tandis que la pluie lui fouettait le visage. Son bras lui faisait un mal de chien, et il sentait que la douleur ne ferait qu'augmenter une fois que l'adrénaline le quitterait. Alors il profitait de cette dernière pour parcourir un maximum de distance en un minimum de temps dans le but d'atteindre au plus vite sa destination.
Soudain, un objet en métal percuta l'assassin de côté alors qu'il était en train de courir, et Chris se cogna violemment au front à un mur tout proche, dans sa chute. Il mit alors plusieurs minutes à émerger, perdu entre conscience et inconscience, au sol, en plein milieu de la tempête. Lorsqu'enfin son cerveau émergea, il se redressa et comprit que c'était un vieux couvercle de poubelle métallique qui l'avait heurté lorsqu'il courait. De rage, il donna un coup de pied dans l'objet, qui était au sol, avant de poser sa main droite sur sa tempe, désormais douloureuse. Il se rendit compte qu'il saignait du front, à présent. Il avait dû se faire mal en tombant... - Génial... marmonna t'il dans sa barbe. Manquait plus que ça...
Lentement, avec difficulté, le Corbeau se redressa à l'aide de son bras valide, mais il manqua de retomber aussitôt: sa tête lui tournait un peu. Il comprit aussitôt que le choc qu'il avait reçu était plus sérieux qu'il n'avait cru au premier abord. Il avait intérêt à faire attention. Il s'aida de son bras droit pour se relever, puis il s'orienta rapidement, avant de s'adosser au mur quelques secondes. Il ne pouvait pas faire de pause trop longtemps. Il n'était pas à l'abri, ici... Conscient que la situation ne pressait que davantage, le brun reprit sa course éperdue vers Kensington. Mieux valait qu'il atteigne sa destination avant qu'un autre accident de ce genre ne lui arrive. Ou pire encore...
