Au final, il a passé une bonne partie du trajet en bus à somnoler. Comme il s'y attendait, ils ne sont pas arrivés à 22h pile à l'aéroport, mais c'était sans compter toutes les étapes de déchargement. D'accord, il comprend mieux pourquoi l'horaire était aussi large. C'est beaucoup plus long qu'il l'aurait cru, de sortir toutes ces valises de la soute d'un bus. Ça va quand même plus vite de prendre l'avion tout seul. Il a vite perdu de vue la fille qui était assise à côté de lui pendant le trajet. Elle a dû s'éloigner ou retrouver des potes quelque part. En tout cas, quand il franchit le portique de sécurité avec son sac à dos quasiment vide, il est tout seul. Pas pour longtemps, cela dit, il n'a pas l'intention de s'ennuyer pendant une heure et demi à traîner comme un solitaire du dimanche.

Son regard parcourt le groupe d'élèves et repère des têtes familières. Certaines qu'il évite quand il n'est pas d'humeur à s'énerver, d'autres qui ne seraient pas ses premiers choix pour passer le temps ici. Hm. Il commence à connaître du monde dans cette école, quand même. Finalement, parmi tous ces gens, son attention finit par se fixer sur un garçon qu'il n'a pas tant croisé que ça. Cela dit, leurs rencontres avaient pour elles d'être intéressantes, et c'est parfaitement ce qu'il cherche pour l'instant. Sans s'annoncer, comme à son habitude, il s'approche de lui pour passer un bras autour de ses épaules.

» Salut, toi. Ça fait un petit moment que j'avais pas vu ta tête d'artiste blasé.

La dernière fois, c'était... au bal ? Sûrement. Il l'a vu de très près ce jour-là mais depuis, il ne se souvient pas l'avoir croisé dans l'école ou ailleurs. C'est dommage, donc autant profiter de l'occasion pour changer ça. Son beau-gosses baraqué n'a pas l'air dans les parages, en plus, ça lui évitera de se faire casser quelque chose avant le voyage. Il retire quand même rapidement son bras pour mettre les mains dans les poches de sa veste.

» Je viens te tenir compagnie.

Ce n'est pas formulé comme une question et quelque part, ça n'en est pas une. Si l'artiste en a marre de lui, il peut toujours s'amuser à essayer de le décrocher, ça reste un passe-temps appréciable. Mais bon à choisir... il y en a quand même des plus intéressants.

Après un long, très long voyage en bus jusqu'à l'aéroport, l'heure de semi délivrance a sonné pour le jeune artiste qui ne tient plus en place. Ni une, ni deux, il se précipite vers les portes de sorties une fois celles-ci ouvertes et s'assure d'être parmi les premiers pour récupérer ses affaires et pénétrer dans le hall dédié à l'attente du départ. Bien qu'il s'agisse là aussi de rester coincé sur place, la qualité de l'espace est différente, lui permettant de faire les cent pas ou au moins de se trouver un endroit tranquille loin des collégiens et lycées trop innocents de son bahut.

Sac de sport sur les épaules et musique toujours à fond dans les oreilles, il s'arrête au beau milieu du hall afin d'analyser les zones et recoins susceptibles d'être dignes d'intérêts jusqu'à ce qu'un contact le fasse légèrement sursauter.

Instantanément, il tourne son visage vers la personne responsable de cette approche angoissante, soudainement peu surpris en voyant l'auteur d'un tel acte. En réponse à cette soudaine montée d'adrénaline, il soupire pour extérioriser sa colère et ainsi éviter de lui foutre son poing dans la figure avant d'arborer un sourire comme il a l'habitude d'en porter ; charmeur et pourtant tellement faux.

- Tiens, je ne savais pas que tu participais au voyage.

Tout en faisant tomber son casque autour de son cou, il ne peut s'empêcher de reluquer la personne qui lui fait face. Après tout, cela fait un moment qu'ils ne sont plus croisés et il est important de garder une image à l'ordre du jour de celles et ceux qui sont susceptibles d'être dans les parages, même pour de brefs instants espacés par des semaines ou des mois. C'est d'ailleurs ce qui vient à le faire tiquer sur un changement marquant au niveau des cheveux blonds du jeune Irridval.

Sans grande gêne, il tend sa main et commence à chipoter à cette tignasse mal dressée et étonnement transformée par rapport à l'idée qu'il avait gardé de celle d'origine. Raccourcie, mais de façon assez irrégulière... un peu comme Dan avec cette tendance du rasé ou court sur le pourtour et une longue mèche devant ou en hauteur.

- Mais qu'as-tu fait à tes cheveux, boucles d'or ?! Ouh, ça sent la crise d'adolescent à plein nez... T'as fait ça toi-même, non ? Vu le fric que tu transpires, je doute que tu te permettes de consulter un coiffeur laissant des traces de ciseaux dans tes mèches de millionnaire.

Une pointe d'ironie, un soupçon de dégoût, il ne parvient plus à faire abstraction de ce qui le débecte profondément chez tout un chacun. Tous possèdent ne serait-ce qu'un trait qui fera à jamais obstacle sur sa route, sur la vision qu'il aura des autres. Et dans le cas présent, il sait très bien que ce type n'en a que faire, alors pourquoi se priver de quelques piques. Après tout, le connaissant un tant soit peu, cela pourrait rapidement devenir le motif d'un jeu sexuel.

- Alors, le plus drôle, c'est que je ne saurai même pas dire si c'est génial ou affreux.

Après quelques secondes à tripoter ses cheveux, il retire ses doigts de ce qui ne lui appartient pas, plaçant son téléphone dans sa poche afin de ne pas s'embêter à le tenir. Dans un mauvais réflexe, son regard bifurque en une fraction de secondes sur les mains de sa cible juste avant qu'il ne les cache dans les poches de sa veste.

Rictus sur les lèvres, il décide de déjà lancer les hostilités en prenant une intonation volontairement provocatrice tout en ajoutant une pointe de souffle au sein de ses paroles.

- Toi qui aime particulièrement te déguiser ou enfiler des tenues tout sauf se soumettant aux normes, j'aimerais grandement te voir dans une de ces combinaisons que les fétichistes du latex utilisent. Tu sais... tout en noir, luisante, de la tête au pied, te rendant méconnaissable au possible. Tu pourrais un jour l'enfiler, cagoulé, pénétrer chez moi ou dans ma chambre au lycée et... faire ce que tu veux de moi et de mon corps. Seule la couleur de tes yeux jurerait avec la monotonie de ce costume... ou encore celle de ta bite après t'être servi de la fermeture éclair spécialement conçue pour ne laisser sortir que le p'tit oiseau sans toucher au reste.

Son sourire s'intensifie et prend une forme sincère accompagné du pétillement de ses yeux dénotant une forme d'aveu de ses fantasmes les plus inassouvis. Il amène son pouce à ses lèvres et mordille très doucement son ongle pour aller avec la teinte de la discussion qu'il veut... sans tabou.

- Il faut dire que je ne peux pas oublier ces mains que j'ai dessinées et que je garde précieusement dans mon carnet en cas de besoin. Alors, couplées à une tenue servant de jeu sexuel, je ne saurais imaginé à quel point je mouillerais de plaisir. Rien que d'y penser, j'en ai déjà le souffle coupé. Je me sens si fébrile en votre présence, maître.

Sans pouvoir s'y résoudre, il étouffe un fin rire presque calculateur tant il est méticuleusement emboîté avec le reste de la conversation.

- Et c'est ça qui serait ironique. J'adore soumettre ceux qui sont en position de force. Soumets toi à mes plaisir... Tu me dois bien ça, non ?

Il y a des façons très différentes de draguer. Ça dépend de la personne à qui on s'adresse, ça dépend ce qu'on cherche, et ça dépend de la réactivité en face. Les jeux qui peuvent s'engager pour séduire quelqu'un ne sont jamais les mêmes ; ceux qui tentent de "l'enseigner" sont généralement des charlatans et des manipulateurs. C'est de l'instinct, de l'adaptation, quelque chose qui ne peut exister de façon objective. Dans ce domaine, les gens imprévisibles restent, en général, plus intéressants que ceux qui retirent leurs vêtements au premier clin d'œil - même s'ils ont aussi leur intérêt.

En attendant, ce n'est pas vraiment le cas du jeune homme que Damen a décidé d'aller titiller à l'aéroport. Leurs dernières rencontres étaient amusantes, donc autant continuer de jouer là-dessus. Petites choses à notes. un sursaut, quand il le touche ; un soupir ; un sourire aussi véridique que ceux de son père, c'est à dire très peu.  Mauvaise humeur ou mauvais souvenir ? La main dans ses cheveux ne répond pas vraiment à sa question, mais elle a le mérite d'être inattendue.

» L'ennui fait faire bien des choses, bien plus qu'une pseudo-crise d'adolescence.
» Alors, le plus drôle, c'est que je ne saurai même pas dire si c'est génial ou affreux.
» On est deux. Mais tu as aiguisé ta langue depuis la dernière fois, je vois. Est-ce que lancer des piques est la seule chose à laquelle elle sert ?

C'est un peu facile, comme réplique. La lubricité n'est pas un art difficile à maîtriser. La subtilité un peu plus, mais est-ce qu'elle est vraiment nécessaire ? La plupart diraient que oui, surtout en public ; Damen ne fait pas partie de cette catégorie. Il faut choisir ses armes en fonction de l'adversaire, et celui-là n'est pas vraiment un modèle de subtilité, comme il ne tarde pas à le prouver. Sacrée tirade, que Damen écoute avec un sourire au coin des lèvres et un haussement de sourcil révélateur. Tant de détails, on dirait presque une toile de maître. D'un genre particulier, oui, mais tout de même.

Un pas dans sa direction, et Damen vient glisser ses doigts le long de la tempe de son compagnon de l'instant, dans un geste au contraste un peu trop brusque par rapport aux mots qui viennent d'être prononcés. Trop de délicatesse pour une conversation dont elle est absente.

» Il s'en passe des choses, dans ta tête, dis donc.

Ce n'est pas la première fois qu'il entend ces mots dans sa bouche. Il paraît que ceux qui parlent le plus de soumettre les autres sont ceux qui aimeraient le plus être à leur merci... A-t-il vraiment une position de force ? Peut-être. La hiérarchie sociale n'entrant pas en compte dans ce genre de situations, s'il en a une, c'est qu'elle est voulue. Demandée, presque, dans cette façon de s'adresser à lui. Il ne faut pas se leurrer. Dans la plupart de ces situations, et contrairement à ce que les gens se plaisent à dire de lui, c'est Damen qui se laisse utiliser plus que l'inverse. L'avantage d'un outil malléable, c'est qu'il peut avoir tous les rôles qu'on lui demande... et les prendre très au sérieux.

La main qui ne faisait qu'effleurer sa tempe se faufile à l'arrière de sa tête pour s'agripper ses cheveux, entièrement débarrassée de la douceur feinte qu'elle arborait quelques secondes plus tôt pour quelque chose de bien plus sec. Est-ce que ça lui fera mal ? Peut-être ; mais vu sa façon de parler, la question n'est que secondaire. Ce qui compte, c'est que la petite traction en arrière lui permet d'avoir accès à son oreille sans jouer dans les clichés de le tirer par le col ou de serrer son menton entre ses doigts. Cliché utiles, mais pas dans toutes les situations. Et pas dans celle-ci.

» Tu es sûr d'avoir les épaules pour ce que tu proposes ? Je crois me souvenir t'avoir vu sursauter et trembloter la dernière fois que je t'ai embrassé. Si tu as une grande gueule mais que mon contact te trouble autant, tu ne soumettras pas grand monde.

Ils vont passer une semaine aux mêmes endroits. C'est l'occasion de jouer un peu. Pourquoi attendre le lycée alors qu'il peut s'amuser ici, à l'autre bout du monde, isolé de toute personne qui aurait pu vouloir l'interrompre ?

Heureux d'être tombé sur quelqu'un ayant un minimum d'intérêt à ses yeux et possédant le bagage nécessaire à ses discussions, Timaé ne peut s'empêcher de reluquer le beau blond qui se trouve face à lui -et ce quand bien même sa nouvelle coupe de cheveux laisse à désirer-.

Il ne saurait pas expliquer pourquoi, mais être en présence de ce cher Damen Irridval n'a comme effet que de donner une solide entrée en ébullition de ses hormones, le poussant à transmettre ses désirs les plus fous, à chercher un contact physique quel qu'il soit malgré leur stationnement au beau milieu du couloir principal de l'aéroport. A bien y réfléchir, c'est peut-être justement ce détail qui rend le tout aussi attrayant, braver le danger, savoir jusqu'où ils seraient capables d'aller sans que personne ne puisse se rendre compte de quoi que ce soit. Jouer avec les limites de sa frustration, une auto-flagellation qui lui procure presque autant de plaisir que de céder à ses pulsions sexuelles et ce jusqu'à qu'il n'en puisse plus, laissant place à la colère de l'impossibilité de soulager ses besoins pour ainsi rendre la future délivrance bien meilleure que celle initialement prévue dans sa tête.

Leurs échanges vont bon train, rassuré de voir que son vis-à-vis possède toujours cette petite étincelle qui le rend si particulier à ses yeux, presque docile face à ce que le brun désire lui offrir comme images, comme pensées accompagnatrices du voyages puisqu'il se refuse déjà catégoriquement à lui donner son corps avant embarcation. Du moins, aucun feu d'artifice n'est à prévoir, Timaé étant bien trop ancré dans l'idée de ne pas se laisser mener par la baguette de poussées dictées par son corps et son esprit affamés de chair.

Pourtant, les tentations sont rudes alors même que le garçon s'avance vers lui et pose ses doigts contre sa tempe, émettant quelques commentaires à propos de la tirade venant d'être prononcée par l'artiste excentrique dont, il faut l'avouer, la créativité ne connaît pas de limites. Son sourire s'étire légèrement, profitant pleinement de la sensation de cette peau laiteuse contre son visage, s'en imprégnant et imaginant l'effet que cela aurait sur son corps et sur une partie en particulier. Depuis le début, il a un problème avec ses mains, surtout depuis qu'il les a dessinées, et détient ce besoin primordial de confirmer les idées qu'il s'est fait les concernant.

- Oh oui, il se passe beaucoup de choses et même certaines dont tu ne pourrais soupçonner l'existence.

Le couturier fait volontairement l'impasse sur la première réflexion du blondinet par simple volonté de jouer, de le forcer à venir chercher quelques aveux ou de le diriger vers l'abandon d'une potentielle réponse concernant le tranchant de sa langue. Mais alors qu'il s'apprête à le titiller davantage, une traction brute faite dans ses mèches lui tire un léger hoquet de surprise, ne s'étant pas attendu à une si soudaine entrée en matière en parfait contraste avec la délicatesse du premier contact fait contre ses tempes.

Ensuite, un chuchotement, un murmure, des paroles destinées à s'amuser de sa personne, à provoquer une réaction de colère ou d'excitation, il en est certain. Quoi que puisse être le motif, le maître mot de cette échange reste la provocation sous toutes ces coutures. Sa peau se couvre de frissons, une main se tenant à son bras comme un réflexe de défense, le sourire se tassant en un coin, bien décidé à ne pas s'arrêter là.

- Tu m'as pris par surprise. Et il faut avouer que mon corps et mon esprit sont très sensibles. Un peu d'imagination et je n'ai même pas le temps de m'en rendre compte que je suis déjà droit comme un piquet. Par contre, si je suis ton raisonnement, cela ferait de moi quelqu'un de faible et de soumis ? Façon un peu étriquée de voir le monde. J'en suis déçu, Damen... Irridval. Toi qui semblais si différent des autres, je me serais peut-être trompé sur ton compte.

Une lenteur maîtrisée sur la prononciation de son nom et de son prénom pour tisser avec la sensualité et au passage lui rappeler qui il est, son identité marquée au fer rouge et dont il ne pourra jamais entièrement se détacher. Mesquin et dangereux, un peu comme une seconde nature, avec en plus de ça une main qui vient se glisser sur la joue de son camarade, ses doigts se séparant autour de son oreille, certains se cachant dans ses mèches blondes et d'autres remontant contre sa peau mal nourrie et son teint blafard qui a tout de même le mérite de dénoter avec sa propre peau moins cadavérique, rendant ça sexy.

- Allez. Je te défie de me caresser l'entre-jambe par-dessus mon pantalon. Et qui sait, si tu es sage, tu pourras y accéder sans pantalon plus tard dans le séjour. A moins de devoir attendre notre retour à Londres... et... l'acquisition de cette incroyable combinaison intégrale. Qu'en dis-tu ?

Pleinement conscient des risques qu'il prend, il ne peut s'empêcher de jubiler intérieurement. Après tout, ce voyage risque d'être plus intéressant que prévu et d'après le programme, des chambres communes sont à prévoir. La tension sera palpable ou ne serait-ce que sous-jacente entre eux. C'est pour ce genre de sensations qu'il se lève tous les matins et trouve le courage d'affronter le monde alors il n'irait certainement pas laisser cette opportunité lui filer entre les doigts.

Oh, vraiment, il pense pouvoir surpasser son imagination ? Ha, qu'il essaye donc, ça promet d'être un petit défi distrayant. C'est toujours amusant d'avoir un aperçu de ce qui se passe dans la tête des gens, surtout quand ils laissent filtrer des choses qui ne sont pas censées être exposées en public. Ou, dans le cas qui l'intéresse, qu'ils les balancent sans la moindre retenue.

» Oh, par surprise, bien entendu.

Excuse facile qui n'en reste pas une bien longtemps. Eh bien, le petit artiste a le mérite d'être honnête avec lui-même, c'est plus rare qu'on ne le pense. La sensibilité a son intérêt, surtout chez ceux qui essayent de garder le contrôle malgré elle. Pas facile de rester parfaitement aux commandes quand on perd pied ; un esprit combatif ne fait pas de mal, reste à voir s'il sera à la hauteur de ses ambitions.

» Je n'ai pas dit ça. Par contre...

Il relâche ses cheveux pour lui laisser le loisir de bouger la tête comme il voudrait, tout en suivant du coin de l'oeil le mouvement de la main sur sa joue. Il a un peu trop insisté sur la séparation avec son nom de famille pour que ce soit un accident.

» Même les langues les plus acérées s'émoussent quand le plaisir prend le contrôle. Difficile de donner des ordres quand ta voix est occupée ailleurs ou quand tu n'es plus capable de formuler une pensée cohérente.

Sa main glisse de ses cheveux pour suivre la ligne de sa mâchoire, s'inviter contre ses lèvres. Non, effectivement, sensibilité et faiblesse ne vont pas toujours de pair, il n'empêche qu'il est facile d'exploiter l'une pour obtenir l'autre. Et s'il sursaute pour un baiser, qu'est-ce que ce serait en allant au-delà ? C'est dans ces moments-là que se pose la question de l'expérience. Entre fantasme et réalité, parfois, l'imagination se fait un plaisir d'effacer les moments qui lui déplairaient - et il est plus facile de garder le contrôle dans sa tête qu'en personne.

» Un défi se doit d'avoir une récompense. Qu'est-ce que j'y gagne ?

Paroles sceptiques bien loin de ses actes, parce qu'il ne prend pas ses distances. Au contraire, il s'approche, ses doigts glissant sous la bordure de son pantalon pour l'attirer un peu dans sa direction.

» Et plus important, qu'est-ce qui m'empêche de sauter les étapes, sage ou pas ?

Le fait d'être en public aurait dû être une raison suffisante, mais il n'a jamais été réputé pour sa pudeur ou sa décence. Ça se voit, de toute façon ; on ne peut pas dire qu'ils soient discrets, collés comme ça dans l'aéroport, et les regards qui se posent sur eux commencent à se faire un peu plus hostiles. Personne n'aime les démonstrations publiques de ce genre de choses. Une timidité dont Damen se fiche ouvertement, il a fait bien pire devant bien plus de monde, cela dit ce serait dommage de mettre sa "menace" à exécution et de risquer d'être virés tous les deux de l'aéroport. Ça le priverait d'une petite semaine d'occasions de jouer avec ses nerfs.

Entre contacts physiques et paroles délivrées, le jeune brun profite de ce moment comme s'agissant du dernier et avec cette même ardeur difficilement maîtrisée d'une première fois. Il faut bien avouer que seuls ses plaisirs solitaires ont pu être assouvis et que depuis lors une forme de frustration s'est progressivement installée. Peu de personnes ont été enclines à s'offrir à lui. Par la peur, par un cruel manque d'intérêt ou d'expérience, ne renforçant que plus ce sentiment de manque. A mesure de tout faire tout seul, cela en devient lassant. Damen n'en est rien de plus qu'une sortie de secours, la possibilité d'au moins rompre, l'espace d'un instant, cette monotonie ravageuse.

Croyant l'avoir cerné depuis leur échange au dernier bal de fin d'année, il a vu en lui l'ouverture aux multiples expériences et pense ne pas s'être trompé à la vue de leur petit jeu de séduction présent. Des paroles, un geste et le blond finit toujours par répondre, de quelque façon que ce soit. Cette assurance, cette nonchalance est ce qui plaît à l'artiste en quête de découvertes, à la recherche de la maîtrise d'un autre sujet que la mode de manière générale.

Au moment où le blond amène le sujet de la récompense concernant le défi, Timaé se met à rire comme le font les pestes satisfaites d'avoir mis à exécution leur plan exécrable. A la suite de quoi, il fait rapidement claquer sa langue contre ses dents tout en secouant doucement la tête.

- Oh, Irridval... Que tu es naïf... La récompense n'est-elle donc pas le fait de pouvoir me toucher le corps ?

Avec une insistance un peu trop particulière sur la première syllabe ainsi que sur son nom de famille, il s'amuse de se rapprochement physique entre eux malgré le fait qu'ils soient stationnés ainsi dans l'aéroport.

Toujours avec cet air amusé, il reprend la parole, relâchant désormais sa prise entre ses mèches blondes étrangement coupées ainsi que la peau terne de son visage.

- Moi, bien sûr. En tout cas, pour l'instant ! Trouve moi cette tenue et tu auras carte blanche pour te saisir de moi à n'importe quel instant. Je le proposerais bien à Maxwell qui possède la carrure adéquate, mais je crains que mes essais soient voués à être peu concluants. Je pense qu'il en est encore au stade où il attend le soir pour discrètement se toucher en pensant aux garçons. Mais cela ne saurait tarder.

Sourire toujours aux lèvres et air satisfait embaumant l'entièreté de son visage, il vient soudainement tapoter de façon furtive le bout du nez de son partenaire avant de légèrement se détacher de lui, un fin rire accompagnant son geste.

- Pour ce qui est de la récompense, on discutera business plus tard, veux tu ? En attendant, que dirais tu d'aller faire un tour dans les magasins de l'aéroport ? C'est que je ne suis pas sûr de pouvoir rester planté là à ne rien faire et à simplement discuter, surtout si je ne peux pas fumer. Puis bon, paraît que t'es plein aux as, la dépense ne devrait pas être un problème.

Sans réellement attendre de lui une réponse, il ajuste déjà son sac de sport pour indiquer une volonté de se mettre en mouvement. Par simple principe, il attend quelques secondes afin de voir si une confirmation ou une objection se présentent afin de savoir s'il continue la route seul ou non.

Jouer en public a son intérêt. La petite notion de danger, l'envie de tester la limite et de savoir jusqu'à quel point on peut aller avant que les regards ne deviennent trop accusateurs. Là, ils commencent à un peu flirter avec la limite. En même temps, c'est tellement amusant qu'il hésiterait presque à s'arrêter. Combien de gestes encore avant qu'on décide de les virer ? Il n'aura pas la réponse à cette question. Il n'a pas envie de finir son anniversaire en prison et d'être coincé en Angleterre alors qu'il peut passer ces dernières heures dans en avion vers un autres pays.

» Pour cette fois je vais te laisser m'arrêter. La prochaine fois par contre...

Bien, bien, il ne sautera pas les étapes ici. Ce n'était pas vraiment dans ses intentions de toute façon, il se trouvera une situation où ce cher petit artiste ne pourra rien lui refuser. Quels étaient ses mots déjà ? Dans sa chambre, de nuit... Il faudra qu'il se remémore tout ça pour pouvoir réaliser ses rêves. En tout cas ces rêves-là.

» Si tu as besoin de quelqu'un pour corrompre le coeur trop timide d'une de tes futures conquêtes...

Damen est doué pour ça, après tout, alors pourquoi ne pas en profiter ? Pousser quelqu'un à laisser de côté ses inhibitions n'est pas bien difficile. Un petit sourire étire le coin de ses lèvres tandis que la conversation s'éloigne du dessous de la ceinture pour prendre un thème plus... banal dans un tel lieu.

» Ah, l'artiste cherche un sugar daddy pour faire des folies financières ? Ça en fait des exigences, pour un seul homme.

Il ricane. Non, effectivement, la dépense n'est pas un problème. En plus de l'argent de son père, avec la nouvelle carte qu'il s'est faite, il a aussi les revenus de son clubs qui compensent très bien les périodes où Charles réussit à lui couper les vivres. Périodes relativement courtes, mais c'est toujours bon de savoir qu'il ne sera jamais à court.

» Je te fais tous les cadeaux que tu veux. Même si en théorie, c'est mon anniversaire, ça serait plutôt à toi de me faire des cadeaux.

Techniquement, il lui en a déjà fait un : la perspective d'un moment avec lui dans quelques jours. Bien sûr qu'il compte répondre à l'invitation, c'est la base de la politesse. On ne laisse pas un potentiel partenaire se languir tout seul dans sa chambre.

« Pour cette fois je vais te laisser m’arrêter. La prochaine fois par contre… »

Des mots qui font l’effet d’une blague auprès de l’artiste décalé. Des mots qui peinent à retenir le rire mesquin de celui ayant fait de ses propositions indécentes une sorte de devoir auprès de la crevette blonde l’accompagnant dans l’aéroport. C’est qu’il éprouve quelques difficultés à prendre les termes employés au sérieux, comme si son interlocuteur était le seul décidant de ce qu’ils pourraient ou ne pourraient pas faire, que ce soit en ce lieu ou n’importe où ailleurs. Celles et ceux qui se prennent pour des reines et des rois, quelles que soient les raisons, le font rire autant que crisper. Sans doute à cause du fait que cela fasse bien trop écho aux types de personnes qui, selon lui, existent en ce bas-monde et don la catégorie ciblée par ce genre de remarque serait celles des riches imbus de leur personne, capables de croire qu’elles ont le pouvoir de tout contrôler pour simple réponse à leur compte en banque bien fourni.

- C’est surtout que tu n’as pas le choix. Ne pense pas une seule seconde être le seul capable de décider pour nous deux. Ça te rendrait… vulgaire.

Tout en continuant sa marche, il s’assure d’être à son niveau afin de lui donner un léger coup d’épaule suivi d’un clin d’œil ainsi que d’un large sourire, de quoi agrémenter leurs taquineries avec des gestes autre que ceux ayant été proposés quelques minutes auparavant. Il faut savoir improviser et se diversifier, sous peine de finir par être prévisible et démodé.

- Toi, tu corromps les gens, maintenant ? Je me demande bien quels seraient les résultats sur un type tel que lui ! Il faut dire qu’il n’a pas grand-chose dans la caboche, c’est certainement pour ça qu’il est gonflé à bloc pour ce qui est des muscles. Ça n’est pas déplaisant à regarder, mais j’aimerais tellement pouvoir échanger plus que quelques mots avec lui sans lui clouer le bec avec tant de facilité. Il m’ennuie rapidement, il ne prend aucun risque.

Timaé est un garçon difficile à combler. Ses désirs, ses espoirs et sa personnalité font que beaucoup de personnes galèrent à établir le moindre lien durable à son contact. Comme un électron libre en surcharge, il passe son temps à créer des étincelles pour tout, n’importe quoi et avec tout le monde. Les têtes les plus fortes ne font pas le poids et les êtres les plus sensibles, n’en parlons pas… Régulièrement, il se cherche un nouveau partenaire avec qui faire les cents coups, qu’ils s’apprécient ou pas. De toute façon, il vit perpétuellement dans la confrontation, alors c’est toujours un miracle que des personnes puissent sincèrement apprécier traîner avec lui. Les philtres n’existant pas dans sa façon de procéder, il se frotte toujours à de la frustration de son côté et à de la vexation de l’autre.

Dan est un cas à part par la simple et bonne raison qu’il attise la curiosité du manieur d’aiguilles. Derrière une carapace à l’apparence solide comme le fer se cache, il l’espère, quelque chose d’autre, peu importe sa nature et son défi s’illustre dans cette volonté de la briser. Parvenir à faire plier les plus indomptables, son leitmotiv, sa bouteille d’oxygène. Lorsque c’est trop simple, c’est ennuyeux. Lorsque c’est trop compliqué, c’est agaçant. Et c’est au sein de cette drôle d’opposition que gravite l’univers rocambolesque de l’adolescent.

- Oh oui, un sugar daddy qui saurait prendre soin de moi et qui tenterait par tous les moyens, ainsi que par tous ses efforts, de dompter ce brasier qui me représente. Tu as déjà réussi à me cerner, c’est bien ! Je déteste que l’on me dise quoi faire ou que l’on cherche à dicter ma vie et j’ai tout bonnement horreur d’attendre que les gens se bougent. Cela possède cette fâcheuse tendance à me rendre ingérable et insupportable. Pour leur plus grand malheur…

Tout en s’exprimant à cœur ouvert, comme il l’a toujours fait, ses émotions se reflètent aisément au sein de ses expressions, que ce soit au niveau de son visage, de ses intonations ou des gestes promus par son corps. L’énervement se manifestant par une poigne féroce sur la lanière de son sac de sport, son ennui par un affaissement de ses sourcils ainsi que de ses jambes et son espièglerie par un grand sourire ainsi que de petits sauts effectués sur le chemin.

Sans demander son reste, et sans s’annoncer au préalable, il vient furtivement déposer un tendre baiser sur la joue du blondinet à la coupe de cheveux étrange comme offre de son cadeau d’anniversaire. Bien évidemment, il ne peut se retenir de faire un petit commentaire en accompagnement à ce geste.

- Voilà, je t’ai fait un cadeau. Enfin, disons un échantillon. Qui sait, si tu es suffisamment un bon garçon, tu recevras peut-être le reste plus tard. Je t’avoue ne pas avoir eu de grandes idées pour la petite surprise, mais puisque je sais que tu n’es qu’un vilain petit pervers, quoi de mieux qu’un bisou, hm ?

Satisfait de son petit manège, il clôture le tout avec de doux tapotements sur le sommet de son crâne, de quoi l’irriter un peu ou ne serait-ce que le faire réagir. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas comme si les magasins étaient intéressants, de toute façon, et il n’est pas sûr de vouloir mettre à exécution le côté « sugar daddy » d’un garçon proche de son âge. Cela perdrait totalement de sa saveur.

Rebelle, le petit - ah, que c'est agréable de pouvoir utiliser ce mot dans une situation où il est réel - artiste. Son rire aurait presque pu le vexer, si Damen n'était pas depuis longtemps au-dessus de ce genre de choses. L'avantage, quand on ne prend pas grand chose au sérieux, c'est qu'il est facile de rentrer dans le jeu de quelqu'un d'autre et de trouver la petite nuance entre s'amuser et dire le mot de trop qui couperait court aux taquineries. D'habitude, il se plaît à la franchir ; là, il n'a qu'envie de l'effleurer. Trouver les limites pour savoir ce qui est susceptible de le priver de son amusement, et rester juste à un petit pas.

» Oh, allons. Tu sais bien que la prochaine fois en question, c'est toi qui aura décidé que "arrête" veut dire "continue".

Les mots ont le sens qu'on leur donne. Est-ce qu'il est le seul à décider ? Clairement pas. Il n'est pas aveugle, il sait que dans la petite dynamique dans laquelle il s'est engouffré, celui qui détient les décisions, c'est celui qui lui a fait la délicieuse proposition qu'il doit s'efforcer de garder en tête. Il sait aussi que pour jouer à ce genre de jeu avec quelqu'un comme son compagnon de l'instant, il ne faut pas juste baisser la tête et faire ce qu'il demande. Sinon, c'est auprès de son beau gosse sans répartie qu'il serait allé chercher ses sensations de victoires. C'est d'avoir l'impression de vraiment prendre l'ascendant, qui a l'air de lui plaire. Autant lui donner des choses à contredire.

» "Maintenant" ? Ah, je me sens presque insulté. Corrompre les gens a toujours été ma marque de fabrique. Il faut bien qu'au moins une personne, dans mon milieu, soit là pour rappeler au monde la pourriture qui se cache derrière l'or et les paillettes, tu ne crois pas ? Quant à ton cher tas de muscles sans cervelle, je serai ravi de tenter l'expérience. Tu veux participer avec moi ? Ou tu préfères être là pour soigner mes blessures quand il aura décidé de me casser la gueule ?

Draguer quelqu'un qui est susceptible de lui casser un par un chaque os du corps simplement pour ne pas admettre qu'il l'a fait frétiller avec une remarque de trop ? Oui, largement faisable. Peut-être pas au point de le décoincer, cependant. Ça ne l'empêcherait pas d'essayer, pour le frisson, pour le défi, et pour la perspective d'avoir droit à quelqu'un pour le soigner... ou profiter de sa faiblesse. Toutes les options sont intéressantes.

Un petit sourire au coin des lèvres, Damen accompagne le jeune homme dans les allées de l'aéroport. Sa répartie l'amuse. C'est agréable d'avoir quelqu'un qui lui lance des piques dans un autre but que de simplement l'insulter. Pas que ça le dérange, mais il faut savoir varier de temps en temps. Et il aime cette instabilité entre la proie et le chasseur, quand personne ne sait vraiment qui est qui - pas même les joueurs eux-mêmes.

» Ça tombe bien, je n'ai jamais eu peur de me brûler. Et je suis très tenté de voir jusqu'où tu es prêt à aller pour garder le contrôle.

Il n'aime pas attendre ? Eh bien, autant s'assurer que la visite aura lieu le plus tôt possible dans le voyage, dans ce cas. Ils auront des colos, et alors ? Ce n'est qu'un inconvénient mineur, quand on a les moyens de faire taire quelqu'un. C'est même... plutôt intéressant. On en revient à cette histoire de jouer en public.
Plus tard, plus tard. Pour réaliser tout dans les détails, il faut une chambre, et il n'en a pas à portée pour l'instant.

» Tu as raison, c'est un très joli cadeau.

Son sourire en coin ne l'a pas quitté. Un bisou sur la joue avec une douceur pareille, c'est tellement opposé à l'ambiance de leur conversation que ça ne fait que tout rendre plus intéressant. Avec la même délicatesse, il remonte sa main le long de l'avant-bras de son interlocuteur, occupé à lui tapoter la tête, puis se saisit de son poignet avec un peu plus de force. Sans l'écarter, mais sans pour autant lui laisser la possibilité de bouger pour l'instant.

» La question que je me pose, c'est est-ce que tu as vraiment envie que je demande gentiment en restant sage comme "un bon garçon", ou est-ce que tu préfères que j'essaye de prendre l'étape suivante de force comme "un vilain petit pervers" ?

Un petit rire, comme s'il n'attendait pas vraiment de réponse. Ce qui est le cas, dans le fond. Pour l'instant, ce genre de question ne se pose pas, puisque la suite de cet "échantillon" n'est pas à l'ordre du jour. Damen relâche le bras serré entre ses doigts après avoir déposé un baiser similaire sur le dos de sa main. Puis il remet ses mains dans ses poches comme s'il ne s'était rien passé. Il a envie de cerner ce gars, à un moment ou un autre. Mais pas trop vite, ça serait dommage de trop précipiter le plaisir.