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Indarë

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Hier, on avait quinze ans, avant-hier ça comptait pas autant

Damen Irridval
Damen Irridval
Damen Irridval
Damen Irridval B1 |:| Bar et restauration (TH)
B1 |:| Bar et restauration (TH)
Genre : Genderfluid
Sexe : Masculin
Age : 20
Date de naissance : 26/03/2004
Taille / Poids : 1m70 / 50kg
Orientation sexuelle : Pansexuel
Situation amoureuse : S'approprier les gens, c'est vulgaire
Famille : Personne qui vaille plus qu'un coup d'oeil
Pays d'origine : Angleterre
Nationalité : Britannique
Messages : 696
Date d'inscription : 02/05/2022
Couleur(s) de parole : Damen : #669966 ||| Charles : #cc6600 ||| Natalia : #3399ff ||| L'assistante : #ff99ff ||| Emily : #990099 |||
https://indare.forumactif.com/t141-la-main-de-la-corruption-dame https://indare.forumactif.com/t156-je-suis-un-remede-a-l-ennui-et-la-solitude https://i.imgur.com/M3PsR58.png https://indare.forumactif.com/t704-dossier-u894-damen-irridval

06.02.23 0:06
Rp terminé
Lycée |:| 4°1, Tradition

Une minute. Quand on a cinq ans, ça paraît une éternité. On compte jusqu'à soixante en attendant que la personne qui nous a dit "une minute" décide de bouger. Et après... après, on grandit. À dix ans, une heure est encore longue. À dix-huit, une année passe plus vite que la minute d'un enfant. Ou peut-être que c'est juste lui. Peut-être que quand on court pour ralentir le temps, il se venge en passant plus vite. Emily, dix-neuf ans. En voie pour soigner les autres alors qu'il sait qu'elle n'a jamais su se guérir elle-même. Appliquer les pansements pour ignorer la plaie béante. Emily, dix-neuf ans, étudiante universitaire, accrochée à lui par un fil ténu qu'il n'a jamais eu le courage de rompre. Plus qu'un an - une minute - et elle aura vingt ans. Et lui aussi.
Et Leo, non.

Damen ferme les yeux avec un grognement en plaquant son oreiller sur son visage. Dormir est un luxe. Ceux qui y parviennent dès l'instant où leurs yeux se ferment n'ont pas conscience de leur chance. C'est normal, après tout, non ? On s'allonge et on se laisse endormir. Facile. Il suffit de se laisser emporter. Ouais. Depuis combien de temps n'a-t-il pas dormi sans aide ? Un comprimé, une drogue, une présence, n'importe quoi qui lui permette de s'assommer ou de s'épuiser. Emily a raison : il finira par se flinguer le cerveau. Mais c'est mieux que les cauchemars. Il n'arrive plus à s'en débarrasser. Un jour les fantômes trouveront le moyen de gagner.
Cette nuit, il ne dormira pas. Il le sait. Alors il fixe le plafond. Parce qu'il n'a rien de mieux à faire avant demain matin. Il a promis qu'il serait dans un état potable. Il ne pourra tenir sa promesse qu'à moitié mais au moins, il n'aura ni gueule de bois ni descente de drogue. C'est sans doute mieux comme ça.

Une année, c'est très court. Une nuit, c'est terriblement long. Le paradoxe de l'humanité. Quand les secondes défilent sans décider de le laisser dormir, elles retrouvent leur longueur d'enfance. Dix heures. Trente-six mille secondes. Trente-six mille années. Avant demain. Ou avant ce midi, question de point de vue. Ça fait longtemps qu'il n'a pas eu à faire face à ses insomnies. Ça ne lui manquait pas.

L'heure décide quand même de lui rendre service. Onze heures. Il s'extrait difficilement de son lit, le corps dévoré par la fatigue, dévoré par l'amaigrissement, dévoré par l'ennui. Il est trop jeune pour être vieux. Il a l'impression d'être trop vieux pour continuer. Soupir. Il embarque un sweat en crop-top, un t-shirt, un jean, s'isole sous la douche pour se maintenir éveillé, ou pour se brûler la peau, ou sans doute un mélange des deux. Onze heures trente, maquillage, puis il sort. Accepte de se faire conduire, pour une fois, pour ne pas s'endormir avant d'arriver. Parce que le sommeil le fuit jusqu'à ce qu'il soit capable de le tuer.

Université Indarë. Il n'a pas envie d'y être l'année prochaine. Il n'a pas non plus envie d'être séparé d'Emily. Il n'aime pas quand le temps avance, quand les choses deviennent inéluctables. L'anniversaire d'Emily, ça veut dire cinq mois avant l'été. Ça veut dire sept mois avant les choix qu'il n'a pas envie de faire. Ça veut dire qu'il est trop proche de cette fin de lycée qu'il a tout fait pour retarder. Il l'attend, à l'entrée de sa résidence, jusqu'à ce qu'elle descende. Et qu'elle le toise.

» T'as l'air mort.
» Moi aussi je suis content de te voir.

Elle lève les yeux au ciel mais le prend quand même dans ses bras. Il la serre contre lui, avec la force fragile de celui qui n'a pas mangé depuis trop longtemps. Il la sent se crisper. Forcément. Les photos et le voir de loin ne permet pas aussi bien de se rendre compte de tout le poids qu'il a perdu. Il sait que c'est dangereux, mais manger lui donne mal au ventre, alors il ne le fait que quand il arrive à ne pas y penser. Pas assez souvent. Pourtant, même si elle est crispée, elle ne dit rien, elle se contente d'ouvrir l'accès aux étages, de monter avec lui jusqu'à sa chambre, de s'installer comme si elle n'avait pas remarqué. Emily est comme ça. Soit elle souligne tout, soit elle fait semblant de n'avoir rien vu. Aujourd'hui, c'est son anniversaire, elle n'a pas envie d'être triste, alors il ravale tous les mauvais souvenirs.

Ça a presque l'air d'une journée normale, d'une journée comme avant. Ils sont là, assis côte à côte sur le lit, à discuter de tout ce qui n'est pas susceptible de ramener des mauvaises ondes à la surface. Un cupcake avec une bougie d'anniversaire, un film, des trucs à manger.

» Mais sérieusement. Qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ?
» Ha ha. On a pas fini de m'en parler, de ça.
» T'as quasiment rasé la moitié de ta tête. Forcément que ça surprend les gens.
» Ca me va bien ?
» T'as l'air plus vieux.

Il hausse un sourcil. Ça ne répond pas le moins du monde à sa question. Vu le petit sourire malicieux qu'elle affiche, il ne peut pas s'empêcher de penser qu'elle est en train de se moquer de lui. Elle lui assène une petite pichenette dans la mâchoire.

» Et ça, c'est aussi ton nouveau look ou t'avais la flemme ?

Il passe la main sur son menton. Il ne s'est pas rasé depuis plusieurs jours mais, avant qu'elle fasse la remarque, il avait complètement oublié.

» Ah non ça je garde pas. C'est vraiment pas fait pour moi.
» T'as presque l'air adulte comme ça.

Une grimace étire ses lèvres.

» Me dis pas ce genre de chose.

Elle se marre, fière de sa petite remarque, et c'est lui qui lève les yeux au ciel, cette fois. Il aime bien quand elle est comme ça, cela dit. Au moins elle a l'air en forme, et elle est encore plus son parfait opposé. C'est un miracle qu'ils arrivent toujours à s'entendre - ou une malédiction. Finalement, Emily pousse un petit soupir.

» C'est bientôt l'anniversaire de Leo...

Damen déglutit. Il ne voulait pas amener le sujet, pas gâcher la journée, pas la rendre triste. Mais il ne peut pas juste chasser la conversation maintenant qu'elle l'a lancée, alors il hausse les épaules avec un sourire fatigué.

» Ouais...
» Il me manque.

Il se mord la lèvre, passe un bras autour de ses épaules pour la ramener contre lui.

» Je sais. Je suis...
» Ne dis pas que tu es désolé.
» ...

Le silence qui s'installe est le même que dans ses nuits d'insomnie. Celui lourd de souvenirs, de cauchemars, de fantômes. Il finit par le rompre au premier sanglot qu'il perçoit contre son épaule.

» Tu penses qu'il t'aurait offert quoi, comme cadeau ?
» Pfft. J'en sais rien.

Son rire est trop triste. Le coeur serré, il fouille dans son sac pour récupérer la boîte qu'il a amenée spécifiquement pour aujourd'hui. Les conseils d'une anonyme sur instagram. Elle hausse un sourcil.

» Le connaissant... je parierai là-dessus.
» Dame...

Il secoue la tête, continue de sourire. Le sourire amer qui les caractérise. Alors elle prendre la boîte, l'ouvre. Se mord la lèvre.

» C'est...

Exactement ce que Leo aurait fait. S'il était resté avec eux. S'ils étaient restés ensemble, le petit groupe de trois dans le grand groupe de dix. Leo qui vivait pour ses amis parce qu'il était incapable de vivre sur lui-même. C'est un collier qu'il aurait été capable d'acheter juste pour voir briller les yeux d'Emily. Il est parfait pour elle. Il va avec ses yeux, avec son style, avec tout ce qu'elle aime.

» Merci.
» Si je pouvais faire plus...
» T'as pas besoin de faire plus.
» Tu sais que je serai pas là sans toi.

Elle ne dit rien, se contente de passer le collier autour de son cou et de se réappuyer contre son épaule. Un silence s'installe. Moins lourd, mais plein de sens qu'aucun d'eux n'a besoin d'exprimer. Jusqu'à ce qu'elle murmure.

» Redis-moi ça l'année prochaine.
» D'accord.

Plus important qu'une promesse. C'est sans doute pour elle qu'il a tenu aussi longtemps, parce qu'il la connaît assez pour savoir qu'elle ne saura pas s'empêcher de suivre le même chemin s'il disparaît. Elle a la force de tenir le choc parce qu'il est encore là. Il a la force de tenir le choc parce qu'elle est encore là. Il la sent trembler dans ses bras. Le frisson presque imperceptible de ces sanglots qu'elle ne sait plus exprimer.

» Emily ?
» Hm ?
» Qu'est-ce que j'ai fait à mes cheveux, bordel ?

Elle pouffe et lui tapote la tête. Elle a l'habitude de ses lubies, et de ses moments de réalisation quand il se retrouve face aux conséquences. Celle-lui est très loin d'être la plus grave, bien que surprenante, et même s'il risque de grimacer un long moment en croisant son reflet dans la glace.

» Ça repoussera.

Il laisse échapper un geignement théâtral qui finit de la faire éclater de rire, et chasse les pensées sombres ramenées par le souvenir de Leo. Il n'est pas capable de l'aider. Il n'est capable d'aider personne. Mais tant qu'elle arrive à sourire, elle tient debout. Si l'un des deux s'effondre, l'autre tombe avec. Alors il faut tenir un jour de plus. Une semaine de plus. Un mois de plus. Un an de plus.
Une minute d'enfant de plus.



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