Le week-end s’approchait enfin, vendredi sonnant sa dernière heure de cours. Tous les élèves étaient déjà excités à l’idée de rentrer chez eux, parlant beaucoup plus fort que d’ordinaire, afin de savoir qui faisait quoi durant ces deux jours toujours tant attendus. Asher ne faisait d’ailleurs pas exception à la règle, racontant fièrement à ses nouvelles connaissances combien il allait se la mettre mal. Mais bon, il avait déjà compris que trouver des camarades de « jeux » ici n’était pas chose aisée. La plupart des gens de sa classe l’ennuyait, et pour les autres il ne leur avait pas encore adressé la parole par pure flemme. Des fois il parlait à une personne, de sa classe ou non, de façon totalement hasardeuse pour voir si quelqu’un pouvait être dans ses délires, mais pour l’instant c’était un échec cuisant. En même temps il choisissait toujours son moment, soit quand la personne est isolée et souvent dans la soirée. De quoi passer pour un taré assez facilement.

Les minutes paraissaient des heures au tout dernier cours de maths de la semaine, notre jeune homme n’arrêtant pas de s’agiter sur sa chaise. Il ne suivait pas grand-chose, étant repris plusieurs fois par le professeur car il avait le nez ailleurs qu’en direction du tableau. D’ordinaire il aurait évidemment séché, mais il devait montrer patte blanche ne serait que quelques mois pour que papa lui foute la paix. Il faisait donc de son mieux pour rester assis, passant sa frustration à griffonner sur son cahier, diablement tenté d’ouvrir son téléphone qu’il sentait vibrer dans sa poche. Ses potes devaient parler des plans de ce soir, et ainsi le spammer car il ne répondait pas. Une torture pour Asher qui n’attendait qu’une chose ; que cette foutue sonnerie retentisse.

Le son de la liberté retentissait, les élèves se précipitaient tous dehors, certains directement vers la sortie, d’autres vers les dortoirs. C’était le cas de notre protagoniste qui devait récupéré quelques affaires et surtout sa chère Epona. Il parvenait à sa chambre en moins de deux, ses longues jambes lui étant pratiques pour marcher vite, et embrassait la tête de son lapin avant de la mettre dans sa caisse, récupérer un sac d’affaires sales déjà prêt, et enfin sortir. Il approchait dés lors de la grille, après avoir parcouru une bonne partie du campus, mais ralentissait en ne voyant pas la voiture de son chauffeur.

-Il branle quoi ce con ?

Aussitôt il attrapait son téléphone et vérifiait ses messages, tombant alors sur celui de Gustave, le dit chauffeur, qui lui indiquait un malheureux retard d’une vingtaine de minutes. Marmonnant et râlant de cette attente supplémentaire, il se décidait à filer dans les rues alentours de l ‘école à la recherche d’un truc à grignoter, la faim lui creusant l’estomac. Il déambulait donc dans les rues, la caisse d’Epona dans une main et son téléphone dans l’autre, répondant aux diverses possibilités de soirée qui s’offraient à lui. Rien de bien nouveau, mais il s’en foutait du moment qu’il picolait et se marrait, mais alors qu’il réfléchissait à qui suivre ce soir, une petite voix venait le stopper dans sa réflexion, s’arrêtant alors pour lever le nez vers sa dite interlocutrice.

-Nan tu te trompe pas, vu que j’ai littéralement l’uniforme à la con.

Une touche de dédain était perceptible dans sa voix, vu que c’était parfaitement évident que, oui, il vienne d’Indarë.  Il la regardait cependant de haut en bas sans la moindre discrétion, étant donné que la demoiselle était habillée assez court et, disons le, quand même bien jolie, mais son regard s’arrêtait sur le sachet qu’elle tenait en bout de bras, reconnaissant bien les goulots de bouteille d’alcool qui en dépassaient. Il rangeait alors son téléphone dans sa poche, ayant un autre projet qui venait de se dessiner devant lui. La voilà, la personne qu’il cherchait depuis une semaine.

-Je vois que t’a des trucs intéressants dans ton sac.. c’est pour quoi ? Une soirée ? Parce que je cherchais justement quoi faire de mon week-end. Ah, et moi c’est Asher, et elle Epona.

Il levait la caisse pour montrer son lapin à la fille lui faisant face, ne pouvant laisser passer une occasion de montrer la beauté de sa petite chérie, tel un père fier de sa fille.

Codage par Libella sur Graphiorum

L’énonciation de cette fameuse soirée prévue de base en solitaire ne pouvait qu’attirer l’attention du jeune homme, qui acquiesçait aussitôt après qu’elle lui ait demandé s’il souhaitait la rejoindre. Il adorait particulièrement la dynamique qui se déroulait, et l’audace de cette jeune femme à lui proposer ça au bout de quelques secondes d’échange. Elle était jolie, donc ça c’était évidemment un point à prendre en compte selon le déroulé de la soirée, mais en prime cette approche était typiquement ce qu’il aurait pu faire également, se sentant flatté qu’elle ait mi son grappin sur lui et non sur un ou une autre. Et visiblement loin d’être une sainte ni touche, pas comme toutes ces filles de riche et leurs faux semblants, il savait que cette soirée, même rien qu’à deux, allait être enrichissante.

Elle marquait évidemment d’autres points en prenant le temps de saluer Epona, et encore plus en allant droit au but. C’était clair comme de l’eau de roche qu’elle l’avait abordé uniquement dans ce but, mais l’intérêt était partagé. Il avait tout à découvrir de cette personne ce qui rendait le tout encore plus attrayant, plutôt que de passer une énième soirée avec les mêmes personnes qui finit rarement dans les meilleures conditions. Un vent nouveau était donc plus que bienvenue.

-Ouais aucun problème, ça me gêne pas de retourner près de l’école si c’est pour une soirée. Et je préfère la déposer chez moi, éviter le stresse tout ça, et me changer surtout.

Tout en continuant d’échanger avec elle sur des banalités telles que l’école ou la soirée, il la suivait à l’intérieur du magasin et la laissait ainsi reprendre des munitions, comme elle l’avait si bien dit. Il allait d’ailleurs être un bon gentleman et payer le tout, mais il n’avait même pas eu le temps de poser Epona pour chercher sa carte qu’elle l’avait déjà fait.

-Je payerais la bouffe du coup, on commandera quand on sera chez toi, faisait-il en sortant du magasin, avant de lui répondre, Sinon j’viens de commencer une troisième année ici, mais je la double vu que j’ai merdé dans mon ancien établissement.

Il prenait la tête de la marche en lui attrapant un des deux sacs de bouteilles pour l’aider, avant de lever le nez en cherchant la voiture de son chauffeur. Il revenait ainsi sur ses pas pour rejoindre les alentours de l’institut, avant d’arriver près de la voiture, le dit Gustave tant attendu sortant aussitôt pour lui ouvrir la portière arrière.

-Bonjour monsieur, veuillez m’excuser pour mon retard… oh, vous avez une invité ?

-Ouais mais on reste pas, juste le temps de déposer Epona et me changer. Viens, Kaylee.

Il se glissait dans la voiture tout en s’assurant qu’elle le suive à l’intérieur, se posant sur la banquette tout en posant la caisse d’Epona sur ses genoux, passant ses doigts à travers les barreaux pour lui grattouiller le museau, le chauffeur prenant la direction de sa maison.

-Et toi du coup, tu suis quoi comme études supérieure ? Vu que tu m’a l’air plus âgée, et bien moins… coincée que celles de mon âge.
 

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