- Excuses-moi, tu n’aurais pas vu Hayley ?- Je crois qu’elle est à la bibliothèque.- Merci !Je souris à mon camarade de classe avant de prendre la direction de la bibliothèque. Contrairement à l’image qu’elle peut donner, mon amie est une bonne élève et une très bonne lectrice. Ça ne m’étonne donc pas qu’elle étudie là-bas.
Si je cherche l’hybride louve-vampire, c’est parce que nous nous sommes disputées hier et ça me mine le moral. J’ai préféré la laisser tranquille, histoire qu’elle décompresse dans la soirée mais, maintenant, il est temps qu’on se réconcilie. A vrai dire, personnellement, je ne lui en veux pas. Je la connais. Même si son excès de colère à mon égard hier était malvenu, je sais qu’elle ne voulait pas me faire de mal. D’autant plus que, depuis le temps, je suis habituée à son caractère. Il faut aussi dire qu’elle s’est bien améliorée avec les années ! Quelqu’un qui la rencontrerai aujourd’hui ne le croirait peut-être pas, mais elle gère bien mieux sa colère que dans le temps.
C’est avec cet état d’esprit que j’arrive devant la bibliothèque. Mais, alors que je levais le bras pour ouvrir la porte de la salle, celle-ci s’est soudainement ouverte. J’ai alors percuté la personne qui en sortait. Je ferme les yeux sous le choc, me disant que cette personne n’est pas d’un naturel très doux.
Quand je les rouvre, j’ai la surprise de voir que l’élève qui est en face de moi est... moi. Je n’ai pas vraiment pour habitude de me regarder des heures dans la glace mais il n’y a pas de doute possible. Même taille, même cheveux, même yeux et mêmes éclats d’ailes, si caractéristiques de mon espèce.
La moi qui me fait face semble paniquer en touchant ses cheveux et le bas de son dos. Avant que je n’ai pu faire quoi que ce soit, elle m’attrape et me fait entrer de force à l’intérieur de la bibliothèque, qui semble vide. C’est alors que je vois mon reflet dans une des fenêtres. J’occupe le corps d’Hayley. C’est donc bien mon amie qui se trouve face à moi. Son comportement anxieux et légèrement brutal me l’avais déjà laissé supposer. Je me demande quel type de magie est à l'œuvre ici. Ni Hayley, ni moi, ne sommes capables de ce genre de choses.
Je touche doucement ma tête. Les loups-garous n’aiment pas trop qu’on touche leurs oreilles donc j’évite de le faire mais c’est tout doux. Qui pourrait croire qu’une sportive comme Hayley pourrait avoir le poil si doux.
- Ah ma tête…Je me retourne vers mon amie en comprenant ce qui lui arrive. Évidemment, nous n’avons pas seulement échangé nos corps. Nous avons également pris les pouvoirs de l’autre. Elle doit donc être dérangée par ma télépathie. Après tout, j’ai un rayon d’action beaucoup plus large que le sien.
- Hayley doucement, calme toi, ça va aller. Mais mes paroles ne semblent pas atteindre mon amie. Pourtant je dois réussir à la calmer sinon elle risque de... Trop tard. La lumière autour d’elle se met déjà à prendre la forme de flèches. C’est normal que ce soit la première forme qui lui soit venue, c’est la première que j’ai utilisé en sa présence. Dommage, j'aurais préféré qu’elle fasse apparaître des ours en peluche.
Je n’ai même pas le temps de dire quoi que ce soit avant qu’Hayley pousse un cri alors que mes ailes sortent de son dos. Bon sang, mon corps n’a pas l’habitude de tant de panique, il passe en mode survie.
- Comment tu fais pour faire disparaître tes flèches de lumière ? Je veux pas te blesser !Ça me fait plaisir qu’elle pense à ma sécurité dans cette situation mais avec ses réflexes et sa vitesse vampirique, je pense que je devrais m’en sortir. Le plus important est de la faire retourner au sol.
- Respire Hayley, respire. Inspire et expire. Mon corps réagit à ta panique. Tu dois lui faire comprendre que tout va bien.Voir le cristal dans le creux de mon cou prendre cette teinte rouge me fait vraiment bizarre. Mais je sais que mon amie est capable de contrôler ses émotions. Elle travaille dur chaque jour pour y arriver.
Quand elle arrive au sol, je pose mes mains sur ses épaules et la regarde doucement pour l’aider à retrouver son calme. Je ne sais pas exactement à quoi, ou à qui, elle a pensé mais ça a fonctionné. C’est bien Hayley, tu dois trouver ton pilier et t’y accrocher.
Elle évite mon regard et ferme les yeux mais ce n’est pas grave. Tant que ça ne l’empêche pas de se calmer.
- Bien, continue comme ça. Inspire.Elle semble se calmer mais la tempête règne toujours dans son esprit. Le calme n’est que passager.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi on est comme ça ? On doit trouver une solution !- Je ne sais pas, je ne sais pas. Mais on va trouver, ne t’en fais pas.Mais la panique la gagne à nouveau. Mes ailes ressortent sans crier gare, faisant tomber une étagère. Mince, il va falloir qu’on ramasse ça... C’est amusant de voir que mon corps réagit de manière similaire et en même temps si différente avec Hayley. Ce mouvement d’ailes pour venir cacher son visage honteux ; je le faisais souvent, quand j’étais petite, mais ça a fini par disparaître quand j’ai appris à mieux gérer mes émotions, en grandissant.
- Amy, je… Je suis désolée pour hier.Oh, elle est trop mignonne. Je ne résiste pas une seconde quand elle me prend dans ses bras et la serre contre moi. Ce genre de contact est trop rare pour le laisser passer.
- Je ne t’en veux pas. Je sais que tu ne voulais pas me faire de mal.Je la connais bien, ma petite louve. Après tout, ça fait deux ans que nous sommes camarades de classe. Et un tout petit moins que nous sommes amies. Il m’a fallu quelque temps pour creuser sa carapace.
Quand nous nous séparons, je suis surprise de voir que nous avons retrouvé nos corps respectifs. C’était donc si simple ? Hayley me reprend dans ses bras sans prévenir, sous le coup de l’émotion, je présume. Deux câlins dans la même journée ? Mais quelle chanceuse je fais. N’empêche, je me demande bien ce qui a pu déclencher ce phénomène.