08:43_ Vermeer House.
Comme à mon habitude, je buvais mon thé sous le porche.
J’ai développé cette petite habitude pendant laquelle je ne fais rien de particulier, où je m’oblige à ne rien faire et juste me laisser vivre. Ma psy a dit que c’était un bon exercice pour une "workaholic comme moi".
Les premières fois, ça ne marchait pas trop: je buvais ma tasse de thé en dix minutes puis n’ayant plus rien à faire, je rentrais. Maintenant, j’essaye de ne pas boire trop vite. Je fixe l’horizon et laisse mon esprit galoper quand quelque chose d’anodin le chatouille.
Mon téléphone a soudainement sonné et j’ai répondu:
-
Boss, y’a un lapin avec les contrats. Je les ai relus et sans vouloir paraître grossier: ce type veut nous désaper et nous laisser en p’tite culotte. -
A ce point… Huh. Sur une échelle à 10? -
On est sur un bon 12. En gros voilà les points qui nous porteraient préjudice…Alors qu’il m’explique tout par téléphone, je l’écoute et soupire. Est-ce qu’il est un jour où quelqu’un n’essaye pas de tendre un piège à Piper Yun Baek?
-
Je sais que vous êtes en demi-journée, mais faut vraiment que vous vous chargiez de ce connard. J’vous amène le dossier et les éléments dans une demi-heure.A ce même moment un vent fort s’est levé, soulevant mes cheveux devenus légers. J’ai eu comme un petit vertige mais je me suis vite rattrapée à mon siège.
-
Okay, ça marche, ai-je dit en plissant les yeux.
Je me suis immédiatement figée. Ma voix avait changée. Pourtant je n’avais pas mal à la gorge, je n’avais pas pris froid…
-
Boss? Tout va bien? -
O-oui, ai-je répondu confuse. J’ai dû attraper froid, à tout’.J’ai raccroché et me suis levée avant de retomber sur mes fesses, à cause de mon équilibre. Il avait changé. Je devais vraiment couver quelque chose, autrement, qu’est-ce qui pouvait expliquer la voix et cette drôle d’impression? Dans un nouvel élan, je me suis redressée pour rentrer avant de laver ma tasse et remonter pour prendre ma douche.
C’est là que j’ai compris ce qui n’allait pas. En regardant dans le miroir.
Au début, j’ai cru qu’il y avait un intrus chez moi, puis ensuite j’ai vite compris que c’était moi. J’ai même vérifié avec la caméra de mon téléphone parce que je pensais que le miroir déconnait…
Mais non, j’étais bien une autre personne. Mes traits sont différents, ma voix, mes cheveux plus courts- ce qui explique leur légèreté face au vent. Puis ma poitrine… Déjà qu’elle était plate: là, c’est comme si quelqu’un avait passé le rouleau compresseur dessus… J’avais toujours mes abdos par contre.
Puis d’un seul coup: grosse frayeur. J’ai vite regardé dans mon pantalon et suis tombée en horreur.
-
AAAAAAH!… Mais c’est quoi ce TRUC?! On dirait une excroissance qui grandit indépendament! Sur le moment, j’ai compris que je m’étais transformée en homme, mais dans ma tête: j’étais encore une femme et en tant que femme: j’avais extrêmement envie de pleurer.
Comment vous expliquer ce que je ressentais?
C’est comme si j’avais planté un noyau de
pêche et que j’avais passé mon temps à en prendre soin pour qu’il pousse bien et donne des beaux fruits et qu’au final: je me retrouvais avec du
durian.
On perd clairement au change en termes de
TOUT. Couleur, taille, odeur, goût, esthétique…
J’ai rassemblé mes esprits et après un bon moment je me suis redressée avant de me regarder de nouveau. Bon. Objectivement, si on oubliait cette chose entre mes jambes et certains autres détails: j’étais toujours
Piper. Je n’étais pas moche. J’étais même très beau. Loin d’être mon type de mec, mais bon… On pouvait pas avoir le beurre et l’argent du beurre.
Je me suis douchée et alors que j’étais encore en peignoir, Raymond à sonné à la porte. J’ai réalisé le problème une fois que j’ai ouvert la porte, quand j’ai vu la tête qu’il tirait.
-
Oh. Bonjour. Madame Baek est là?Et merde.-
E-elle se sentait patraque… Alors elle est partie se coucher. Je peux vous aider? -
A qui ai-je honneur?Raymond n’était pas homme à se faire avoir facilement. C’est le genre d’homme à vérifier ses sources jusqu’à la racine, à vous tirer les vers du nez. C’est pour cette raison qu’il a été employé et c’est une des raisons qui fait que j’apprécie grandement son travail. Le problème c’est que quand on goûte à son propre poison, ce n’est jamais très agréable.
-
Moi? Ha… Je m’appelle…Pense à un prénom, vite Piper!-
Juno.-
“Juno” comment ?Ce que tu pouvais faire chier, Raymond! Et si t’allais poser tes questions à des gens qui ont le temps pour ça!
-
Juno Vermeer, ai-je lâché sans réfléchir.
-
“Vermeer”. Comme le peintre? a-t-il fait sceptique.
Clairement pas ma meilleure alternative. Prendre le nom de ma maison qui était aussi le nom d'un peintre...
-
Oui. Je… Suis un descendant du peintre et je suis responsable de son patrimoine. Etant donné que madame Baek s’y connaît en art… Je suis venu lui demander quelques conseils.-
….. En peignoir?Je baisse les yeux sur ma tenue et m’insulte mentalement.
-
Oui… Jeeeee… Suis arrivé hier soir et j’ai dormi ici. Madame Baek m’a dit de me mettre à l’aise. -
Assez à l’aise pour venir ouvrir en peignoir… Hm. Bon. Bah je repasserais. Nooon! Raymond, passe moi ce foutu dossier!-
Je peux lui donner si vous voulez…-
Non merci, c’est gentil, mais en termes de travail, je préfère lui remettre les choses en main propre. Dites-lui que je laisserais le dossier au bureau et qu’après avoir terminé mes tâches, je serais en télétravail. -
Très bien. J’ai dû le regarder repartir avec MON dossier sans rien dire parce que je ne sais qui ou quoi, avait décidé qu’aujourd’hui: je serais un foutu mec. J’ai claqué la porte avant d’aller me jeter sur le sofa pour hurler dans un de mes coussins.
Oh je vous dis pas la tête de mes chiens quand ils sont rentrés à la maison et qu’ils m’ont vue, assise par terre près du sofa, en peignoir. Ils se sont figés sans comprendre. La même odeur, la même aura, mais pas le même physique.
Galeb, mon pointer anglais, est immédiatement venu, il a fait confiance à son instinct et à vite compris que c’était moi sous une autre forme. Saucisse, le teckel… Il a mis du temps à comprendre, lui. Il s’est mis devant moi et m’a fixé avant d’enfin venir et accepter que c’était ma forme aujourd’hui.
Impossible d’aller chercher ce foutu dossier au bureau tant que Ray y sera… Il fallait attendre qu’il parte. Bon… D’ici là j’avais le temps de faire autre chose… Comme promener mes chiens et aller prendre un café parce que vu la journée qui s’annonçait: j’en aurais besoin
Je n’ai pas eu trop de mal pour trouver des vêtements à ma taille. Ni même pour les sous-vêtements: Piper fille a toujours veillé à avoir des dessous d’homme chez elle au cas où elle ferait un jour entrer un homme dans la maison. Puis pour le reste, c’était simple: Piper fille se sapait parfois (pour ne pas dire souvent) chez les hommes
.. Il ne me restait plus qu’à mettre une casquette et sortir avec les chiens.
Je suis allée au café où j’ai l’habitude de prendre ma boisson parce qu’il est moins bondé.
Je suis entrée et là, j’ai bien senti que je n’étais pas
Piper fille.
Les filles derrière le comptoir se sont mises à me dévisager. Elles ont reconnu les chiens et ont commencé à se demander qui je pouvais être.
“ C’est son petit-ami tu penses?”
“Il est asiatique, ce doit être son frère, il lui ressemble…”
“Dans les deux cas j’ai un peu pitié de lui… Elle doit être spéciale.”J’étais à deux doigts de les remettre à leur place quand soudain, un barista est sorti de derrière le comptoir pour venir caresser les chiens.
-
Je peux? -
E-euh… Oui…? Il a souri et s’est agenouillé pour jouer avec eux.
-
Vous connaissez les chiens? -
Ceux-là? Evidemment! Ils appartiennent à la jeune femme qui passe prendre son café tous les jours. Elle commande toujours un latte au sésame noir… -
Ah oui… -
C’est pas quelque chose qui existait sur la carte à la base…-
Pourquoi l'avoir fait dans ce cas? -
Parce que… Elle avait l’air perdue. (J’ai plissé les yeux.)
Je veux dire… Quand elle est venue pour la première fois ici, j’imagine qu’elle venait de débarquer. Elle a pas trop la tête d’une locale… Elle avait l’air un peu lessivée et à marmonné “y'a rien ici”. -
Ah oui, vraiment? ai-je culpabilisé.
-
Hmhm, a -t-il opiné.
C’est la seule fois où j’ai entendu sa voix me dire autre chose que “un latte sésame s’il vous plaît”. Alors je lui ai dit qu’on était en rupture de stock, à 8h tapantes et qu’on en aurait le lendemain. Qu’en attendant, je pouvais lui proposer un latte normal. Elle a pas dit non et le lendemain, elle est revenue pour son latte au sesame noir. -
Vous avez dû travailler pour lui faire ça… Pourquoi vous ne lui avez pas dit? -
J’en sais rien, a-t-il rit.
J’ose pas. Elle a l’air tellement dans son monde, tellement loin… Un jour je me suis dit que j’irais caresser ses chiens et que ça ouvrirait peut-être la conversation, mais j’ai eu peur qu’elle trouve ça déplacé alors…-
Elle est si terrible que ça? -
A vous de me le dire. Vous êtes son copain , non? a-t-il fait sans que je sache quoi répondre.
Les filles pensent ça parce qu’elles sont jalouses. Elle est jolie et impressionnante… Mais je suis sûre que si elle leur parlait de la pluie et du beau temps, elles changeraient d’avis. Moi, je me demande s’il lui arrive de sourire…Je ne sais pas ce qui a fait tilte dans ma tête à ce moment-là, mais ça m’a poussé à faire quelque chose que je n’aurais pas fait en temps normal.
-
C’est quoi votre prénom? -
Colin. Et vous? -
Pi.. Juno, me suis-je corrigé.
Je dirais à Piper que vous lui avez passé le bonjour.-
Alors c’est comme ça qu’elle s’appelle… “Piper”. Okay, merci Juno…J’ai pincé un sourire et bizarrement, quelque chose avait changé. Comme si l’atmosphère devenait moins lourde. Sans le savoir j’avais désamorcé quelque chose dans ma vie. Quelque chose de minime, mais quelque chose qui m’avait fait prendre conscience d’une barrière que je me mettais.
Pourquoi est-ce qu’elle était là cette barrière à la base? Quand est-ce que je l’avais mise là? Pourquoi est-ce que je l’ai oublié? Maintenant que je sais qu’elle est là, elle me pèse sur le cœur et je n’ai qu’une envie: c’est de m’en débarrasser.
Colin m’a demandé ce que je voulais et je me suis senti mal à l’aise de lui demander un latte au sésame sous cette forme alors j’ai opté pour un américano et je suis repartie avec Galeb et Saucisse à la maison en sirotant ma boisson.
En chemin, j’avais cette chanson coréenne en tête qui dit:
“ Jump on three and fall
One, two, three, hold your breath and fall
Jump on three and fall
One, two, three, hold your breath and fall”
... Si bien que je me suis mise à chantonner la petite ritournelle.
J’ai libéré les chiens et je suis ressortie en enfonçant ma casquette sur ma tête et un masque noir pour que personne ne me remarque ou me reconnaisse.
Avant d’entrer dans le Baek 128, j’ai acheté un grand broadsheet puis je me suis installée dans le lobby en attendant de voir Raymond. Cet enfoiré s’est pointé bien plus tard. Il a quitté l’hôtel avec une heure de retard. Sur le coup, j’ai trouvé le temps long, mais après mûre réflexion, ça m’a fait comme un pincement au cœur de le voir s’investir autant dans son travail.
J’ai réalisé que Raymond était certainement la personne la plus sincère avec moi. La plus fiable et la plus dévouée à ma petite personne. J’ai vraiment été reconnaissante de voir ça et de me rendre compte qu’une telle personne veillait sur moi.
Ensuite je me suis levée, la main dans une poche, la démarche décontractée, j’ai avancé avant de prendre l’ascenseur, descendre à l’avant dernier étage pour continuer avec les escaliers et arriver devant mon bureau. Là, j’ai ouvert la porte avec ma carte personnelle et je suis rentrée avant de vite refermer derrière moi.
A cause de mon anxiété, j'avais le souffle court et j'ai dû retirer mon masque car il m’empêchait de respirer correctement. Une fois que j’ai récupéré mon souffle, j'ai repéré le dossier des yeux et l’ai ouvert.
Raymond avait surligné tout ce qui était louche ou frauduleux. Il avait classé les preuves et éléments de comparaison pour que je puisse construire ma parade.
J’ai attrapé le téléphone hâtivement et tapé le numéro, mais au bout de la deuxième sonnerie, je me suis souvenue que j’étais un homme. Que j’avais changé de voix et que je ne pouvais me battre dans cet état.
Alors j’ai raccroché et me suis laissée tomber dans mon siège en fixant le vide pendant de longues minutes.
Allez Pip, du nerf, trouve une solution… Il y a bien quelque chose ou quelqu’un qui peut t’aider…Non. Personne.
Tant pis. Alors j’ai pris un papier et un stylo et j’ai écrit tout ce que je voulais dire puis j’ai glissé le tout dans le dossier et je suis sortie. J’ai refermé la porte tout doucement et j’ai remis mon masque puis --
-
Bonjour? Je peux vous aider? ... Je me suis figée pour deux raisons: j’avais été surprise et je reconnaissais cette voix.
En me retournant, je me suis retrouvée face à mon père. Le grand
Seon Baek se tenait devant mes yeux, dans un costume vert sombre et il me regardait fuir avec un dossier sous le bras.
Je me suis immédiatement inclinée avec tout le respect que je lui devais.
-
Aneyonghaseyeo.Papa m’a regardé interloqué. Je n’ai pas su quoi ajouter pour faire tomber la tension , mais contre toute attente, c’est lui qui l’a fait. Il est venu poser une main sur mon épaule et m’a parlé en coréen.
-
Vous êtes coréen? -
Oui… Je m’appelle J-Juno Vermeer.-
Ah! Tu es métisse toi aussi. Comme ma fille. Elle est à moitié anglaise. Mais j’imagine que tu le sais déjà, hein? Tu la connais, pas vrai? -
O-oui… Comment vous avez compris? -
Bien… Pour une seule et bonne raison, m’a t-il dit en me faisant signe de le suivre.
Ma fille ne laisserait jamais un inconnu entrer dans son bureau sans qu’elle soit là. Donc si tu as réussi à rentrer, c’est que tu dois être dans ses bonnes grâces. D’ailleurs, tu sais où elle est? Mon cerveau à vu là une opportunité de tirer toutes mes épingles du jeu.
-
Oui, monsieur, ai-je répondu en le suivant dans les escaliers.
Elle est malade. Elle est restée à la maison… C’est pour ça qu’elle m’a envoyé chercher ce dossier pour …Il a à peine tendu sa main pour me faire signe de le lui passer. Je savais que si je lui parlais de ce dossier en lui disant que j’étais dans l’incapacité de me lever, il prendrait les choses en main. C’est de famille ce trait.
Il a ouvert et s’est mis à lire, nous étions en train de traverser le lobby puis il s’est arrêté net, tel un mur d’acier en lisant ce que j’avais écrit. J'ai failli m'écraser contre son dos.
-
C’est quoi ça?-
Hm? De quoi? -
Ça. Qui a écrit ça? -
Hm… Ce doit être Raymond…? ai-je menti.
-
Vous connaissez Raymond? Hm, a-t-il rétorqué en faisant une moue, impressionné.
Eh bien… Si ce que je lis est vrai, alors je m’en charge mon garçon. Vous pouvez rentrer et dire à ma fille que je suis sur le coup et que je passerais la voir quand elle ira mieux. Je me suis inclinée pour le remercier et au moment où j’allais m’en aller, il m’a retenue.
-
Dites… Comment va ma fille?-
Pardon monsieur?-
Piper. Comment va-t-elle? Est-ce qu’elle mange bien? Est-ce qu’elle dort bien? Est-ce que… ( Une éternité de regrets à traversé les reflets de ses yeux.)
Est-ce qu’elle pleure souvent? Est-ce qu’elle est seule? (Il a soupiré.)
J’ai pas souvent été là pour elle et même si on s’entend mieux, je ne suis toujours pas aussi présent pour elle que je le devrais… Alors je me demande si… Malgré tout ça, elle arrive à vivre comme une être humain, normal. Ne me demandez pas ce qu’il s’est passé en moi à ce moment-là. J’ai eu une profonde envie de fondre en larmes et de lui dire que c’était moi, mais comme à mon habitude, j’ai mis mon masque, j’ai refoulé ce que je ressentais, mais cette fois j’ai souri pour de vrai.
-
Piper s’en sort. Y’a des jours avec et des jours sans… Mais elle y arrive. Elle va y arriver. -
Ah… oui.
-
Elle ne vous en veut plus monsieur. Alors ne soyez pas… troublé. Je pense que votre venue lui fera plaisir. Mon père a pincé les lèvres, le regard perdu dans la moquette. Peut-être qu’il renvoyait un aspect pensif, mais je sais qu’à l’intérieur, il pleurait.
Je n’en ai jamais voulu à mon père pour ce qu’il m’avait infligé. Pour la simple et bonne raison que je savais qu’il m’aimait. A chaque fois qu’il me voyait, il m’aimait. A chaque fois qu’il pensait à moi, il m’aimait. A chaque fois qu’il parlait de moi, il m’aimait.
Certes il avait été maladroit de A à Z, mais qui est parfait? On ne pouvait pas donner ce qu’on avait pas reçu après tout. Mon père avait dû apprendre à être un père un peu comme tous les autres: sur le tas.
Mon père n’était pas un héro, il était juste comme moi. Une personne qui vivait dans le but d’aider les autres, de donner de sa personne. Vivre après tout, c’est faire des erreurs et apprendre… C’était pas un truc simple si on comptait faire la différence. Il fallait y mettre tout sa bonne volonté et s’armer de détermination et de caractère.
Je me serais sentie horrible de dire à mon père qu’il avait été horrible et que c’était trop tard. Ç’aurait voulu dire qu’il était également trop tard pour moi pour être sa fille.
-
Merci Juno… Dites-lui bien que je passerais la voir et rassurez-là quant à ce dossier.Je me suis inclinée et je l’ai regardé s’éloigner dans sa démarche très coréenne. Le dossier se balançait dans sa main droite, pendant que sa main gauche essuyait ses yeux du bord de ses pouces. Puis je suis sortie à mon tour de l’hôtel…
Et là quelque chose de très bizarre s’est passé.
C’est comme si j’étais revenue au tout début de ma journée. Il me semblait avoir cligné des yeux, mais en les rouvrant, j’étais là, sous le porche, ma tasse en main que j’avais renversée après m’être endormie et Raymond en face de moi.
Je me suis doucement redressée et j'ai scruté les alentours pour vérifier que j’étais bien chez moi.
-
Boss, ça va? s’est inquiété Ray.
J’ai opiné du chef et ai posé la tasse à côté de moi avant de passer ma main dans mes cheveux pour vérifier si j’étais encore Juno… Mais non. C’était bien Piper Yun Baek qui était là.
-
J’ai apporté le dossier comme dit au téléphone… Mais je peux m’en charger si vous voulez. -
Non… Je… Non, ça ira. Je vais le faire. Je vais aller au bureau avec toi. -
Z’êtes sûre Boss? -
Oui, oui, Ray… Je dois juste me changer et promener les chiens… Tu n'as qu'à m’accompagner. Au passage, ça te dirait d’aller boire un truc? Je connais un coin sympa… Je dois … Passer dire bonjour à quelqu’un.Ray à haussé un sourcil, l’air de se dire que j’avais perdu la tête, puis il a haussé les épaules et m’a suivi à l’intérieur pour m’attendre avant qu’on ne parte vraiment vivre cette journée.