Famille : Mère de Zack et Scarlett (05/2011) & Aydan Raykin (09/2014)
Pays d'origine : Allemagne
Nationalité : Britannique
Messages : 619
Date d'inscription : 15/03/2022
Couleur(s) de parole : #339966
09.08.23 20:06
Épreuve 2 - Mini RP Kobe High School - Peek a Boo
On ne peut jamais être tranquille, dans la vie. C'est probablement ce qu'on se dit quand on passe d'une taille normale à quelques centimètres.
Vous vaquiez à vos occupations quand vous avez eu une impression de vertige, comme si vous aviez un malaise, accompagnée de l'impression que le monde tournait ou... grandissait ? L'inverse, en vérité. Quand vous retrouvez vos esprits, vous mesurez à peine une dizaine de centimètres, et l'environnement autour de vous paraît soudainement bien plus hostile. Vous n'êtes pas seul, cependant, peut-être est-ce le moment de se faire un nouvel allié ?
Objectif : Trouvez un endroit où vous mettre en sécurité. Et si possible, en bonus, trouver un moyen de récupérer votre taille normale.
Règles du mini-rp : Les joueurs doivent réaliser un échange maximum de dix posts (5 chacun), limités à 350 mots par post (selon le compteur installé sur le forum). Chacun des champions incarne l’un des personnages qu’il possède sur son forum d’origine.
Contraintes - mini-rp suspens : Chaque fin de post doit avoir une fin ouverte à deux options. Par exemple, soit le personnage réussit une action, soit il échoue (pour faire simple, mais les deux options peuvent être n'importe quoi - un choix à faire, un danger qui vous tombe dessus, etc). L'option sera ensuite tirée à pile ou face pour déterminer le début du post suivant. Pour cela, un bot a été installé sur le discord de l'interforum, il suffit d'utiliser la commande /roll 1d2. Si vous n'êtes pas sur le discord, vous pouvez lancer un dé sur un site externe et intégrer un screenshot dans votre post. Par exemple : • A termine son post en ayant le choix entre essayer de sauter sur une étagère ou se cacher derrière un objet • Le dé choisit l'option 1 • En début de post, A tente donc de sauter sur l'étagère.
Conditions de l'épreuve : Votre rp doit se passer dans un environnement de jardin, avec tous les dangers qu'il peut contenir pour quelqu'un qui ne mesure qu'une dizaine de centimètres. Vous devez donc vous y trouver avant d'être rapetissé ou y être transporté par un moyen de votre choix dans votre premier post.
Deadline et commentaires : L'épreuve dure 72 heures et prendra fin le 13 août à 23h59. Si vous ne voulez pas que votre participation soit commentée, indiquez-le directement sur votre premier post - si vous changez d'avis, vous êtes libres de l'indiquer sur le discord ou dans le flood de l'interforum.
Te voilà dans un bien beau jardin. Le soleil, le bruit des feuilles dans les arbres, bercées doucement par le vent. Tu savoures la chance incroyable que tu as eu de pouvoir mettre la main sur cette potion qui te permet, même ne serait-ce que quelques heures, de pouvoir visiter le Monde des vivants. Tu n’as pas eu beaucoup d’occasions de voyager dans ta vie, tu as donc choisi de passer le Portail situé du côté de Kobe : quitte à faire quelque chose d’aussi risqué, autant le faire dans un beau cadre paradisiaque tout nouveau pour toi.
Mais alors que tu passes un assez bon moment, tu te sens subitement … Un peu faible. La tête qui tourne, le souffle légèrement court. Tu sais que ce n’est pas normal, mais tes forces t’abandonnent et bien vite c’est le trou noir. Enfin, pas tout à fait ; lorsque tu réouvres les yeux tu vois comme un mur vert. Un mur vert très haut, bien plus haut que toi, un mur qui n’était pas là il y a deux minutes. Mais ce qui te surprend … C’est que le mur semble bouger légèrement au rythme du vent. Et puis, le ciel est beaucoup plus haut. D’un coup, tu comprends.
Tu as rétréci et tu fais maintenant la taille d’un gros insecte. Ça ne te surprend pas plus que ça, après tout tu as vu des potions bien plus étranges dans le Monde des morts. Mais là tu es dans le Monde des vivants et quelque chose ne tourne pas rond.
Alors tu avances, d’un pas peu assuré. Tu n’as jamais rapetissé avant, mais si la culture cinématographique t’as bien appris quelque chose c’est que tout est beaucoup plus dangereux quand on mesure qu’une dizaine de centimètres. Tu entends un bruit au loin et tu amorces ton bras pour le secouer en l’accompagnant d’un cri, mais tu es pris d’un doute.
Est-ce que c’est amical, ou est-ce hostile ?
Alors tu hésites. Tu hésites entre crier, ou simplement te mettre à courir en direction du bruit, prêt à te protéger au moindre danger.
Le sol est dur sous ses fesses et sa tête, qui comme les premières, a eu la chance de pouvoir le percuter. Ce sol. Toujours présent pour rattraper les étourdis, les maladroits. Se redressant difficilement, en grimaçant, elle se masse le front. Pour sûr qu’elle aura une vilaine bosse. Sa gorge aussi lui fait mal, probablement à cause du hurlement qu’elle n’a pas pu s’empêcher de libérer durant sa chute. D’ailleurs, où est-elle tombée ? À trop fixer son téléphone, elle en a oublié où elle allait. Peut-être aurait-elle dû faire plus attention.
S’aidant d’une marche à ses côtés, la jeune fille se relève, observant, curieuse, la végétation qui l’entoure, avant de baisser les yeux, craintivement vers ce qu’elle pensait être une petite marche. Hésitante, elle en tapote la surface qui s’illumine et laisse apparaître son propre fond d’écran. Le teint livide, elle comprend, Tsumugi, qu’elle n'est plus de taille à pouvoir le glisser dans la poche de son jean. Et quand les herbes, plus hautes qu’elle même, frémissent dans son dos, elle comprend qu’elle ne sera pas non plus capable de se défendre en cas d’attaque d’une bête sauvage. Les chats, les souris, les oiseaux qu'elle trouve habituellement si mignons lui semblent être les pires créatures à rencontrer. Et encore, dans le paradis végétal qu’est le jardin d’Herbe de Nunobiki, elle préfère ne pas imaginer quelles autres bestioles elle pourrait rencontrer.
Son instinct de préservation lui hurlant de se mettre à l’abri, la jeune fille prend ses jambes à son cou, laissant là son portable et se promettant de le récupérer plus tard. Le cœur battant à tout rompre, l’effroi, glissant dans son dos et sur ses tempes, elle court comme si sa vie en dépendait. Si elle n’a pas le temps de philosopher sur sa transformation en minimoy, elle ne peut cependant pas s’empêcher d’imaginer le pire.
Et si elle trébuche sur une racine et que la chose qui la poursuit la rattrape ? Et si elle se retrouve prise en tenaille entre deux dangers, celui de derrière et un devant ?
Tu cours assez vite, enfin aussi vite que tes grandes jambes devenues petites te le permettent. Tu sens que ça bouge au loin avant d’entendre un bruit, similaire à un poids qui tombe au sol. Tu réussis à t’arrêter juste à temps avant de rentrer de plein fouet dans … Une jeune fille, qui semble s’être ratatinée au sol. Tu t’approches avec prudence ; c’est à se demander si tu lui as pas fait peur à courir comme ça. Tu t’accroupis et d’une voix qui se veut douce et rassurante tu lui demandes en anglais
« Euh … Ça va, t’as besoin d’aide ? »
Tu l’observes et tu vois qu’elle a le pied coincé dans un genre de grosse racine. Enfin, cette racine est probablement assez petite habituellement mais là, elle te semble imposante. Tu hésites quelques secondes avant de t’approcher de son pied pour aider à le décoincer de là
« Essaye de pas trop bouger, ton pied est bien coincé … Eh bordel. Ah, ça devrait être bon … je crois … »
Tu te relèves et tu lui tends la main pour l’aider à remonter sur ses deux jambes. Puis tu prends quelques secondes pour te rendre compte que tu es un parfait étranger aux yeux de la petite et qu’en plus vous venez tous les deux de rapetisser, apparemment. Tu étires donc ton meilleur sourire, celui que tu réserves à tes petits patients et patientes habituellement : celui qui essaye de mettre en confiance. C’est que t’aimerais pas lui faire peur non plus
« Désolé, jme suis pas présenté. Je m’appelle Constantine, Constantine Carter. Alors comme ça toi aussi t’as rapetissé ? »
Au même moment, tu entends comme un gros bruit de pas qui fait trembler le sol. C’est de nouveau la panique et le mieux c’est de se cacher, et vite. Mais où ? Derrière les grandes feuilles en essayant de rester parfaitement immobiles ou plutôt courir discrètement à moitié accroupi et se réfugier à l’ombre de cette bûche au loin ?
Il est bien difficile de résister à la tentation de regarder derrière pour tenter de mesurer l’écart entre elle et son poursuivant. Quelques mètres… Ou plutôt quelques centimètres à peine ! La forme est floue, cachée derrière les brins d’herbes, hauts comme des arbres. Mais à trop regarder en arrière, c’est son avenir qui se fait incertain et les pieds pris dans un piège, la voilà qui s'étale de tout son long. Tsumugi a à peine le temps de comprendre qu’elle s’est coincé le pied dans une racine que son « opposant » la rattrape. Un cri coincé dans la gorge quand il apparaît à ses côtés, elle se détend bien vite lorsqu’elle constate sa bienveillance et se fait la réflexion qu’elle n’est pas seule dans cette drôle de situation.
« Je.. M-merci ! »
Elle se sent coupable, Tsumugi, d’avoir pensé qu’il aurait pu être un prédateur alors qui se montre avenant et qu’il pourrait potentiellement lui apporter quelques réponses à cette situation surréaliste. Se remettant debout grâce à son aide, elle ne peut s’empêcher de sourire, malgré la situation, à l’entente de son prénom qui fait écho en elle et lui rappelle la douceur des moments passés en Amérique.
« S-Sato… Sato Tsumugi. Enchantée. »
Mais elle perd bien vite son sourire, remplacé par une mine inquiète alors qu’elle cherche à comprendre d’où provient le danger, car il semble venir de partout à la fois. Seul élément rassurant dans ce tout nouveau décor, c’est Monsieur Constantine. Et il semble déjà savoir où aller, pour se mettre à l’abri. Instinctivement, la jeune fille lui prend la main et se laisse guider, le dos courbé, à l’ombre d’une bûche un peu plus loin.
Prudente, elle regarde alors l’endroit où ils se tenaient quelques instants plus tôt et voit une masse énorme s’écraser au sol, aplatir des herbes et projeter de petits cailloux, de la terre un peu partout. Une chaussure. Tirée par la jambe à qui elle appartient, elle disparaît tout aussi vite qu’elle est apparue. Tsumugi pâlit.
« Wouha… S-si si vous n’aviez pas été là, je ne serais… Merci ! A votre avis… On devrait rester là où se mettre plus en hauteur ?»
Sato donc. C’est un nom qui ne t’étonne pas, surtout au Japon. Par contre tu es bien plus étonné de l’entendre parler parfaitement en anglais
« Enchanté Sato. Tu parles sacrément bien anglais dis donc, c’est cool parce que mon japonais est vraiment mauvais »
Tu rigoles un peu. T’as pas l’impression d’avoir fait grand-chose d’héroïque, mais après avoir vu le pied gigantesque passer devant vous tu te dis qu’effectivement tu as bien fait d’agir vite.
« Pas de soucis, j’allais pas te laisser là comme ça non plus. C’est pas trop mon style ! »
A sa proposition, tu réfléchis. Vu le risque d’insectes rampants et la hauteur des feuilles, il vaut mieux prendre de la hauteur pour y voir mieux. Tu analyses un peu la bûche derrière laquelle vous vous trouvez : avec un peu de force dans les bras ça devrait le faire. Tu te tournes vers Sato et tu lui fais signe de monter sur tes épaules. Même si tu es plus petit qu’habituellement tu restes plus grand qu’elle, même en format minimoys, autant lui faire la courte échelle.
« Grimpe, je vais t’aider à monter. Essaye de bien t’accrocher au bout d’écorce là-haut et ça devrait le faire. Et t’inquiètes, j’uis solide. »
Tu la sens grimper et sans trop d’efforts, tu arrives parfaitement à te redresser pour l’aider à atteindre le sommet du mieux que tu peux. Et une fois perchée là-haut, tu te dis qu’il va falloir monter aussi. Ça te rappelle l’armée et même si tu galères pendant quelques secondes, tu arrives à la rejoindre. Heureusement que c’est une petite bûche.
« Bon. Je pense qu’on devrait chercher … Quelqu’un ? Quelque chose ? Enfin j’sais pas trop, mais dans les films faut souvent accomplir un objectif ou un truc dans le genre. Tu en penses quoi ? »
Au même moment, tu vois un objet étrange au loin. Tu le montres du doigt à Sato mais la question se pose : quel chemin emprunter pour y arriver ? Celui qui semble plus court mais qui est partiellement caché par l’herbe, ou le chemin bien visible mais qui va vous obliger à avoir les pieds dans l’eau ?
Elle ne peut s’empêcher de sourire, Tsumugi, quand Monsieur Constantine minimise son impact sur sa survie. Pourtant, il l’a bien sauvé. Quand on passe d’un mètre cinquante-quatre a à peine un peu plus de sept centimètres, le danger se trouve même dans les choses qui en temps normal paraissent inoffensives. Alors quand il juge plus prudent de monter sur le bois, elle obéit sans faire d’histoires et prend appui sur les mains, puis les épaules de l’homme pour pouvoir grimper les quinze premiers centimètres. Le reste est plus facile et les prises nombreuses sur l’écorce, aussi dure que de la pierre.
Arrivée au sommet, Tsumugi ne peut s'empêcher de regarder, émerveillée tout autour d’elle. Passé la crainte, la peur de se faire manger, capturer, écraser, elle se surprend à profiter du cadre unique qu’il lui est offert. Qui aurait cru qu’à l’échelle d’un Playmobil un papillon serait aussi bruyant ? Mais son émerveillement est de courte durée. Les propos de l’homme n’ont, pour elle, rien de rassurant.
« Oh… Alors si je comprends bien, vous non plus vous ne savez pas ce qu’il nous est arrivé ? Où plutôt comment et pourquoi on est comme ça… »
Désespérée, elle l’écoute néanmoins lorsqu’il lui montre l'objet étrange au loin. À défaut de savoir quoi faire, autant bouger, plutôt qu’attendre inutilement sur une vieille souche. Après un court débat sur le meilleur chemin à prendre, ils usent de mille précautions pour redescendre de la bûche et traverser les broussailles vers l'objet de la quête.
Bien décidé à ne pas se laisser abattre, même lorsqu’ils se perdent à cause d’un détour pour éviter une colonne de fourmis géantes, Tsumugi essaie de se changer les idées. Elle parle alors de ses origines à son sauveur et par la même occasion de son bilinguisme. Cependant, il y a des choses qu’elle ne peut changer. Ses pieds endoloris et la fatigue de la marche, elle peut les ignorer, mais son ventre, elle ne peut rien, sinon rougir de honte face à sa plainte.
Tu lui confirmes qu’effectivement, tu n’as aucune idée de ce qu’il se passe, mais qu’à deux vous trouverez bien une solution non ?
La force dans les bras, c’est plus ton fort que l’agilité. Mais tu réussis à descendre, après une longue concertation sur le chemin à prendre, en faisant bien attention à où tu mets tes pieds. Une fois de nouveau sur la Terre ferme, vous vous mettez en chemin. Bien évidemment, c’est plus long que ce que vous aviez anticipé ; avec votre vraie taille ça n’aurait pris que quelques vingtaines de secondes. Les minutes passent et vous discutez, tu écoutes Sato qui te parle d’elle et de ses origines. Tu comprends mieux pourquoi elle parle parfaitement anglais mais aussi pourquoi ses cheveux sont d’un blond plus éclatant que les tiens.
Tu lui parles aussi un peu de toi. Tu évites soigneusement de parler du fait que tu es un fantôme et que tu as un temps assez limité pour pouvoir rentrer chez toi sans finir en cendres, mais tu lui parles de ta vie aux Etats-Unis, du Québec, de ton travail. Tu ne saurais pas mettre le doigt dessus mais la petite te met en confiance et vu la situation assez … Délicate, autant discuter pour s’aérer l’esprit. Un peu trop d’ailleurs puisque vous finissez par vous perdre avant de réussir à reprendre le chemin -en tout cas c’est ce que vous espérez.
Sauf que tu vois les signes ; grimace, ventre qui gargouille … Alors à la proposition de se poser un instant, tu acceptes. Toi aussi tu as un peu mal aux pieds puisque tu n’es pas des mieux équipé pour faire autant de marche. Tu trouves un petit snack au fond de ta poche que tu proposes à Sato histoire de récupérer un peu. Tu commences même à somnoler, bercé par les bruits du jardin. La question se pose donc : lequel de vous deux va apercevoir en premier l’énorme insecte qui vous fonce dessus ? Toi, ou Sato ?
Heureusement pour elle, Monsieur Constantine consent à faire une petite halte. Mieux encore, il offre à la jeune fille le seul snack en sa possession. Elle lui sourit, le remercie, sûrement au moins aussi reconnaissante que Nissa, la plus gourmande de votre trio d’amies, lorsqu’on lui offre de la nourriture. S'asseyant sur un rocher, Tsumugi déballe la friandise et en croque un tout petit morceau, pour la faire durer le plus longtemps possible.
Face à elle, Monsieur Constantine récupère lui aussi. Les yeux fermés, il semble dormir, mais à la façon dont il s’agite parfois, elle sait qu’il ne dort pas vraiment. Les sens en alerte, il se repose comme il peut. Elle ne veut pas le déranger, mais lorsqu’elle arrive à la moitié de sa barre, elle referme le sachet et le met soigneusement dans sa poche, se promettant de lui donner cette petite moitié plus tard. Mais à peine a-t-elle rangé le snack qu’il est déjà debout sur ses deux pieds et la presse de courir.
« Quoi ? »
Engourdie par ces dernières heures de marche et ce repos de courte durée, elle en a oublié les insectes féroces et les pieds pachydermiques. Ce n’est que lorsqu’il lui attrape la main et la traîne derrière lui qu’elle comprend qu’ils ont été repérés par une bête sauvage. À sa mine bien moins avenante et aux jurons qu’il lâche en tous sens, la jeune fille se doute que si elle se retourne, une saison entière de My Little Pony ne suffise pas à lui faire oublier une vision cauchemardesque.
Paniquée, elle force sur ses jambes, s'agrippe à la main qui la soutient et cherche désespérément quelque chose qui pourrait les sauver de la créature qui les rattrape inexorablement.
« Là ! »
Plus loin, à quelques centaines de pas, une crevasse qui, à leur échelle, prend des allures de précipice.
Pas le temps de réfléchir, ils ne peuvent que le franchir et espérer ainsi semer la chose ou se glisser dans la faille, s’y cacher en espérant qu’elle renonce à les poursuivre à l’intérieur.
Ah, le sommeil des bienheureux. Subitement interrompu par des tremblements que tu as ressentis jusque dans ton postérieur. Pas le temps de réfléchir, tu vois ce qui vous fonce dessus : un scarabée rhinocéros. Ni une ni deux, tu te lèves et cries à Sato de courir -et vite. En la voyant, tu lui attrapes la main pour l’aider à courir plus vite tout en faisant attention à ne pas la perdre non plus. Tu cours et tu lances jurons après jurons comme pour te donner de l’énergie. Tu as mal aux pieds mais tu n’as pas le choix
Tu entends vaguement qu’elle te montre un endroit ; une crevasse. Elle est très large mais elle a raison c’est votre seul moyen d’échapper à la bestiole. Heureusement vous avez réussi à mettre un peu de distance entre vous et l’horreur sur pattes alors tu lui dis de ne pas bouger, tu prends ton élan et tu sautes. Ton genou rencontre le sol mais c’est pas grave, tu mettras ça sur le compte de la vieillesse. Tu te tournes vers elle et tu dis le plus fort possible
« SAUTE ! Jte rattrape ! »
Du bout des doigts tu la retiens et hors quelques griffures sur les mollets tu vois qu’elle s’en sort bien. Tu trembles un peu mais au moins vous êtes suffisamment loin pour que le scarabée abandonne et tourne les pattes dans une direction opposée à la vôtre. Tu souffles et tu demandes à Sato si elle va bien avant de te laisser tomber sur le sol en faisant l’étoile. C’est là que tu remarques l’ombre au-dessus de vos têtes. Et …
« Oh mais j’y crois pas c’était mon portefeuille ! »
Le voilà donc le fameux objet « étrange ». Juste ton portefeuille qui n’avait pas rapetissé comme toi. Tu échappes un rire nerveux. Rire nerveux qui laisse place à un regard presque mélancolique quand tu vois la photo avec ton cousin qui s’en est échappé. Tu expliques à Sato ce que c’est et tu parles aussi de l’importance que cette photo à pour toi. Mais tu ne sais pas encore le lien que ça va créer entre vous … Lien qui pourrait très bien vous permettre de retrouver vos vraies tailles ; ou pas du tout.
Tsumugi aurait préféré, qu’ils se cachent, plutôt que d’avoir l’impression d’être abandonnée du mauvais côté de la faille. Il saute et un instant, la situation lui fait craindre qu’il poursuive sa route. Mais il se retourne, lui hurle de sauter et confiante, elle prend son élan, s’élance et tend les bras vers lui.
Elle passe, son cœur manquant un battement, comme on retient son souffle avant de connaître le dénouement. Se retournant, elle peut encore apercevoir le dos du scarabée qui s’éloigne. Une chance pour eux qu’il ne se soit pas mis à voler. Se promettant intérieurement de ne plus se demander pourquoi les pigeons ne s’envolent pas quand un véhicule menace de les écraser, elle sent ses jambes se dérober sous elle et tente de calmer sa respiration anarchique. Reconnaissante, elle dévisage Monsieur Constantine. Il y a chez lui quelque chose de familier et d’apaisant aux yeux de Tsumugi. Peut-être parce qu’il ressemble à Benjamin, le frère aîné de sa mère.
« V-votre… Porte…Feuille ? »
Se relevant, fébrile, elle s’approche de l’objet en cuir. Fixant la photo qui s’en est échappée, écoutant les explications de son compagnon d’infortune, ses yeux s’arrondissent sous l’étonnement et l’incompréhension. Comment cela pourrait-il être possible ? Passant de l’image au visage de Monsieur Constantine, Tsumugi cherche une explication. Mais quand on ne mesure que sept centimètres, rencontrer une personne qui ne devrait, normalement, plus faire partie de ce monde, ne devrait pas être si surprenant.
« C’est… Mon grand-père… » Souffle t-elle, l’émotion dans la voix.
Porte-monnaie dans une main, photo dans l’autre, après un instant de flottement où la jeune fille prend conscience de son environnement, elle range le précieux cliché à sa place. Pour avoir passé plusieurs hivers, assise sur les genoux de son aïeul à écouter ses histoires de jeunesse, album en main, elle ne pourrait douter de son affirmation. À l’homme, face à elle, elle sourit avant de lui rendre l’objet redevenu assez petit pour être glissé dans une poche.
« Je crois… Que nous avons des choses à nous dire… Mon oncle ? »
