Ne pas se sentir à sa place. Nulle part. Ne pas apprécier la compagnie ou la solitude. Trop de codes incompris, pas assez de préparation pour ce qui attend une fois que la porte de la vie est ouverte. Lâché comme une bête au sein d'une jungle sans fond, sans foi, ni loi, vaste, dangereuse où les pièges les plus mortels ne sont pas toujours les plus grossiers. C'est d'ailleurs bien souvent le contraire.

J'aurai tellement aimé ne pas vous connaître. Ne jamais avoir été votre fils. Ma naissance est un fardeau que je porte au quotidien et vous êtes trop faibles et égoïstes pour me le retirer de vos propres mains !

Ce sont ces dernières paroles échangées avec ses parents lors d'une dispute au sujet de ses mauvaises notes et de son changement radical de comportement entre le Canada et l'Angleterre. Sauf qu'actuellement, Timaé ne sait même plus lui-même s'il a un jour été réellement heureux. Certaines choses n'apparaissent pas comme par enchantement. Elles sont accrochées à l'individu, semblables à une marque au fer rouge qui ne partira jamais vraiment, mais qui finira plutôt par mûrir avec le temps. Son aversion pour le genre humain en est la preuve. Les déceptions, les désillusions dont il est victime ou spectateurs le poussent à haïr son prochain.

Tous sont naturellement dotés d'un fond royalement mauvais.

C'est ce qu'il s'efforce d'entretenir comme façon de visionner le monde qui l'entoure. A quoi bon tenter de donner une confiance qui est inévitablement vouée à être utilisée, piétinée, détruite, mâchouillée avec férocité et mépris juste avant d'être recrachée... abimée par les dents putrides d'une personne qui ne mérite pas de détenir un tel pouvoir... celui de décider de l'avenir de l'autre... ou du moins en partie. Quitte à être entouré de connards, autant en devenir le souverain absolu. Et pour ce qui est de faire preuve de connerie, l'artiste n'en est pas un pour rien. Utiliser avant de l'être. Briser les passions des autres pour s'en abreuver et se conforter dans ses idées que l'humain est destiné à être vil, dans une volonté ferme de confirmer qu'il est tellement facile de faire preuve de méchanceté, de mauvaise foi par le biais de méthodes dévastatrices et à la portée de tous. Un peu comme les armes aux Etats-Unis d'Amérique.

Si le monde est voué à l'échec, au mensonge, à la trahison, au chagrin, à la manipulation, à la sournoiserie, devenir la pièce maîtresse provoquant l'accélération de sa chute ne serait que le feu d'artifice final concluant l'arc de plusieurs millénaires immérités d'une existence n'ayant pas valu grand chose.

Il refuse catégoriquement d'être l'une de ses nombreuses marionnettes peuplant cette terre, dénuée d'intérêt, faiblarde et insouciante, qui se fait marcher dessus et cracher au visage. Quoique cela pourrait bien faire partie d'une pratique sexuelle d'humiliation intéressante. Non qu'il soit poussé par une quelconque envie de justicier et de protecteur des faibles. Ils peuvent tous crever. Néanmoins, il met désormais un point d'honneur à rendre la vie des autres épouvantable.

Puisque mourir par un acte volontaire serait synonyme de facilité, il se décide à continuer de marcher, marcher quoiqu'il arrive, dans la douleur et dans les épreuves avec, de toute façon, un sourire fou accroché à son visage. Il est devenu dangereux pour lui-même ainsi que pour son entourage et il est en conscient. Pourtant, il s'en amuse. Après tout, ils doivent tous payer.

Basculer dans la décadence, la débauche et la violence, une ouverture, un échappatoire, une opportunité de ne plus jamais se laisser berner par ce qui l'entoure.