Tu gardes les yeux sur le sol, tu penses à toute vitesse, tu serres ton sac contre ton ventre en marchant. Tu essayes d'oublier ce sentiment si désagréable. Tu sais qu'il suffit de se concentrer assez fort, assez longtemps, pour qu'il disparaisse. Mais en attendant tu es là, en tenue de sport, la peau toujours moite, le visage encore trop chaud. Tu n'aimes pas le sport, car tu n'as jamais la force. Tu ne cours ni très vite, ni très longtemps, ni n'a le souffle, ou la motivation. Ce n'est juste pas ton fort, et ça se voit. Pour cinq minutes de course à pied, il t'en fallait autant pour récupérer. Alors quand il s'agit de faire une heure de sport une après-midi d'hiver, où tu es la seule à mourir de chaud sous ta veste alors que tous les autres se mettent à l'aise, tu souffres. D'autant plus, quand elle est là. La faim. Tu ne t'y es jamais vraiment habituée. Avec les années, tu pensais que la faim partirait. Que ton corps apprendrait que tu ne peux pas manger aux heures qu'il a envie, autant qu'il a envie, et ce, pour toujours. Car c'est ce que tu pensais. Que ce serait pour toujours. Mais non. Ton estomac ne s'est jamais fait à cette idée, comme si c'était anormal. Alors tu continues d'essayer de le dresser, de le dompter. De lui faire comprendre qu'avoir faim, ce n'est pas normal. Qu'il faut que ça cesse.
À force de marcher sans regarder où tu allais, te dirigeant en évitant le bruit en espérant tomber sur un coin tranquille où tu pourrais t'asseoir le temps d'oublier ce besoin ridicule de ton corps, c'était évident que tu étais perdue. Tu n'avais pas besoin d'y réfléchir, marcher à l'aveuglette pendant une dizaine de minutes dans un endroit que tu ne connais que depuis deux mois tout au plus, c'était demander à se perdre. N'entendant personne, les yeux se relèvent, histoire d'arpenter les environs, de comprendre dans quel coin de l'école tu t'étais fourrée. Un couloir des plus normal s'allongeait sous tes yeux, ce qui ne t'avançait pas beaucoup. Mais en tendant l'oreille, une mélodie. Il n'y a pas de bruits sans hommes. Phrases que tu te disais encore presque chaque jour, il y a encore quelques mois de cela, chaque fois que tes parents rentraient à la maison inopinément. C'était ce que tu te disais quand les bruits faisaient peur, quand tu savais qu'il ne fallait pas ouvrir la porte de ta chambre, au début. Puis c'était devenu la phrase qui frappait le crâne chaque fois que tu les entendais, tout court. Aujourd'hui personne ne pourrait deviner, tant tu caches, tant tu oublies. Mais aujourd'hui quand tu entends cette phrase résonner en toi, tu forces le pas. Il te faut avancer, maintenant. Il te faut faire confiance, il te faut essayer. Il faut que tu vives. Avaient-ils dit. Alors tu fermes les yeux, tu inspires, et tu avances d'un pas rapide et décidé jusqu'à la source de la mélodie, jusqu'à te retrouver dans une salle avec plein d'instruments de musique. Un homme était là, assis devant un piano, dans cette salle avec tant d'objets tous destinés à la même mission: faire de jolis sons. Tu avais un air entre panique et émerveillement, tu n'avais encore jamais vu de tes propres yeux autant d'instrument. Mais ton attention fut vite rattrapée. La musique avait cessé, tu avais tout gâché. C'est la première pensée qui te vient quand tes yeux se posent de nouveau sur le musicien, en tout cas. Les lèvres tremblantes, tu cherches à t'excuser, mais les mots ne sortent pas. Les bras perdent de leur force et tu lâches ton sac, que tu rattrapes en pagaille avant de cogner de la cheville une chaise dans le mouvement. Ton réflexe est de t'asseoir en regardant le sol, une nouvelle fois. Espérant que le musicien ne t'en voulait pas et qu'il allait reprendre ses activités comme si de rien n'était, sans te sermonner.
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30.03.23 16:26
Parfois, il est Bon de se Perdre
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02/11/22. Salles de musique de l'université. 18:13.
Les yeux clos, le jeune musicien laissait ses doigts parcourir le clavier tout en s'imprégnant au maximum de la mélodie qui se dégageait de son instrument. Un léger sourire ourlant ses lèvres, il jouait à présent d'instinct, en connaissant par coeur les notes, tout en se remémorant la première fois qu'il avait joué devant Lily, en mai dernier. Depuis, il n'avait cessé de s'entraîner, et cela avait payé. Ses progrès étaient indéniables. A chaque jour qui passait, il se sentait de plus en plus prêt à jouer avec son orchestre devant les élèves d'Indarë. Il ne savait pas encore quand une telle occasion se présenterait, mais il savait que ça finirait par arriver. Pour noël, peut être ? Qui sait...
Les notes envahissaient les lieux, répandant ainsi une atmosphère unique qui plaisait beaucoup à Chris. Comment avait il pu faire autant de chemin ? Comment avait il pu se retrouver musicien après le destin que lui avait promis Black Thorn, dès sa naissance ? En un sens, c'était comme si la musique calmait cette colère sourde qui habitait au fond de lui. Dès qu'il avait entendu un piano jouer, un déclic s'était effectué en lui, et plus jamais les choses n'avaient été les mêmes. Les notes avaient pénétré en lui, et l'avaient touché, beaucoup plus que toute autre chose. Le Corbeau, l'assassin, avait pris son envol et s'était changé en musicien.
Les yeux fermés, il laissait ses mains s'exprimer sur les touches du clavier lorsque soudain, le bruit de la porte le fit tiquer légèrement. Quelqu'un était entré. Sans même ouvrir les yeux, il pouvait l'affirmer. Finalement, ses doigts s'abattirent soudainement, et lourdement, sur le clavier, dans un bruit grave et définitif qui mit fin à sa douce mélodie. Après quoi, ses yeux s'ouvrirent lentement pour fixer l'invitée surprise d'un air méfiant. Sans mot dire, il l'observa une poignée de secondes, avant de se lever et d'aller chercher sa bouteille d'eau, posée un peu plus loin, sur une table. Il but à la bouteille, avant de regarder l'inconnue qui tentait de toute évidence de s'exprimer, sans succès.
Chris n'était pas méchant, mais il n'appréciait pas vraiment qu'on le dérange lorsqu'il s'accaparait une des salles de musique pour s'entraîner. Il choisissait expressément des heures durant lesquelles la plupart des élèves étaient déjà rentrés chez eux, ou bien occupés par des activités parascolaires. Aussi, il fut quelque peu étonné par cette intrusion, une fois qu'il eût constaté qu'il ne s'agissait pas de Mino, qu'il n'avait plus revu depuis qu'il lui avait clairement fait comprendre qu'il ne se passerait rien entre eux.
Soupirant légèrement, le brun s'avança vers l'étrangère lorsqu'elle se fut effondrée au sol, et s'immobilisa devant elle, avant de lui tendre sa bouteille. - Tiens ! Bois un coup. Ca te fera du bien, j'ai l'impression... Il l'observa une nouvelle fois, remarquant les nombreux signes de stress qui s'affichaient sur elle, particulièrement sur son visage. - Je peux savoir ce qui t'amène ? Je ne t'ai jamais vue parmi les groupes de musiciens, alors soit tu es nouvelle, soit tu ne devrais pas être ici, conclut il en tirant une cigarette de sa poche qu'il mit à ses lèvres.
Il s'éloigna doucement d'un pas tranquille pour ouvrir les fenêtres. Il n'était pas supposé fumer ici, mais en ouvrant bien... Personne n'en saurait rien...
Son zippo en argent claqua lorsqu'il alluma sa clope et tira dessus, avant de se tourner en direction de la jeune inconnue, et de s'adosser à la fenêtre. Il était désormais de l'autre côté de la salle de musique, ce qui signifiait qu'une bonne vingtaine de mètres les séparait. La nuit ayant déjà pointé le bout de son nez depuis une bonne heure, il était en fait surprenant qu'une étudiante aussi jeune se perde dans ces couloirs à cette heure ci. A moins d'avoir un but précis...
Le bruit soudain et grave du piano te fait sursauter. Tu te demandes si tu ne devrais pas te relever et partir tout de suite, éviter le pire. Tu sentais bien que tu n'avais rien à faire ici, tu t'étais perdue en voulant oublier la faim, tu avais juste voulue suivre la douce mélodie, mais tu n'avais jamais voulu déranger, jamais voulue faire face au rouge de nouveau. Tu continues de fixer le sol. Tu as peur de ce que tu vas voir, de ce qu'il va dire, de ce qu'il va crier. Tu as trop peur pour te lever. Pourquoi je me suis mis dans cette situation, putain.. Tu entends des bruits de pas, puis comme le bruit d'une bouteille. Le rouge ne vient pas, les cris ne viennent pas. Mais tu n'oses toujours pas lever les yeux pour l'instant. Tu sais que des fois ce n'est qu'un piège, que les cris arrivent après que tu les regardes. Un soupir, de nouveaux pas, puis soudain, la fameuse bouteille. Devant tes yeux. Tu la pris sans trop réfléchir, car si tu avais encore peur de ce qui pouvait potentiellement arriver, la faim n'était pas complètement partie. Et s'il y avait bien une chose que tu avais apprise à la maison, c'est que le meilleur moyen de faire partir la faim facilement, c'était l'eau. Les yeux toujours baissés, tu ouvris la bouteille, pris ton courage et leva la tête pour boire. Tu pris soigneusement soin de ne pas croiser son regard. On ne sait jamais.
Et tu avais eu raison de te méfier. Alors que tu étais encore en train de boire, il sortit les cigs. C'est comme ça qu'ils les appelaient. C'était un des objets qui ne faisait qu'appeler le rouge, tu les détestais. Loupant la dernière gorgée dans la surprise et la crainte, tu fis ton possible pour ne pas t'étouffer. Il s'éloignait déjà de toi, mais peut-être jouait-il à un jeu cruel. Ils faisaient ça aussi des fois. Alors tu préférais partir vers les chaises les plus éloignées, tout au fond de la salle, alors qu'il se dirigeait à l'autre bout de celle-ci de lui-même. Tant mieux. Je suis près de la porte. Et lui il est loin de là. Tu te concentres histoire de reprendre ton souffle après avoir loupé ta dernière gorgée. Tu allais avoir du mal à parler, toi qui as déjà du mal à communiquer sans avoir peur au préalable, mais il te fallait répondre. Tu sais ce qui arrive quand on ne répond pas aux gens, c'est bien pire que lorsqu'on répond, même maladroitement.
❝ ━ Je, je suis nouvelle. Désolée. Je me suis perdue. C'est tout. Désolée. ❞
Tu avais réussi à tout dire, mais c'était si rapide, si bas, que tu ne savais pas s'il t'avait entendu à l'autre bout de la pièce. C'est d'ailleurs quand il ouvrit la fenêtre que tu rendis compte. Il faisait nuit. Tu ne savais pas quelle heure il était. La panique prenait à nouveau le dessus, te faisant serrer la bouteille dans tes mains.
❝ ━ Je suis désolée, vraiment désolée, mais je, je ne sais pas rentrer.. ❞
Tu ne voulais pas l'énerver, tu avais déjà de la chance qu'il ne se soit pas énervée contre toi plus tôt pour l'avoir dérangé. Mais si tu sortais de la pièce maintenant, vu comment tu étais arrivée ici, c'est-à-dire en ne faisant absolument attention à rien qui t'aurais permis de te rappeler comment rebrousser chemin, tu allais forcément te perdre. Tout doucement, tout timidement, faisant le moins de bruit possible, tu fis ton chemin jusqu'aux fenêtres, jusqu'à lui. Tu t'arrêtas à un petit mètre du jeune homme, lui tendant sa bouteille.
❝ ━ M-Merci. Est-ce que tu connais le chemin, toi, s'il te plaît ? Désolée.. ❞
Comme tu l'avais y a longtemps compris, il valait mieux s'excuser beaucoup, que pas assez. Ça avait tendance à arranger les choses, à ne pas tout casser. À ne pas faire venir le rouge.
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08.04.23 19:32
Parfois, il est Bon de se Perdre
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Le langage corporel était facile à déchiffrer, pour quiconque ayant les clés pour le faire, bien entendu. Et pour lui, il était aisé de lire le langage du corps humain. On lui avait appris à le faire. Savoir si sa cible était anxieuse ou non, ou se savait observée ou non, ce genre de détails pouvait tout changer lors d'un contrat. C'était le genre de compétence qui valait son pesant d'or, pour un assassin.
Très vite, Chris nota l'anxiété exhacerbée par sa présence de la jeune inconnue. Une jeune misandre, peut être ? Non, probablement pas. C'était de la peur qu'il lisait dans ses yeux, et cela se vérifia bien vite dès lors qu'elle se mit à parler maladroitement. - Je, je suis nouvelle. Désolée. Je me suis perdue. C'est tout. Désolée. - Ca ira, t'inquiète pas. Je me rends compte qu'il se fait tard, de toute façon. Et sans ton intervention, j'aurais pu jouer jusqu'à je ne sais quand sans même m'en rendre compte. - Je suis désolée, vraiment désolée, mais je, je ne sais pas rentrer...
Le brun se retourna à nouveau dans sa direction après avoir ouvert la fenêtre, surpris: - Vraiment ? Eh bien... On devrait pouvoir arranger ça, ne t'en fais pas pour ça. Tu habites sur le campus universitaire ? Lui demanda Chris en s'éloignant en direction de ses affaires, tout en prenant soin de faire un léger détour pour rester éloigné d'elle. Il enfila sa veste, qu'il avait posé non loin, puis se tourna à nouveau vers elle: - M-Merci. Est-ce que tu connais le chemin, toi, s'il te plaît ? Désolée... - Selon où tu vis, oui, ça ne devrait pas être un problème pour moi. Je connais plutôt bien le quartier. A plus forte raison si tu vis dans une des résidences du campus. Et sinon... on s'arrangera pour retrouver quand même, t'en fais pas.
Tout en parlant, il emballait ses affaires dans son sac, cigarette aux lèvres, se préparant de toute évidence à vider les lieux. Il attrapa finalement son sac et lui fit signe de venir, avant d'ouvrir lentement la porte donnant sur le couloir. Il jeta un oeil à droite et à gauche, conscient que s'il tombait sur un prof, on l'embêterait pour la cigarette qu'il fumait. Mais il n'y avait personne à cette heure ci, l'endroit était désert. Satisfait, il sourit à la jeune fille et l'encouragea à le suivre d'un hochement de tête. - Alors comme ça, tu es nouvelle ? Tu devrais peut être te procurer un plan du campus pour les premières semaines, suggéra le brun, mains jointes derrière la tête, l'air pensif. Sinon ce genre de chose pourrait t'arriver encore, à l'avenir.
Il parle calmement. Il a l'air gentil. Tous les signes excepté ce qu'il tient entre ses doigts t'indiquent qu'il n'est pas méchant, qu'il ne sera pas danger, qu'il n'est pas le rouge que tu cherches à tout prix à éviter. Mais tu sais comme les gens peuvent bien cacher le rouge, tu préfères être trop prudente que pas assez. Il faisait attention à ne pas t'approcher de trop près, en tout cas c'était l'impression que tu avais au détour qu'il venait de faire qui n'était absolument pas nécessaire. Dans un coin de ta tête, les mots ne sortent pas, mais tu l'en remercies. S'il était ce genre de personne qui comprenait la méfiance sans la juger, alors tu avais de la chance d'être tombée sur lui en te perdant. Surtout s'il était aussi du genre assez généreux pour te ramener jusqu'à ta chambre. Ce qu'il avait l'air d'être, puisqu'il répondit positivement à tes inquiétudes et rassembla ses affaires avant d'ouvrir la porte en t'indiquant de le suivre. Il vérifia que personne n'était dans les parages, et après un sourire qui avait l'air de vouloir signifier " la voie est libre ", vous étiez en route. Tu prenais soin de rester quelque pas derrière lui. Assez près pour qu'il t'entende parler au besoin, assez loin pour que l'espace vous séparant reste rassurant à tes yeux. Et aussi, accessoirement pour ne pas avoir à respirer la fumée qu'il dégageait.
❝ ━ Euh, oui, oui tu as raison. Je suis nouvelle, je suis lycéenne. Je suis en, quatrième année. Hm. ❞
Tu sors ta carte d'étudiante rangée dans une des poches de ton sac que tu avais récupéré en vitesse avant de sortir de la salle de musique.
❝ ━ Voilà, je suis là bas. Chambre 104. ❞
Les yeux rivés sur le sol, ne regardant que les pas du jeune homme histoire de ne pas te perdre de nouveau, tu cherches quoi dire. Car le silence est à la fois apaisant et pesant. On ne sait jamais trop ce que cache un silence, s'il est censé être normal ou menaçant. Finalement, il t'était bien trop stressant de rester inaudible, ce qui était bien ironique pour quelqu'un qui avait du mal à s'exprimer avec autrui. Mais c'est dire comme le stresse a temps de facettes à montrer.
❝ ━ Tu sais où je peux trouver un plan ? Comme ça, je n'aurais plus à t'embêter pour me montrer le chemin. Je m'appelle Myl, Myl Darlington. C'est pas grave si tu trouves mon prénom moche ou bizarre, c'est normal. C'est toujours ce qu'on me dit. Tu t'appelles comment toi ? Enfin, si tu veux me dire. Tu peux me parler de toi si tu veux, tu es gentil avec moi alors je peux bien écouter en retour. Tu es en quelle classe ? Tu as l'air plus vieux que moi. Moi, j'ai dix-sept ans. ❞
Tu reprends ton souffle, te rendant compte qu'il te fallait respirer. Et finalement, tu lèves les yeux et le regardes.
❝ ━ Désolée, je suis pas habituée à parler avec des gens.. Tu me dis si je parle trop. Je sais pas trop qu'est-ce qui est trop ou pas assez. ❞
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23.04.23 6:46
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Chris s'immobilisa soudain, visiblement surpris. Il se tourna vers elle et s'approcha pour observer la carte qu'elle lui tendait. Un étrangement plissement de sourcils, puis: - Lycéenne ?! Mais comment tu as fait pour te retrouver ici, alors ? Il soupira doucement, visiblement résigné, puis lui fit signe de le suivre. Remis de sa surprise, il avait désormais repris son rôle d'étudiant modèle et comptait s'y tenir: - Laisse moi te donner un petit cours sur le campus de l'établissement Indarë ! Lança t'il alors, d'une voix studieuse. Le campus est en fait coupé en deux: d'un côté, le campus du lycée, et de l'autre, celui de l'université, à une quarantaine de minutes à pied, environ. Autrement dit, tu n'es pas sur la bonne partie du campus.
Elle se présenta alors tout en annonçant que ce n'était pas un souci s'il trouvait son nom étrange ou bizarre. Il retint alors à grand peine un sourire, en pensant aux véritables noms de ses frères et soeurs, et au sien. Les noms inhabituels l'avaient entouré pendant toute son enfance. Et le sien n'était pas si mal que ça... - Non, au contraire. C'est un nom rare, au moins. Tu ne devrais pas le dénigrer autant.
La jeune Darlington lui demanda alors où elle pouvait se procurer un plan, ce à quoi il répondit aussitôt de la même façon: - Eh bien, pour commencer, je pense qu'il faut retourner sur la bonne partie du campus. Même si, de mémoire, je crois que les deux parties du campus sont cartographiées sur la map du campus. M'enfin t'inquiète pas, on va te ramener. On en a pour un petit moment, par contre. - Désolée, je suis pas habituée à parler avec des gens.. Tu me dis si je parle trop. Je sais pas trop qu'est-ce qui est trop ou pas assez. - Meuh non, t'inquiète pas. Tu te débrouilles très bien ! Il n'était pas franchement le mieux placé pour juger les autres sur leurs intéractions sociales. Mais cela, elle ne pouvait pas le savoir puisqu'il était en train de jouer un rôle.
Il aurait bien déposé son sac chez lui. Il aurait pu, en fait. Ils ne passaient pas loin de son appartement. Mais il préféra éviter. Il ne connaissait pas cette jeune fille et même si elle avait l'air innocente et étrangère à Black Thorn, mieux valait rester prudent. Il tua donc le temps en lui faisant un topo sur l'établissement. Toutes les conneries inutiles que Mike avait pu lui dire et répéter et qui pour lui n'avaient aucun intérêt, mais qu'il avait fini par retenir, sans même faire exprès. Au moins, cela évitait il les silences gênants que la brune semblait redouter. Même s'il parlait pour des choses sans intérêt.
Le chemin jusqu'au lycée fut étrangement calme. La nuit était tombée et les badauds se faisaient plus rares. Chris fit la conversation en parlant de squash (sport qu'il avait arrêté il y a un moment, déjà. Mais il n'avait pas trouvé mieux... ) et de musique. Finalement, le duo entra sur le campus éclairé du lycée, et le brun accompagna la jeune Myl jusqu'au pied de son appartement. Il connaissait bien la zone, puisqu'il était souvent venu chercher Lily durant les années précédentes, ici. - Eh bien, te voilà à bon port, à présent. Il me semble que l'accueil du lycée pourra te fournir une map du campus, mais tu devrais faire plus attention, quand même, à l'avenir. - Hoy hoy ! Regardez un peu ça, si c'est pas mignon ! Héla une voix railleuse derrière eux.
Aussitôt, le Corbeau se tourna et aperçut cinq lycéens, probablement des dernière année, au vu de leur carrure. - Le premier de la classe ramène sa petite amie après un date. - Hey, mec, tu nous la prêtes ? Renchérit un autre avant qu'ils n'éclatent d'un rire mauvais. Instantanément, le langage corporel de Chris se modifia. Sa façon de bouger, son regard, son visage... et le ton de sa voix. Tout avait changé ! Comme s'il s'était métamorphosé sous les yeux de Myl. - Ne soyez pas stupides... Je vais vous faire très mal, et vous allez pleurer si ça va plus loin.
Sa voix était sombre, ténébreuse. Elle était menaçante. Mais ce n'était pas le plus étrange: elle tranchait violemment avec le ton poli et gentil qu'il avait pris avec la jeune Darlington pendant tout le chemi qu'ils avaient parcouru ensemble. - Tu crois pouvoir nous battre ? A un contre cinq ? Tu te vanterais pas un peu, là ? - J'ai fait bien pire, dans ma vie... se contenta t'il de rétorquer tout en faisant face à la bande qui tentait de l'entourer en s'assurant que Myl restait derrière lui et hors d'atteinte du groupe. Pour la dernière fois... Partez, ou payez...
