« Indarë est depuis sa fondation l'école des secondes chances, celle qui voit au-delà des préjugés et des erreurs du passé pour offrir à tous, même à ceux qui ont souffert ou qui se sont fourvoyés, la chance d'une éducation égalitaire et de toute l'aide qu'ils ont besoin pour passer d'adolescents troublés à jeunes adultes prêts à prendre leur envol.
Aujourd'hui, elle ouvre de nouvelles portes. À ceux qui s'ennuient dans les lycées classiques car il n'ont qu'un domaine de prédilection qui fait battre leur cœur. À ceux qui veulent apprendre, découvrir, évoluer, à ceux qui veulent devenir adultes dans un environnement qui les respectera pour ce qu'ils ont : des êtres humains talentueux qui n'attendent que de déployer leurs ailes.
Avec l'ouverture de l'Indarë Secondary School, j'espère pouvoir briser les barrières qui, depuis toujours, séparent aux yeux des gens la folie et le génie. Car ce ne sont que des mots pour désigner un potentiel qui, bien encadré, peut permettre l'épanouissement de ceux qui les portent. »
Andrew Rehrin, directeur de l'Institution Indarë
Discours d'ouverture de l'ISS, 1996
Indarë est dirigée par Martel Raykin, deuxième directrice de l'histoire du lycée, depuis 2005. Ancienne élève de l'IRS dans le programme Potion, elle était autrefois la porte-parole de l'école et l'a rachetée à la mort de son fondateur. Depuis qu'elle a obtenu le poste, l'école a subi de nombreux changements qui ont permis de rapprocher ses deux parties et d'offrir, avec l'université, un nouvel avenir à ses élèves.
L'école a été fondée en 1986, en tant que centre de rééducation pour mineurs ayant commis des crimes. Depuis, son objectif s'est élargi au soin des adolescents mentalement instables et au soutien de chacun, pour offrir à tous les mêmes opportunités et les mêmes chances. L'IRS est financée par l'état, comme les hôpitaux et les prisons. L'ISS, en revanche, est payante mais reste assez peu chère, d'autant plus que la plupart des Gifted y entrent avec une bourse. Une bonne partie des finances de l'école vient de dons des parents d'élèves et de membres de la communauté londonienne.
En 2015, suite à l'incendie des dortoirs de l'ISS, les frontières se sont brouillées. Partageant leurs dortoirs, les deux écoles ont peu à peu fini par se côtoyer au quotidien et, même si les différences restent présentes du fait des conditions propres à chaque école, les élèves sont habitués, désormais, à croiser dans les couloirs de leurs dortoirs ou dans la cours un uniforme d'une autre couleur, signe de l'appartenance à "l'autre côté".
Les préjugés ont la vie dure, sur les IRS. Même chez ceux qui n'ont jamais connu la séparation totale des écoles, l'uniforme bleu est souvent synonyme de danger. Impossible, à vue d’œil, de faire la différence entre les suicidaires et les criminels, tels qu'on qualifie les deux programmes de l'IRS. Et dans l'autre camp, ce n'est pas mieux. Fils de riches, privilégiés ou gamins sans problème, la vision qu'a le bleu du rouge n'est pas forcément plus flatteuse.
Et pourtant ils se voient tous les jours. Le grand dortoir en briques blanches de l'IRS héberge chaque jour des conversations et des mélanges, mais il n'est pas le seul. Réfectoires, cafétérias, bibliothèques, infirmeries : les raisons de passer d'une école à l'autre se multiplient. Mais tous savent que lorsqu'ils termineront le lycée, s'ils s'inscrivent à l'université d'Indarë, ils seront définitivement mélangés, sans uniforme distinctif.
Ouverte en 2018, l'université offre aux anciens élèves des perspectives d'avenir personnalisées, adaptée à leur parcours lycéen. Les anciens IRS peuvent continuer de bénéficier de soutien psychologique et judiciaire, tandis que les anciens ISS peuvent poursuivre sur les voies que l'école leur a présentées. Elle comporte plusieurs résidences et bâtiments de cours. Elle accueille ancien lycéens d'Indarë comme ceux n'y ayant jamais mis les pieds, et la liberté de son programme d'étude commence doucement à se faire un nom parmi les élèves.
Les murmures et les ragots sont nombreux, dans les rues de Londres. Université, lycée, collège, même la ville elle-même n'est pas à l'abri des chuchotements et des rumeurs. Depuis la rentrée de janvier 2022, de mystérieuses photos polaroïd apparaissent un peu partout, épinglées à des murs, des casiers, des portes. Impossible de savoir qui les laisse, mais une chose est sûre : tous comme le blog d'Any Wiesel et les enregistrements clandestins d'Eleanor Viselia, ce mystérieux photographe marquera à sa manière l'histoire de l'école.
Méfiez-vous, les murs ont des yeux et des oreilles, mais surtout, une voix. Ne leur confiez pas n'importe quoi.