A la pré-rentrée, Leeann ne connaissait personne.

Personne avec un grand P. Et les regards confus pirouettant de collègue en collègue avait laissé penser qu’elle n’était certainement pas la seule petite nouvelle de l’établissement. Pourtant, tout en sachant quelques de ses camarades dans la même situation, cela n’en restait pas moins désagréable à force de ne pas savoir que dire et l’impression d’être épiée sans rien connaître d’autres d’eux qu’ils étaient des employés de l’établissement semblait la contrarier. Assez pour vouloir y mettre un terme. Comment Molly-Kate aurait-elle fait ? Brusquement, elle s’était mise à l’envier, elle et ses facilités à se fondre dans la masse comme une habituée l’aurait fait. Fais ce que ton intuition te dit de faire. Même si elle était de bon conseil, Leeann aurait préféré qu’elle s’abstienne si ce n’était que pour lui donner ce genre de réponse dont elle n’avait certainement pas besoin, mais se résoudre à lui dire la ferme, elle n’y arrivait pas. Peut-être parce qu’elle l’avait portée dans son ventre et pour une durée de neuf mois ?

Quoiqu’il en soit, la rentrée avait débuté. Emploi du temps agréable avec des pauses plutôt avantageuses qu’elle décida de passer avec les quelques collègues eux-mêmes en repos, avec une idée déjà toute préparée depuis la veille puisqu’elle n’avait eu rien d’autre à faire. Voilà au moins une utilité de plus qu’elle trouvait au célibat et à l’insomnie. Elle avait salué les occupants de la pièce et principalement la propriétaire et avait discuté un temps avec eux avant de finalement proposer son idée. Un speed dating ça vous tente ? Elle s’était attendue à en perdre le temps d’un instant plus d’un et elle avait vu juste. Il lui fallait donc s’expliquer. « Professionnel. Amical » Les mots les plus simples à comprendre. L’idée était simple. Reprendre le concept de speed-dating en discutant le temps d’une dizaine de minutes avec un collègue pour faire connaissance et changer quand le temps était écoulé ou bien se retirer avec son partenaire si l’envie de discuter davantage se faisait sentir. Par chance, l’idée avait plu. Mais il fallait une salle plus grande ou du moins se répartir de bureau en bureau. Alors avec l’aide de quelques-uns, on s’organisa pour faire en sorte que le jeu se déroule sans problème en décidant du sens et du temps puis enfin, il débuta.

Pour son premier dating, elle était tombée avec un collègue plutôt sympathique, mais qui avait la fâcheuse tendance de ne s’intéresser qu’à lui. Tiens donc, donc on les trouve même dans ce genre de speed-dating ? Elle l’avait écouté parler le temps de quelques minutes et si une chose sur trois qu’il disait était intéressante, lorsqu’il fallut changer, elle n’émit aucune objection. Puis une autre. Elle aurait été tout aussi sympathique si elle n’était pas de mauvaise humeur. Quand on dû se déplacer, Leeann prit ses jambes à son coup et s’installa dans l’autre bureau ou son prochain partenaire l’attendait. Celui-là, elle ne le connaissait que de vue. L’un des plus anciens semblait-il. Le sportif Untel. La première fois qu’elle l’avait aperçu, il lui avait paru sortir tout droit d’un film tirant son sypnosis d’un vieux film de mafieux. Si cela avait été un peu déroutant, nul doute que ce jeu serait plus intéressant.

Elle s’installa doucement.

- Bonjour.

Leeann venait de le saluer en coréen sans connaître, ne serait-ce qu’un mot de coréen autre que celui-ci. Elle avait tenté de faire le meilleur accent possible qui n’en restait pas moins joliment éloigné du résultat escompté. Après avoir appris qu’il y avait des professeurs dotés d’origines autres que britannique et qui seraient sans le moindre doute ses dates sauf s’ils s’échappaient avec quelqu’un d’autres, elle avait décidé d’apprendre à saluer dans leur langue respective, et le coréen n’y avait pas fait exception, même si le concerné avait toujours l’air d’un gangster.

- Je sais. Mon accent est terriblement mélodieux et attractif, n’est-ce pas ?

Il ne lui restait plus qu’à remercier les traducteurs informatiques.